Hypsopigia costalis, la pyrale du fourrage |
On se moque habituellement des entomologistes, doux rêveurs vraisemblablement atteints d'une pathologie sociétale, seule explication de leur penchant pour les petites bêtes, alors qu'il est beaucoup plus intéressant de chasser les grosses ? Que ce soit des Allemands qui s'adonnent à cette passion au lieu d'exporter des Mercédès est encore plus surprenant ! Voilà ce qui se passe :
Une digression d'abord : c'est quoi Armaguedon ?
Armaguédon (de l'hébreu : הַר מְגִדֹּו / har M'giddo, transcrit Ἁρμαγεδών /
Harmagedốn en grec), est un petit mont en Galilée dans la région nord d'Israël,
terme biblique mentionné dans le Nouveau Testament, un lieu symbolique du
combat final entre le Bien et le Mal.
pas moins !
En 609 av. J.-C., le roi Josias du royaume du sud, royaume
de Juda, est tué sur la colline fortifiée de Megiddo (Har Megiddo)
par le pharaon Nékao II. Cette défaite, alors que le Dieu des défenseurs de
Mégiddo était censé les protéger, est ressentie comme une catastrophe
traumatisante, et c'est en son souvenir que le terme « Armageddon » est ensuite
employé pour qualifier une destruction catastrophique.
Ce terme n'apparaît qu'une fois dans la Bible, dans le livre
de l'Apocalypse (Ap 16,16), qui en parle comme d'un événement à venir :
« Ils les rassemblèrent au lieu dit, en hébreu, Harmagedôn.
»
Le « rassemblement des rois de la Terre » annoncé en ce lieu
est un résultat du déversement des sixième et septième coupes, les dernières
plaies qui mèneront à son terme « la fureur de Dieu ».
Ce mot est utilisé pour désigner des batailles
catastrophiques, éventuellement d'ampleur planétaire, et, au sens de bataille
finale, celle dont l'issue donnera la victoire définitive. Ainsi, à l'inverse
du dicton «perdre une bataille mais pas la guerre », désigner une bataille à
venir comme un Armagedon, c'est sous-entendre que perdre cette future
bataille, c'est perdre la guerre.
Je reviens à mes entomologistes allemands
À Krefeld, à la frontière avec les Pays-Bas, des bénévoles
piègent des insectes depuis 30 ans. Une collecte qui a confirmé l'extinction
massive en cours. Source AFP. Modifié le 01/07/2019 à 12:19 - Publié le 01/07/2019 à 08:20
| Le Point.fr
je cite
"Pendant 30 ans, ils sont passés pour de paisibles
excentriques en relevant leurs pièges à insectes dans la campagne allemande.
Mais ces entomologistes amateurs ont bâti un trésor scientifique : ils ont
documenté le pire épisode d'extinction depuis les dinosaures. Le discret labeur
de cette poignée de volontaires allemands à Krefeld, à la frontière des
Pays-Bas, nourrit la prise de conscience mondiale de « l'Armageddon des
insectes » depuis qu'une première étude d'octobre 2017 s'est appuyée sur leurs
découvertes, dans la revue scientifique PLOS One, suivie de plusieurs autres.
"Leur précieuse collection, entre 40 et 80 millions
d'insectes, flotte dans des bouteilles d'éthanol rangées dans des cartons. Le
tout s'entasse dans les salles de classe défraîchies d'une ancienne école en
briques, protégé des rayons du soleil par d'épais rideaux. Chaque carton
renferme le contenu collecté dans un seul piège à insectes, sur une même
période d'une ou deux semaines. « Depuis 1982, les pièges que nous fabriquons
nous-mêmes sont standardisés et contrôlés, de même taille, de même matériau, et
ils sont relevés au même rythme à 63 emplacements toujours identiques »,
détaille auprès de l'AFP Martin Sorg, le maître des lieux, lunettes à la John
Lennon et longs cheveux blancs flottant sur un gilet à poches de baroudeur.
un déclin de 76 % en trois décennies
"Le résultat de cette quête sur plus de trois décennies – «
soit bien plus que n'importe quel projet universitaire dépendant de
financements », note M. Sorg – est l'une des rares mesures de la disparition
des insectes en Europe. Si chaque insecte doit encore être répertorié, une
tâche herculéenne pour ces amateurs souvent retraités, leur déclin quantitatif
est d'ores et déjà vertigineux : à Krefeld, la masse d'insectes volants a
reculé de... 76 % en trente ans !
