vendredi 15 octobre 2021

Helle Nice Bugatti Queen à St Go... en 1931 !


Vous voyez cette photo ? Nous sommes non pas à l'arrivée des tribunes du circuit du Comminges, là où s'est installé le Musée, là où est arrivé le Tour de France le 14 juillet dernier ! (1) Non ! Nous sommes au départ, qui se faisait en bas de la côte de la Garenne. On y voit la Bugatti d'une conductrice, rayonnante, elle est arrivée 9ème derrière Etancelin, une rare femme parmi plein de pilotes-machos, et elle pose, assise sur l'arrière de sa voiture, dans une pose digne de la star qu'elle est !

c'est Helle Nice, (c'est son nom de scène) l'égérie Bugatti, 

une danseuse du Casino de Paris devenue pilote internationale !

attention ! la photo qui suit n'est pas elle !

je sais ! Georges Bringuier me met en garde : on voit cette photo partout, mais il ne s'agit pas de Helle Nice ! 


les journalistes (mâles) s'efforcent (sans toujours le mot juste) d'avoir des titres racoleurs !





mieux, Georges Bringuier me précise : elle est venue quatre fois à St Gaudens :

1931 sur Bugatti 35 ; 1934 et 35 sur Alfa, et 1939 sur Juvaquatre 

on reconnait à nouveau le départ du circuit sur ces deux premières photos en noir et blanc, la recolorisation en bleu étant parfois inexacte ! 



j'adore les histoires dans l'Histoire et voici qu'apparait Georges Bringuier


son titre : "Bugatti Princess, Amour, et au lieu de gloire & beauté, 

c'est ...gloire et déchéance" !

Danser nue dans des cabarets sous le nom de Mariette Hélène Delangle, il faut bien vivre, et ce n’est pas très glamour ! Comme Mariette adore la ville de Nice, (elle est née bien loin en Eure et Loire le 15 décembre 1900) elle se fait appeler Hélène Nice. D’après la légende c’est parce que des soldats américains en goguette disent d’elle qu’elle est "nice" (charmante, en anglais) qu’Hélène Nice, Mariette-Hélène précisément, devient Hellé Nice ! 

C’est sous ce joli nom qu’elle va connaître un incroyable succès qui lui apporte la richesse et lui ouvre les portes de la « jet-set » parisienne. Elle va ainsi faire la connaissance de Henry Gérard de Courcelles, as de l’aviation durant la Première Guerre mondiale et talentueux pilote automobile. Avant de trouver la mort en 1927 sur l’autodrome de Linas-Montlhéry, de Courcelles fera passer le permis de conduire à Hellé en 1920 et lui fera découvrir l’univers de la course automobile... et son milieu particulièrement hostile aux femmes qui s’avisent de vouloir prendre le volant. 

Mais Hellé Nice brûle d’envie de piloter et grâce à son fort caractère, elle réussit tout de même à participer à quelques courses. En 1929, suite à un accident de ski (elle pratique aussi assidûment la natation et l’alpinisme), elle met fin à sa carrière d’artiste et devient l’une des premières pilotes professionnelles. En juin 1929, elle remporte sa première victoire à Montlhéry lors du « Championnat automobile des artistes de Paris ». Au mois de décembre de la même année, toujours sur l’autodrome de Linas-Montlhéry, elle bat officieusement deux records de vitesse féminins au volant de sa Bugatti Type 35 C : 197,708 km/h en vitesse de pointe et une moyenne de 194 km/h sur 10 tours de circuit.

Hellé Nice collectionne les amants et ajoute à sa liste Philippe de Rothschild qui se passionne lui-aussi pour la course automobile. Il présente Hellé à Ettore Bugatti. Ce dernier pressent qu’il y a un bon coup marketing à jouer. Certains historiens parlent de Jean plutôt qu'Ettore ? Jean avait pile 20 ans, Ettore 48, Hélène 29... je vous laisse trouver... !) L'enjeu est de rejoindre le club sélect des 200Km/H dans un exercice de promotion destiné à la clientèle féminine. Qui que ce soit pour moi c'est Ettore, il confie aussitôt à Hellé Nice un de ses bolides au volant duquel elle termine 3e au Grand Prix Bugatti de juillet 1930. Elle dispute ensuite de nombreuses courses qu’elle finit toujours dans les dix premières places. Désormais célèbre en France, elle part en 1930 aux États-Unis où elle dispute 16 courses. Bien qu’elle n’en gagne aucune, son talent au volant est unanimement reconnu ce qui incite la marque de cigarettes Lucky Strike à faire d’elle son égérie.

