Les céréaliers pris à la gorge :
pour désherber les céréales françaises, on n’a rien trouvé de meilleur que le
glyphosate : efficace, et pas cher. Certes on pourrait désherber
mécaniquement avec des outils tirés par des tracteurs ? Même alimentés au fuel détaxé : inefficace et cher ! Que voulez-vous
répondre à de tels arguments ? Le porte-parole de ce sujet brûlant est
le terriblement efficace Ministre de l’Agriculture. Il a l’agriculture
productive de la FNSEA avec lui. Il a ainsi participé à inonder les tous frais Parlementaires-en-marche
d’arguments et de propositions d’amendements rédigés tous de la même manière
visant à conserver ce produit indispensable …et il a gagné !
Sandrine Le Feur est agricultrice
bio dans le Finistère. Depuis un peu plus d’un an, elle est aussi députée.
Inconnue du monde politique il y a peu, la jeune femme a été élue avec
l’étiquette de La République en marche. Mais elle n’a pas perdu son franc-parler.
Dans un extrait de l’émission C Politique, diffusée sur France 5, la députée
s’est émue de la réaction du ministre Stéphane Travert au sujet du glyphosate. « Le salaud », a-t-elle lâché en marge
d’un rassemblement militant.
Le propos est vif et même
violent. Mais devant la disparition des oiseaux des champs, qui se
souvient du chant des alouettes dans un paysage de céréales bleui par les
fleurs des bleuets et rougi par les coquelicots ? Les scientifiques
observent d’ailleurs que si la communication générale est forte et homogène
concernant le réchauffement climatique, celle sur le risque
de disparition de la biodiversité est bien timide. Même Nicolas Hulot, torpillé
sournoisement par des rumeurs de harcèlement sans doute lancées fort à propos,
a du réfréner son élan habituel pour faire profil bas.
un champ avant glyphosate: marguerites, bleuets et coquelicots : ringard ! |
Les écolo disparus ou sans voix,
ce sont maintenant aux chasseurs de figurer comme cible du Président pour
représenter la diversité des espèces sauvages, après tout, ils constituent une
force, pourquoi pas leur faire confiance ?
A l’occasion, je découvre le cri nous donnant l’ile de Pâques comme exemple de la désertification
par l’homme d’un territoire auparavant plein de vie sauvage : est-ce ce à quoi nous sommes condamnés, à force de bétonnage des sols, d’urbanisation
galopante, et de destruction des espèces animales dont les pollinisateurs ?
…et le groupe international
chargé de l’étude de ce vaste sujet : l’IPBES. En Français : Fondation pour la recherche
sur la biodiversité. L’acronyme ne fonctionne pas, il faut dire :
« Intergovernmental platform on
biodiversity and ecosystems". C'est le pendant du GIEC du climat pour la biodiversité.
On apprend par exemple que la
Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité est une plateforme entre les
différents acteurs scientifiques et les acteurs de la société sur la
biodiversité.
Elle a été créée chez nous en 2008, à la
suite du Grenelle de l’environnement, avec le soutien des Ministères de la
recherche et de l’écologie et de huit établissements publics de recherche,
rejoints en 2014 par LVMH.
"Susciter l’innovation, promouvoir
des projets scientifiques en lien avec la société et développer études,
synthèses et expertises sont autant d’actions au coeur de son dispositif. À ce
jour, plus de 170 structures, associations, entreprises, gestionnaires ou
collectivités, ont rejoint la FRB autour d’un but : relever ensemble les défis
scientifiques de la biodiversité.
"Transmettre une terre en bonne
santé aux générations futures est la mission à laquelle œuvrent, chaque jour,
des milliers de chercheurs. Ils travaillent ainsi à donner les clés d’une
préservation du vivant, d’une reconquête de la qualité de notre environnement
et d’une utilisation durable des ressources naturelles. La mission originale de
la FRB est de développer la synergie entre la recherche française sur la
biodiversité et les enjeux des acteurs de la société.