Lire aussi Aurélien Barrau : « Plus personne de normalement
cérébré ne doute de la catastrophe environnementale »
La démonstration tient dans deux bouteilles empoignées par
le laborantin. Dans sa main gauche, une bouteille contenant environ 1 400
grammes d'insectes piégés en 1994, contre 300 grammes dans le même piège
actuellement. « Nous n'avons pris conscience de la gravité de ce déclin qu'en
2011, et depuis, chaque année, nous avons constaté que cela empirait », note
Martin Sorg, qui décide alors de sonner l'alerte.
À l'époque, le sort des abeilles commence à peine à émouvoir
l'opinion publique. En dehors des milieux écologistes, les questions de
biodiversité sont cantonnées aux populaires mammifères et l'expression d'urgence climatique n'existe pas. La « surveillance environnementale », soit
les relevés systématiques pratiqués sur un écosystème, est encore considérée
comme un hobby du dimanche ou une activité militante. Et la communauté
scientifique regarde ces amateurs de haut. Mais en 2011, à quelques kilomètres
là, le professeur néerlandais d'écologie Hans de Kroon est dans le flou : il
travaille sur le déclin des oiseaux de la région, qu'il pense liée à une
pénurie de nourriture, et manque de données.
Les oiseaux menacés
« Nos collègues de Krefeld nous ont contacté en disant :
“Nous avons les données pour les insectes, nous aussi, nous constatons un net
recul et nous sommes très inquiets, pouvez-vous [en] faire quelque chose ?” »
se souvient le Pr de Kroon. Les relevés amateurs atterrissent dans le
laboratoire universitaire et donnent lieu en 2017 à une publication remarquée,
puis alimentent en février dernier une première synthèse de 73 études sur
l'état de la faune entomologique à travers le monde depuis 40 ans, du Costa
Rica à la Camargue. Au niveau mondial, plus de 40 % des espèces d'insectes sont
en déclin ou menacées d'extinction, et, chaque année, environ 1 %
supplémentaire s'ajoute à la liste, ont calculé Francisco Sanchez-Bayo et
Kris Wyckhuys, des universités de Sydney et du Queensland, en Australie.
La planète face à un déclin massif des insectes
Parmi les plus affectés, les lépidoptères (les papillons),
les hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis, frelons) et les coléoptères
(scarabées, coccinelles). « La proportion d'espèces d'insectes en déclin (41 %)
est deux fois plus élevée que celle des vertébrés », soulignent-ils. Ce qui équivaut,
notent-ils, « au plus massif épisode d'extinction » depuis la disparition des
dinosaures. En cause selon les deux scientifiques, l'agriculture intensive, les
nouvelles classes de pesticides, la réduction des habitats d'insectes, le
mitage des réserves naturelles et le changement climatique. Non seulement le
déclin des insectes menace la pollinisation des cultures, donc l'alimentation
humaine, mais il entraîne aussi celui de leurs prédateurs : oiseaux, hérissons,
lézards ou amphibiens. En moins de 30 ans, la chute des insectes en Europe (–
80 %) a contribué à faire disparaître plus de 400 millions d'oiseaux, selon les
scientifiques.
Glaucopsyche alexis : repérage au-dessus d'une femelle |
Point de non-retour ?
À Krefeld, les pièges à insectes sont installés dans une
réserve naturelle. Mais de l'autre côté de la route, un massif engin agricole
arrose de pesticides un champ de betteraves, pendant que fument au loin les
cheminées des industries de la Ruhr. « Vous voyez, les réserves protégées ne
sont pas si protégées », glisse Martin Sorg, décrochant dans une clairière son
dispositif de type Malaise, du nom de son inventeur suédois René Malaise, soit
une tente de fin tissu blanc surmontée d'une bouteille de solution alcoolisée.
« Avant nous apportions des grosses bouteilles d'un litre, mais plus besoin
maintenant », ironise l'entomologiste, qui reste prudent à l'heure de désigner
les coupables de l'extinction".
Les comparaisons des relevés de Krefeld avec les données
météorologiques, sur la qualité de l'air ou sur la végétalisation n'ont pas
été concluantes, explique-t-il, donc « on peut supputer qu'un autre facteur,
extérieur, influence de manière négative ». « La cause est anthropogène, c'est
indubitable. Mais on ne sait pas d'où ça vient et surtout où ça va. Notre plus
grande peur est qu'un point de non-retour soit atteint, qui entraînera une
perte définitive de la diversité. »
il est vrai que nous n'avons pas tous les mêmes valeurs :
Pour le commun des mortels, le bonheur se trouve dans la consommation
qui accompagne l'optimisation fiscale ... et la croissance
qui accompagne l'optimisation fiscale ... et la croissance
pour les écologues, c'est dans la richesse de la biodiversité
apparemment
on ne peut pas sauver à la fois
Mercédès
et les papillons ?
apparemment
on ne peut pas sauver à la fois
Mercédès
et les papillons ?