Arrive la fameuse (pour nous) année 1931, précisément le 16 août de cette année, il y a 90 ans... où est prise la photo : le vainqueur est Philippe Etancelin sur Alfa, et Hélène se classe 9ème sur sa Bugatti 35. Si je ne fais pas erreur, elle n'a pas le compresseur à lobes de type Roots, qui donne 35C, ni le double arbre à cames en tête des T51 de ses collègues masculins, inspiré des Miller dont je vous ai raconté l'histoire. Elle empruntera, puis achètera l'Alfa de Marcel Lehoux pour son retour en 1933, comme le commentent les spécialistes Anglais.

Elle s’engagera plus tard  au tristement célèbre Grand Prix Automobile de Monza 1933, marqué par les accidents mortels de trois des plus célèbres pilotes d’alors, Campari, Borzacchini et Czavkowski. Sur les 4 manches que compte la course, Hellé Nice, au volant d’une Alfa Romeo 8C 2300, termine 3ème de la seconde et 9ème de la manche finale.

En 1936, au Brésil, elle frôle la mort au Grand Prix de Sao Paulo. En troisième position, elle s’apprête à dépasser la gloire locale, Manuel de Teffé. Le pilote brésilien, sans doute vexé d’être rattrapé par une femme, fait un écart. L’Alfa Romeo d’Hellé Nice heurte une botte de paille et va s’écraser dans la foule, tuant quatre personnes et en blessant une trentaine d’autres. Éjectée à plus de 160 km/h, Hellé Nice doit son salut à un militaire qui amortit son "atterrissage". Mais en sauvant la vie d’Hellé, le malheureux y perd la sienne... La pilote française ne s’en sort toutefois qu’après trois jours de coma et deux mois d’hôpital. D’avoir survécu à ce tragique accident fait d’Hellé Nice une véritable héroïne au Brésil. À tel point qu’on estime à 45.000 le nombre de petites filles baptisées depuis (et aujourd’hui encore !) Hellenice ou Elenice. Est-ce en raison de son accident ? Toujours est-il qu’à son retour en France, Hellé ne trouve plus de volant pour courir en Grand Prix. 

Au sein d’une équipe de quatre femmes (dont la célèbres Simone de Forest), elle retrouve néanmoins l’autodrome de Linas-Montlhéry, sur lequel, pour la firme Yacco, elle va tourner durant dix jours et dix nuits, battant ainsi dix records mondiaux… qui tiennent encore aujourd’hui.

Toujours privée de Grand Prix, Hellé Nice court en courses de côte et en rallyes. Elle remporte aussi le championnat féminin de l'Union sportive automobile sur le circuit de Comminges, une course que la presse d’alors, toujours aussi machiste, qualifie de « prélude gracieux » au Grand Prix uniquement disputé par des hommes.   

La Seconde Guerre mondiale met fin à toutes les courses automobiles. En 1943, Hellé Nice réalise son rêve d’adolescente en s’installant, avec son nouvel amant Arnaldo, dans la villa qu’elle s’est achetée à Nice. En 1949, elle s’inscrit au premier Rallye de Monte-Carlo d’après-guerre. Mais durant la soirée de Gala qui précède le départ, le pilote Louis Chiron l’accuse, sans fournir aucune preuve, d’avoir collaboré avec la Gestapo. Comme il est hors de question d’émettre les moindres doutes sur les déclarations d’un homme aussi célèbre que Chiron et comme les dénégations d’une femme aux mœurs dissolues ne pèsent pas grand-chose, tout s’écroule pour Hellé Nice.

