mercredi 2 décembre 2020

Francesco Hayez et la Vertu

Je ne connaissais pas Francesco Hayez, jusqu'à ce que je tombe sur un tableau étonnant : il montre la Vertu, elle trône au centre de la toile, et représente en quelque sorte la Morale, une image inhabituelle aujourd'hui, digne de nos traditions passées ... et donc désuètes ! Attendez, ce n'est pas fini ! D'un côté, elle flatte le Mérite, au garde-à-vous, on dirait du pur Sarkozy ! Le mérite est une femme, elle est habillée, de rouge je devrais dire de pourpre, et on la reconnait (on devrait dire au féminin la mérite) à la couronne de laurier qui ceint son front. Le(a) mérite est à gauche du tableau, je le précise. Car en face, à droite donc, la même Vertu se prépare à couronner l'éducation, un jeune garçon reçu au Bac, comme on le fait aujourd'hui en contrôle continu, plus d'examen cause covid ! Il est encore jeune ... donc tout nu, mais il va faire plus tard Sciences Po et quand il sortira de l'ENA, rhabillé pour la vie, il pourra oublier ce qu'il a appris. Enfin à droite, l'éducateur bosse pour préparer le cours du lendemain, comme le font tous les professeurs et professeuses (du sexe féminin). Un bel hommage aux Samuel Paty, Francesco a 180 ans d'avance sur notre temps... qui sans doute l'a complètement oublié ! 

je montre aux plus savants que moi la légende, malheureux de ne pas savoir la traduire !


Francesco Hayez, né le 10 février 1791 à Venise et mort le 12 février 1882 à Milan, est un peintre italien. Artiste majeur du romantisme historique italien du milieu du XIXè siècle à Milan, il est reconnu pour ses grandes peintures d'histoire, inspirées du Moyen Âge et de la Renaissance, ses allégories politiques, et pour la grande finesse de ses portraits.

Emouvant de lire sa biographie, toujours sur l'éternel Wikipedia : on se souvient qu'en 1806, Venise tombe aux mains de l'armée française, notre Francesco est alors tout jeune, et prend des cours d'histoire à l'Académie des beaux Arts, où il reçoit ses premières commandes, une Adoration des mages, voilà ce qui intéressait les mécènes notamment les Cardinaux à l'époque !

En 1812, Hayez participe au concours de l'Académie des beaux-arts de Brera avec pour thème imposé le Laocoon, et remporte le premier prix ex aequo avec Antonio De Antoni, un protégé d'Andrea Appiani, premier peintre de l'empereur Napoléon. Déçu, Hayez n'en fait pas moins son entrée sur la scène publique. Durant l'été 1813, il envoie à l'Académie vénitienne, Rinaldo et Armida, une composition qui plait beaucoup à Leopoldo Cicognara qui lui accorde une quatrième année et une aide substantielle. Son Athlète triomphant, très marqué par Canova, remporte ensuite le prix Mecenate Anonimo remis par l'Accademia di San Luca.

J'abrège, car l'important (on dit aujourd'hui "l'essentiel") sont ses oeuvres, dont j'ai retenu celle qui précède, et je commence par ma chère Marie-Madeleine, car lui aussi a succombé à la belle pêcheresse repentie :



dommage de laisser une si belle femme méditer seule ainsi dans le repenti, je ne vois pas ce qu'elle a fait de mal en faisant du bien à Jésus ?
1885_Milan


J'aime bien s'agissant des artistes me faire un rôle de composition, tentant de raisonner comme ils le faisaient. D'abord, il faut savoir peindre je le concède volontiers, c'est du travail, mais il faut un don que je ne possède malheureusement pas ! Ensuite, il faut des fournitures, on admire encore aujourd'hui comment faisait Vincent Van Gogh, avec la modeste pension que lui versait Théo (comment opéraient-ils avec les banques pour assurer un virement mensuel sans guichet automatique ?) pour acheter des peintures et des toiles auprès de quels marchands dans la campagne arlésienne ? Ensuite, si vous voulez peindre un humain (souvent du genre féminin, mais pareil avec le sexe masculin) il faut un modèle (une modèle). Que l'on se marie avec elle ou pas, elle est souvent la modèle et du coup, les peintures féminines vont ressembler à la modèle, donc se ressembler 

capito ?

Alors, mettons une odalisque, elle va ressembler à Marie-Madeleine et vice et verça. 



pareil pour Suzanne au bain


autre exemple : il faut représenter Ruth : eh bien je lui enlève le haut, je peins la même odalisque, et je la nomme Ruth ... ou Rebecca :



Ruth, ou ici Rebecca, elles se ressemblent, non ?





















autre exemple, je crois que c'est Suzanne (sortie du bain)

ou elle médite, ou elle se repent, bref elle boude :


cet agrandissement est sympa, mais il cache l'essentiel, la croix que tient Suzanne, expliquant qu'elle médite, ou prie c'est pareil

l'intérêt des peintres historiques, c'est leur proposition de figurer des thèmes disparus, comme la destruction du temple de Jérusalem ...


... la femme adultère, empoignée par les jaloux toujours ravis de dénoncer leur prochain(e)


... ou le baiser de Roméo à Juliette, devant le fameux balcon


vous ayant bien préparé (je l''espère ?) je vous ai réservé le mieux 

pour la fin :

voici Rinaldo et Armida




le plus beau câlin de la peinture classique !

ce n'est plus la même modèle

mais toujours de la superbe peinture

retenez ce nom : Francesco Hayez

autoportrait à 57 ans


la musique d'Anne Sylvestre 

met de l'ordre dans nos peines


bientôt j'aurai le droit

le 15 décembre ?

de mettre les pieds dans la neige

avec me raquettes :

que du bonheur !

(demain, j'ai retrouvé pour vous Alfred de Curzon) !