je change de maison de vente : je vais à Köln, la ville de l'eau de Cologne ! |
Lors d'une vente aux enchères, organisée par la maison allemande Lempertz à Cologne, (vous voyez, je quitte mes maisons habituelles ! ) le tableau La Fillette au brasier, exécuté par Georges de La Tour vers 1646-1648, a été adjugé à 4,3 millions d'euros. Un record pour cet artiste dont on conserve à peine une cinquantaine de toiles.
Le profil d’une jeune femme, illuminé par un feu de braises ardentes, émerge de l’obscurité, révèlé par un jeu de clair-obscur issu des leçons du Caravage. Signé par le maître Georges de La Tour (1593-1652), le tableau La Fillette au brasier (1646-1648) a été adjugé, le 8 décembre 2020, 4,3 millions d’euros (frais inclus) lors d’une vente aux enchères organisée par la maison Lempertz. Aucune maison de vente allemande n’avait encore enregistré un tel record. Grand peintre français du XVIIe siècle, Georges de La Tour, avait été oublié pendant près de trois siècles. Ses productions, dont la touche picturale et le traitement des couleurs témoignent de l’influence caravagesque, font l’objet, depuis plusieurs décennies, d’un regain d’attention, comme le confirme l’exceptionnelle vente qui vient de se dérouler à Cologne.
Un maître du clair-obscur
« La beauté rustique du modèle, la source lumineuse unique,
la simplification des formes, tout fascine dans ce petit chef-d’œuvre »,
commente l’historien d’art Pierre Rosenberg en 2006 au sujet de ce tableau. La
jeune fille, représentée de profil, souffle sur les braises d’un petit brasero
à charbon. Le foyer est l’unique source de lumière de la peinture. Il illumine
le visage, le cou et la poitrine de la fillette nimbée par cette lueur chaude
et chancelante. Immergée dans son activité, ni détail anecdotique ni accessoire
ne vient troubler son attention. L’arrière-plan, quant à lui, disparaît dans
les ténèbres. Ce motif, d’un personnage face à la lumière artificielle, Georges
de La Tour l’investit dès les années 1630. Datée entre 1646 et 1648, l’œuvre
vendue à Cologne compte parmi les œuvres tardives du peintre.
La rareté des œuvres de La Tour explique en partie le record
atteint mardi 8 décembre. À ce jour, seulement 48 tableaux du maître sont connus.
En France, certains musées conservent quelques-unes de ces précieuses toiles,
mettant en scène des figures chrétiennes ou profanes, à l’image des musées du
Louvre (Le Tricheur à l’as de carreau), d’Épinal (Job raillé par sa femme), de
Nantes (Le Vielleur, l’Apparition de l’ange à saint Joseph, Le Reniement de
saint Pierre) et de Rennes (Le Nouveau-Né).
Georges de La Tour, Le Nouveau-Né, 1648, huile sur toile, 88 x 103 cm, Rennes, musée des Beaux-Arts. |
Le record pour un de La Tour avait été établi lors d’une vente chez Christie’s Londres en 1991. L’huile sur toile Vielleur aveugle (au ruban) avait été acquise par le Musée du Prado pour 2,8 millions d’euros (1,8 million de livres sterling). Plus récemment, en 2008, c’est un Saint-Jacques le Majeur qui avait affolé les compteurs. Vendu chez Sotheby’s près de 3 millions d’euros (3,6 millions de dollars) à un collectionneur privé, il est aujourd’hui exposé au Metropolitan Museum de New York.
ooui c'est bien Saint-Jacques le Majeur, huile sur toile, 65 x 52 cm, collection privée. |
on a reconnu avec la Vierge et l'enfant, mamie Anne à droite |
Cap au nord avec cette toile mystérieuse de Ludvig August Smith, l'un des grand maître de la peinture danoise actuellement exposé au Petit Palais à Paris.
En 1839, Ludvig August Smith et son professeur Christoffer
Wilhelm Eckersberg peignent le même modèle : Catherine Nielsen, surnommée «
Trine ». Dans les deux cas, la jeune fille est assise, la poitrine dénudée. Je vous ai déjà expliqué que c'est une manie chez les peintres : ils prennent une jeune femme comme modèle, et lui font enlever comme cela au hasard une pièce de vêtement. Ici chemise et soutien-gorge, comme chez le docteur. Elle est éclairée par une lumière vive provenant d’une fenêtre que l’on devine
à gauche de la composition. Vu de trois quarts, le modèle est occupé à se
coiffer, un sujet que reprendra Auguste Renoir avec légèreté, quarante ans plus
tard, et davantage de pudeur qu’un artiste danois.
Auguste Renoir, Jeune femme tressant ses cheveux, 1876, huile sur toile, 55,5 x 46 cm, Washington, The National Gallery of Art. Courtesy National Gallery of Art, Washington |
Une vision érotisée de la femme ? Je cite l'article de Connaissance des Arts qui m'inspire, voici la suite : "Dans l’œuvre d’Eckersberg conservée au musée du Louvre (Le Modèle, Trine Nielsen, 1839, huile sur toile, 45 x 33 cm), le modèle ne nous est pas donné à voir directement mais à travers un miroir imaginé par l’artiste, qui en a peint le cadre de bois tout autour de la toile, le procédé étant lié à l’idée de la femme à sa toilette. La vision de la femme par Smith, délicatement érotisée, se dispense d’un tel procédé. Smith se focalise sur le sein droit et sur le regard mélancolique du modèle. Bref, simultanément sur le physique et sur l’intellect".
je ne vous montre pas de suite le sein droit, sachant que vous ne verrez pas le gauche ! |
Un mystérieux sujet
Plongée dans ses pensées, Trine tourne mélancoliquement la
tête vers le bas. (Elle se dit qu'il faut en faire, des trucs, pour gagner sa vie) ? La finesse des traits de son visage contraste singulièrement
avec la robuste musculature de son buste. L’action, elle, est quasiment figée.
Quel est finalement le sujet du tableau ? L’assemblage des longues mèches de
cheveux entrecroisées ou le regard pensif du modèle ? L’intérieur d’une pièce
ou l’intériorité de l’être ? Le visible ou l’invisible ? Ce chef-d’œuvre de
l’âge d’or de la peinture danoise, synthèse singulière du néoclassicisme et du
romantisme, reste un mystère.
une vierge à l'enfant allaitant !
joyeux réveillon !