Elle est interdite de départ au rallye, perd ses sponsors et est immédiatement rejetée par toutes ses connaissances. Arnaldo, son "fiancé", en profite pour s’enfuir avec les économies du couple ! Hellé Nice sombre vite dans la misère et ne survit plus désormais qu’avec l’aide de la Roue Tourne, une association de bienfaisance qui aide les artistes dans la « panade ». Lorsqu’elle décède en 1984, c’est à la Roue Tourne qu’Hellé doit de ne pas finir à la fosse commune. L’association paie son incinération et envoie les cendres à sa sœur qui, ayant toujours désapprouvé la vie menée par « Mariette », ne prend même pas la peine de faire graver son nom sur le caveau familial. 

Il y a quinze jours, le Musée du Comminges commémorait sa mort le 1er octobre 1984, et aux deux photos prises à l'arrivée du circuit, rajoutait celle de la fameuse et jolie Juvaquatre N°10, le dimanche 6 aout 1939 pour le second championnat féminin USA, où couraient dix femmes-pilotes.






Oubliée de tous en France, Hellé Nice compte toujours de nombreux admirateurs et admiratrices dans le monde entier. Et parmi elles, une historienne britannique reconnue, Miranda Seymour. Après une enquête approfondie allant jusqu’à la fouille des archives de la Gestapo qui, pourtant minutieusement tenues, ne mentionnent jamais le nom d’Hellé Nice, Miranda Seymour lave de tous soupçons la pilote française dans son ouvrage "Bugatti Queen" paru en 2004. 



la photo de Saint-Gaudens fait toujours recette !

Pour elle, Louis Chiron aurait accusé Hellé pour se venger de n’avoir pu coucher avec elle, une histoire de macho avant la dénonciation du scandale : "balance ton porc".

Après la parution du livre de Miranda Seymour, le bruit courut qu’une Bugatti pourrait un jour être baptisée Hellé Nice. En attendant, la vraie voiture de la Bugatti Queen a été restaurée, et vendue... près de 3 millions, comme pour le pauvre Van Gogh, nombreux sont les personnages célèbres à n'être reconnus que disparus !


on a ainsi j'imagine la vraie couleur de la voiture d'origine ?


Tout cela nous ramène à Georges Bringuier ...

... auteur prolixe, qui connait Darwin ... et ce n'est pas tout ...!


Il se trouve que Didier M. mon beau-cousin, qui a fréquenté de près professionnellement l'Education nationale à Toulouse, connait bien Georges, et me signale son dernier livre, qui fait la Une des journaux locaux dont évidemment la Dépêche :





il pose à Saint-Gaudens à côté du Président de Automobile Club du Sud de la France Michel Ribet 


Il n'y a pas un détail qui vous frappe ?

eh bien Georges n'est pas seul

il rêve à la belle Hélène, et n'a pu s'empêcher de consacrer toute son énergie

à créer sa voiture, j'imagine à l'échelle 1/8

et à la faire conduire par la miniature d'Hélène Nice herself !




la morale de toute cette histoire (à rebondissements) est multiple :

Hélène Nice a été la Bugatti Queen

une bien jolie pilote de course, égalant les mecs comme Chiron, qui ne sort pas glorieux de ses affabulations calomnieuses !

37 ans après sa disparition, elle fait encore rêver des garçons ...

... comme Georges un très sérieux Inspecteur de l'Education, qui crée une maquette fort bien faite

pour elle

... et comme moi aussi, qui aimais Bugatti, sans connaitre sa Reine !

Comment vais-je bien pouvoir faire

pour avoir moi aussi une reproduction d'Hélène Nice chez moi ?

il y en a bien une à vendre dans le commerce, mais elle n'est qu'au 1/18ème !

je préfère celle de Georges


 PS (1) : http://babone5go2.blogspot.com/2021/07/etape-16-arrivee-5go.html

               http://babone5go2.blogspot.com/2016/04/circuit-du-comminges.html

               https://babone5go2.blogspot.com/2021/08/d-day-jour-j-de-lautomobile-dans-st.html


pour voir mes Bugatti, tapez "Bugatti" dans le moteur de recherche dans la lucarne en haut de la page de garde à gauche : dont une B35 touriste à 5 roues et éclairage de nuit, et mon châssis B37 à rayons