Je tombe sur un blog étonnant, le blog de Noushka, dont les photos naturalistes sont épatantes. Non seulement elle possède un (des ?) appareils photo de marque Nikon, mais elle se met à l'affût de la Nature sauvage (le sous-titre de ses publications est Wildlife Gateway), et ses photos sont plus que magnifiques : extraordinaires !
Que ce soient les oiseaux, mammifères ... et insectes. De tous les pays. Et elle est très documentée : elle sait repérer les petits Mars aux reflets changeants. Et leurs variantes clytie ! Mieux encore, dans les Pyrénées orientales, elle connait la variété barcina dont les bandes blanches aux postérieures sont plus larges !
Barcina a été décrit par Verity en 1927 et vole aussi comme on pouvait s'en douter en Espagne.
Ses photos mentionnent : "reproduction interdite". Ses photos sont signées. Je sollicite simplement l'autorisation de les publier, pour le fun, en signe d'admiration sincère :
ilia "normal" : ce n'est pas elle |
pas si facile d'identifier ceux de Noushka qui suivent ?
pour elle, ce seraient des iris : non ! (si je puis me permettre) on distingue ilia
par ses ocelles orange dans les antérieures, centrés de noir
par ses ocelles orange dans les antérieures, centrés de noir
et voici les clytie de Carine Noushka, position typique en haut des saules
plein de merveilles dans :
PS : pour approfondir, voici les propos d'un Personnage (oui, un P majuscule) souvent consulté dans mes Aventures de Papillons : Jean-Yves Cordier : http://www.lavieb-aile.com/page/104. Il raconte en détails l'origine des noms des papillons, ici ilia et clytie :
"Un professeur de lettres du
XVIIIe siècle, jésuite de surcroît, chargé d'enseigner les bases de la
littérature, se devait de connaître parfaitement ses auteurs latins ; lorsqu'il
exerçait sa charge au sein de l'Académie Impériale du Theresianum de Vienne,
afin de préparer les enfants de l'élite viennoise à occuper les plus hauts postes
de l'administration et de la diplomatie, il devait surpasser cette exigence.
Lorsqu'enfin il s'agissait de Johann Nepomuk Cosmas Michael Denis, alias Sined
le Barde, couronné des palmes de la poésie, les œuvres d'auteurs comme Cicéron,
Virgile et Ovide devaient être si bien assimilées qu'elles formaient le terreau
naturel de toute création. Enfin, la légende de Mars et Rhéa Silvia était si
connue qu'elle avait inspiré un tableau de Rubens en 1616-1617.
J'ai montré Rimes et échos dans l'onomastique des
rhopalocères du Wiener Verzeichniss de Denis & Schiffermüller 1775 que dans
le choix des noms, Denis se payait le luxe d'une écriture à contrainte
témoignant, par cette imitation par hommage que l'on nomme mimesis, de son
admiration pour ses prédécesseurs en entomologie, Linné et Scopoli.
Dans cette série des Papiliones versicolores, Linné sert de modèle avec
son Papilio Iris de 1758. Michael Denis qui s'est donné comme contrainte et
hommage de choisir ses noms dans l'œuvre de Virgile, (présent deux fois en
épigraphe dans le frontispice) s'impose de chercher un nom ayant la même
initiale et le même nombre de lettres que Iris. Il pense aussitôt à Ilia et à
Iole (3e Églogue). De plus, il connaît le nom qu'a choisi le français Geoffroy
en 1762, "Le Mars", pour ces Papillons versicolores. Il connait
aussi, avec Schiffermüller, quelle est la plante-hôte de l'espèce, puisque ce
sont eux qui la décrivent pour la première fois : c'est le saule. Il jouit donc
de cette jubilation secrète de donner à ce nouveau papillon proche du Papilio
Iris de Linné le nom de la troyenne Ilia, qui s'unit au dieu Mars "dans
une charmante prairie de saules" (Ennius, per amoena salicta) ou
"assise à l'ombre des saules" (Ovide, dum sedet, umbrosae salices volucresque
canorae).
Quatre lettres et un I initial comme l'Iris
Linné, une allusion à Mars, une autre aux saules, et un hommage à Virgile :
voici les cinq bonnes raisons de choisir Ilia comme zoonyme pour l'une des plus
belles espèces que les "Thérésiens" découvrirent près de Vienne.
Mars, Ilia, ...et le saule :
mosaïque d'un immeuble d'habitation de l'ancien port de Rome, Ostie image : http://www.ostia-antica.org/regio1/19/19-6.htm (Mars fut séduit par la beauté
de la jeune fille alors qu'elle se rendait à une fontaine chercher de l'eau
pour laver les objets du culte dans un bois sacré qui lui était dédié).
en haut ilia : le point orange centré de noir. Dessous iris, rien dans les antérieures |
Origine et signification du nom Clytie.
— Doux et Gibeaux (2007),
" Clytie : nom d'une Néreïde (Spuler,
1901-1908 :14). Il s'agit vraisemblablement de Clytia (Klutia), fille d'Oceanos
et de Téthys. Apollon l'avait séduite, puis abandonnée pour Leucothoë. Clytia
dénonça sa rivale : Apollon la métamorphosa en héliotrope."
— Discussion.
Clytie est, dans l'Antiquité,
soit une Océanide, soit Clytie la Pandarie, fille de Pandarée, soit, surtout,
la nymphe Clythie amante d'Apollon dans le Livre IV (167-273) des Métamorphoses
d'Ovide.
Dans ce récit, Leuconoé, la
seconde des Minyades, commence par raconter comment le Soleil (assimilé à
Apollon), ayant surpris l'adultère de Mars et Vénus, avait dévoilé la chose à
Vulcain, le mari de la déesse, et comment ce dernier, à l'aide d'un filet
invisible, avait piégé les amants, les exposant à la risée de tous les dieux.
(4, 167-189)
Vénus, ulcérée de ce vilain tour,
veut punir le Soleil en lui inspirant une passion exclusive et dévorante pour
une jeune fille de Perse, Leucothoé. Oubliant ses nombreuses conquêtes, dont
Clytie, le dieu s'introduit chez sa bien-aimée sous les traits de sa mère
Eurynomé, et abuse d'elle contre son gré. (4, 190-233)
Clytie, rivale délaissée, raconte
calomnieusement au père de Leucothoé que sa fille s'est déshonorée ; celui-ci
aussitôt la punit en l'enterrant sous un tas de sable. Malgré tous ses efforts
pour ranimer sa bien-aimée, le Soleil ne peut que la métamorphoser en arbre à
encens. Quant à Clytie, elle dépérit de désespoir, et est métamorphosée en
tournesol, afin de continuer à suivre la course de son amant dans le ciel. (4,
234-273).
A la différence des noms Ilia et Iole, cette dernière création ne répond
pas aux règles d'imitation de Linné ou de citation de Virgile. En outre, on ne
trouve aucun rapport avec la plante-hôte, le Saule. Mais il a été sans-doute
choisi au dernier moment, celui de tous les Suppléments, alors que les deux
jésuites viennois avaient perdu leur poste de professeurs au Theresianum ; ils
étaient probablement moins enclins aux jeux littéraires.
Charles Townley fut un grand antiquaire collectionneur des "marbres Townley" il légua sa collection au British Museum |
en tirant sur le fil d'Ariane des noms des papillons,
on arrive un jour ou l'autre à la mythologie,
et puis à l'Art
à la beauté, et aux plaisirs de l'âme
Carina a compris cela en citant :