"La biodiversité c’est le « tissu
vivant de la planète », dans toute sa diversité et sous toutes ses formes,
de la bactérie à la baleine, de l’individu à l’écosystème et au paysage. C’est
elle qui nous nourrit, qui nous habille, qui nous permet de respirer et de
vivre. Nous sommes partie intégrale et partie prenante de cette vie, nous y
contribuons, nous en profitons, nous l’influençons.
"C’est une certitude, les
activités humaines et la biodiversité sont liées. Comment, jusqu’à quel point,
quelles en sont les conséquences pour notre devenir ? Autant de questions
cruciales pour notre futur et celui de nos enfants. Pour y répondre, nous avons
besoin de développer les connaissances et de les partager.
"C’est la mission de la Fondation
pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB) qui met en relation les travaux
et les résultats de la recherche française sur la biodiversité avec les besoins
de la société. La FRB permet en particulier un dialogue entre les scientifiques
et les acteurs autour des grands enjeux de la biodiversité".
Je vous ai cité textuellement la
langue de bois qui préside à cette Fondation, et qui justifie les concours financiers qu’elle reçoit.
Ouf, l’avenir de nos enfants est
entre de bonnes mains : bientôt (mais vous verrez plus bas que c'est déjà aujourd'hui), youtube va enregistrer les
chants des dernières alouettes en se rendant dans je ne sais quel pays d’Europe
où elles se reproduisent encore, pour nous les faire entendre dans nos
smartphones.
Après tout, on se
passe bien
des derniers mammouths !
PS 1 : Hiroshima mon amour (二十四時間の情事, Nijūyoji-kan no jōji. (Une liaison de 24
heures) est un film franco-japonais d'Alain Resnais sorti en 1959.
Retraçant la rencontre d'une
Française et d'un Japonais à Hiroshima, le film déjoue les codes traditionnels
de la narration cinématographique, a un retentissement mondial et lance la
carrière de Resnais qui s'inscrit dans le contexte de la Nouvelle Vague.
Marguerite Duras a écrit le
scénario et les dialogues du film.
Je cherche un scénariste connu, qui écrirait le scénario de "Glyphosate mon amour". Un peu le genre de Stéphane Brizé avec son second film "En guerre" joué par Lindon, après le succès de "la loi du marché"
ça me fait penser,
pourquoi pas lui envoyer ce billet ?
PS 2 : pour entendre, une fois dans votre vie, une alouette chanter :
https://www.youtube.com/watch?v=KuHyD_PK1w8
PS 3 : C'est Bertold Brecht qui dit : "Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat
pas a déjà perdu."
et il ajoute :
Quand ceux qui luttent contre l’injustice
Montrent leurs visages meurtris
Grande est l’impatience de ceux
Qui vivent en sécurité.
De quoi vous plaignez-vous ? demandent-ils
Vous avez lutté contre l’injustice !
C’est elle qui a eu le dessus,
Alors taisez-vous
Qui lutte doit savoir perdre !
Qui cherche querelle s’expose au danger !
Qui professe la violence
N’a pas le droit d’accuser la violence !
Ah ! mes amis
Vous qui êtes à l’abri
Pourquoi cette hostilité ?
Sommes-nous
Vos ennemis, nous qui sommes les ennemis de l’injustice ?
Quand ceux qui luttent contre l’injustice sont vaincus
L’injustice passera-t-elle pour justice ?
Nos défaites, voyez-vous
Ne prouvent rien, sinon
Que nous sommes trop peu nombreux
À lutter contre l’infamie,
Et nous attendons de ceux qui regardent
Qu’ils éprouvent au moins quelque honte
Bertolt Brecht
PS 4 : dans le même domaine :
http://babone5go2.blogspot.com/2018/03/tellement-improbable-quil-disparu-23.html
http://babone5go2.blogspot.com/2018/03/vous-avez-dit-ethique.html