lundi 12 octobre 2020

59 sarcophages inviolés à Saqqara


Vous avez suivi les dernières nouvelles d’Egypte ? 59 sarcophages inviolés (par des vilains pilleurs de trésors) sont ouverts (par de gentils archéologues). C’est une question de point de vue : les pilleurs agissent pour eux-mêmes en cherchant à s’enrichir sur le dos des anciens égyptiens soucieux de vivre après la mort dans des sarcophages magnifiquement décorés. Les archéologues eux étudient les momies intactes pour repérer leur ADN, et prouver ainsi que les égyptiens vivants d’aujourd’hui descendent bien des égyptiens morts hier.











Je suis un peu gêné par cette façon contemporaine de justifier que l’on déterre les morts, là-bas comme ici d’ailleurs, (PS1) mais je me résigne à m’habituer, je reconnais que les découvertes de Saqqara ont un retentissement touristique fort en cette période de covid, et que l’Egypte moderne cherche à attirer les riches touristes comme elle le peut, y compris en leur montrant de nouvelles découvertes de tombes intactes... enfin intactes ... jusque là !  

Pour tout vous dire je suis comme tout le monde attiré par les croyances des égyptiens anciens, et ne reste jamais insensible devant un sarcophage magnifiquement décoré : je cherche inlassablement un sphinx tête de mort qui figurerait sur le poitrail d’un défunt, et avoue ne l’avoir toujours pas vu de mes yeux vu. (PS2) Par contre, voici encore un scarabée sacré à Saqqara, vous allez voir !



ce n'est pas un sphinx Atropos, mais un scarabée en vol


Le scarabée est un symbole dans l'Égypte antique. Le scarabée commémoratif est un bijou réalisé pour un pharaon et représentant un scarabée sacré, sur lequel un texte commémoratif est gravé. Le texte, d’une dizaine de lignes, est gravé sur la face plane du scarabée. Il commémore un évènement important du règne. Le cartouche du roi peut parfois être ajouté. Le roi envoie un exemplaire à tous les souverains avec qui il est en relation (en principe ses vassaux), ce qui peut donc représenter un nombre d’exemplaires important.



Les premiers souverains égyptiens à utiliser cette pratique ont été des Hyksôs1. Amenhotep III a réalisé ainsi une série de scarabées commémoratifs, le premier concernant son mariage avec Tiyi, les suivants le creusement d’un grand bassin formant un lac pour Tiyi (allusion aux grands travaux), puis la chasse aux taureaux (allusion à Seth), la chasse aux lions (allusion à la puissance), son mariage avec la princesse mittanienne fille du roi du Mittani (prestige international). Au total, 250 exemplaires de scarabées commémoratifs d’Amenhotep III ont été retrouvés. Les lieux de découverte de ces scarabées commémoratifs constituent un traceur de l’influence de chaque roi, cette cartographie renseignant sur l’étendue géographique de son influence

L'Égypte a vénéré les scarabées en particulier le scarabée sacré :

Le hiéroglyphe pour « scarabée » est un trilitère phonétique que les égyptologues transcrivent comme ḫpr et qui pourrait signifier « apparaître », « devenir » ou « se transformer ». Le mot dérivé ḫpr(w) est traduit indifféremment comme « forme », « transformation », « événement », « façon d'être » ou « ce qui est apparu », selon le contexte. Sa signification est tantôt concrète, fictionnelle ou ontologique. 

depuis Ovide, nous appelons tout cela "métamorphoses".

le secret de l'existence des bousiers, est l'existence de bouses donc de bétail ruminant


Le scarabée était consacré à Khépri (« Celui qui est apparu »), dieu du soleil levant. Les Anciens pensaient que les scarabées étaient des mâles et se reproduisaient en déposant leur semence dans une pelote d'excréments. L'autogenèse du scarabée leur paraissait faire écho à celle de Khépri, qui lui-même semble naître du néant. D'ailleurs, la pelote roulée par le bousier est un symbole du Soleil. Plutarque écrivit à ce sujet : « La race des scarabées n'a pas de femelles, tous les mâles projettent leur semence dans une pelote sphérique de débris qu'ils font rouler en la poussant d'un côté, exactement comme le Soleil semble pousser les cieux dans sa course, c'est-à-dire en sens inverse, d'ouest en est ".

