samedi 13 juillet 2019

Tichodrome, l'oiseau-papillon



Quel drôle de nom ! quel drôle d’oiseau ! Je tombe une fois de plus en arrêt devant les photos de Noushka (quelle diversité de voyages, quelle diversité de prises de vue, elle a tout vu, tout photographié !) qui revient d'Afrique se balader en Barousse, ça je connais… et comme par hasard (tout parait calculé au contraire), elle tombe pile sur un Tichodrome !

https://1000-pattes.blogspot.com/search?q=tichodrome

Je reconnais qu’il n’y a pas en montagne que les papillons : il y a les oiseaux.

Le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), seul représentant du genre Tichodroma et de la famille des Tichodromidae, est une espèce d'oiseaux vivant essentiellement en altitude dans les massifs montagneux d'Europe et d'Asie.

Vous savez mon penchant pour l'origine des noms : teichos, c'est la muraille. Drome, (comme aérodrome), c'est le lieu d'une activité, "mon royaume est la muraille". Muraria. L'ancien nom vernaculaire de l'espèce, conservé par Cuvier, était échelette, repris dans l'appellation française moderne, et expliqué par le comportement de l'oiseau explorant les parois, comme le souligne Géroudet :

« ... ces investigations d'aspect un peu saccadé, qui ont valu au Tichodrome le nom d'« échelette »... »

L'espèce est également appelée ou surnommée de différentes manières, souvent évocatrices, et notamment :

oiseau-papillon ; pic de murailles ; pic d'araignées ; grimpereau de rocs ; grimpereau de rochers ; picchion de murailles ; planet.


Le tichodrome explore les falaises de bas en haut, d'une manière très agile. S'aidant de ses pattes, il donne l'impression de marcher sur la paroi, ou progresse par bonds, puis s'élève légèrement de quelques coups d'aile. Arrivé en haut de la falaise, il se laisse tomber comme une pierre jusqu'en bas, et recommence sa progression. Son vol est très léger, papillonnant, adroit, mais semble toujours désordonné. L'espèce pratique également le vol plané et utilise les courants thermiques pour visiter des parties plus élevées de la falaise. L'oiseau descend aussi au sol, notamment pour y faire sa toilette dans un ruisseau ou prendre un bain de poussière.


 Insectivore, l'espèce fréquente les parois rocheuses où elle collecte invertébrés et larves, et où elle est généralement difficile à observer. Elle s'y reproduit également, et les recherche lors de ses séjours hivernaux à basse altitude, mais peut aussi fréquenter des bâtiments…. et même les bâtiments historiques, comme vous le voyez :





C’est un oiseau de petite taille (de la taille d'un moineau ou d'une sittelle) au dos et à la tête d'un gris cendré ; la gorge est noire chez le mâle (plus claire chez la femelle) ainsi que le haut de la poitrine, le dessous et les rémiges sont gris foncé. Les plus longues rémiges portent chacune deux taches blanches formant à chaque aile deux rangées de points blancs parallèles. Les couvertures portent du rouge vif mais l'alula est noire. Le bec fin et long est légèrement incurvé vers le bas, et de couleur noire, comme les pattes.

Le dimorphisme sexuel est faible, mais le mâle est plus contrasté que la femelle et a la gorge noire, et celle-ci, outre une gorge pâle, porte également des taches ocre aux rémiges primaires et secondaires. Le plumage internuptial du mâle se rapproche de celui de la femelle, les deux sexes ayant la gorge et le haut de la poitrine blancs lors de la mue automnale.




Les individus semblent solitaires, et territoriaux, bien qu'un cas de grégarisme hivernal ait été signalé dans les Alpes. Généralement, ils semblent ne tolérer leurs congénères que lors de la période de reproduction, et se montrent plutôt querelleurs le reste du temps. Lorsque plusieurs couples se partagent une même falaise, chacun y défend son territoire contre les voisins. Même en hiver, les territoires nourriciers sont défendus contre les autres tichodromes. L'oiseau affiche une attitude menaçante avec les ailes basses et la queue relevée, qui rappelle celle de la sittelle. Deux individus peuvent s'affronter dans des joutes aériennes vertigineuses, qui semblent tenir une place importante dans la défense du territoire.


Le tichodrome serait un gros dormeur, disparaissant tôt le soir dans une fissure pour y passer la nuit, et ne reprenant son activité qu'assez tard le matin, après les autres espèces.

D'une tonalité élevée, les émissions vocales sont variées et mélodieuses. Le chant est une mélodie précieuse pouvant évoquer celui du grimpereau des jardins. Les deux sexes chantent, y compris en hiver, et le mâle chante pour signaler à la femelle l'emplacement choisi pour le nid.



En raison de son mode de vie et de l'inaccessibilité de son milieu, l'alimentation du tichodrome est mal connue, surtout en hiver. Les arthropodes semblent constituer une part importante de son régime alimentaire mais certains auteurs supposent que d'autres invertébrés, des larves, voire des mollusques, sont également capturés.

L'oiseau utilise son long bec fin pour extraire ses proies des fissures, mais peut aussi prendre au vol un insecte ailé. Il peut aussi tout simplement attraper un insecte posé sur la paroi.


ici, les parents évacuent régulièrement les fientes

Malgré les taches colorées des ailes, l'oiseau est majoritairement gris et son plumage lui offre une bonne homochromie le rendant difficile à repérer dans son milieu rupestre.

Pour un poids de seize à vingt-deux grammes, l'oiseau mesure treize à quatorze centimètres de longueur, bec non compris ; celui-ci mesure vingt-trois à trente-cinq millimètres. L'envergure est très importante par rapport au poids, avec vingt-six à vingt-sept centimètres. Ces grandes ailes arrondies, battant de manière très irrégulière avec une amplitude variable, donnent à l'espèce un vol caractéristique, à la fois léger et hésitant, évoquant celui d'un papillon…. Nous y sommes, voilà pourquoi je kiffe ! !

Allez l'admirer dans la vallée d'Aspe 




PS : voir aussi Cédrick Lamande :


 
le Nikon de Noushka fait des merveilles