 

Les anciens Égyptiens croyaient donc que Khépri faisait renaître le Soleil chaque matin, le roulait devant lui au-dessus de l'horizon et l'emportait dans l'autre monde, la nuit, pour ne le ramener qu'au matin suivant. Quelques sépultures royales du Nouvel Empire représentent le Soleil comme une triade, le scarabée représentant le soleil du matin. Le plafond astronomique du tombeau de Ramsès VI représente la mort nocturne et la renaissance du Soleil, avalé par la déesse du Ciel Nout, de son ventre en tant que Khépri.

des momies de scarabées comme on ferait une collection de coléoptères

Les fouilles de sites égyptiens antiques ont mis au jour des effigies de scarabée en os, ivoire, pierre, faïence égyptienne et métaux précieux, allant de la sixième dynastie à la période romaine. Elles sont généralement petites, percées pour les enfiler sur un collier, et la base comporte une brève inscription ou cartouche. Certaines de ces statuettes ont été employées comme des sceaux. Les pharaons ont parfois ordonné la fabrication de plus grandes effigies avec les inscriptions prolixes telles que le scarabée commémoratif de la reine Tiye. On peut admirer des sculptures massives de scarabées au temple de Louxor, au Sérapéum à Alexandrie (cf. Sarapis) et ailleurs en Égypte.



Le scarabée était d'une importance essentielle dans le culte funéraire de l'Égypte antique. On déposait souvent sur le buste des défunts des scarabées découpés dans de la malachite. L'exemple le plus célèbre de semblables « scarabées pectoraux » est peut-être le scarabée pectoral vert jaunâtre trouvé dans la chambre funéraire de Toutânkhamon, taillé dans un grand morceau de verre libyque. La fonction du « scarabée pectoral » était de s'assurer que le cœur ne témoignerait pas contre les défunts lors du jugement de l'âme du défunt par le dieu Osiris. D'autres interprétations sont suggérées par les « incantations de réincarnation » inscrites sur les sarcophages, qui affirment que l'âme des défunts peut se réincarner (ḫpr) en être humain, en dieu ou en oiseau, et ainsi renaître à la vie.

L'égyptologue britannique Carol Andrews évoque d'autres liens entre le culte du scarabée et la croyance à la métempsycose :

« On a dû se rendre compte que les chrysalides, dont les ailes et les jambes sont comme enveloppées dans un cocon à cette étape du développement, sont très semblables à des momies. On a aussi fait remarquer que la pelote de fumier dans laquelle les bousiers pondent leurs œufs est déposée dans une chambre souterraine à laquelle l'animal accède par un puits vertical et un passage horizontal, qui rappellent étrangement les premières mastabas de l'Ancien Empire. »


Loin de l'associer aux rites funéraires, certains peuples voisins de l'Égypte antique ont adopté le scarabée comme motif pour des sceaux, dont les plus célèbres sont les sceaux LMLK de Judée sous le règne d'Ézéchias, utilisés pour l'estampage de jarres : huit des 21 statuettes représentaient des scarabées.

Le scarabée reste aujourd'hui un motif populaire dans l'orfèvrerie et la bijouterie de par la fascination contemporaine pour l'art et les croyances de l'Égypte antique. On trouve partout des colliers comportant des perles en porcelaine ou en pierres semi-précieuses à l'effigie du scarabée. À Louxor, un massif scarabée antique a été suspendu en hauteur pour éviter que les visiteurs superstitieux persistent à frotter la base de cette statue.


PS (1) nous aussi on déterre nos morts :

http://babone5go2.blogspot.com/2020/07/des-chevaux-et-des-hommes-dans-la.html

PS (2) je cherche toujours la momie de Turin

http://mesamispapillons.blogspot.com/2011/01/atropos.html