samedi 16 juillet 2022

Les lavandières d'Etretat de Georges Villain (1)

typique de l'endroit : "un peintre au bord de la mer" William Henry Lippincott 1885

André Hambourg

ramassage des galets Marcel Cramoysan

Les falaises d'Etretat ont toujours attiré le regard des peintres. D'habitude, on considère qu'elles bordent la Manche, remplie comme on le devine d'eau de mer... salée... vous allez voir pourquoi j'insiste sur cette précision basique. On y pratique la pêche du bord de mer, il y a donc des barques rangées sur les galets, puisqu'à la mer (froide) s'ajoute l'absence de sable, qui rendent méritoire la présence des baigneurs. Tout cela sont des idées reçues, même si les nombreux peintres attirés par l'endroit, l'aiguille et la grande porte naturelle en calcaire abritant peut-être les rapines d'Arsène Lupin, ont multiplié les toiles, les styles, les couleurs, d'un lieu exceptionnel.

J'y reviendrai demain, mais je vous rappelle ma découverte en février des pratiques d'autrefois de nos dames d'hier, privées de machines à laver, cherchant l'eau douce pour laver puis rincer et faire sécher leur linge, quand je dis "leur", s'ajoute celui de la famille donc du mari.

http://babone5go2.blogspot.com/2022/02/lavandieres-en-mer-oui-port-en-bessin.html 

Je vous avais emmené à Port en Bessin, pour vous montrer le phénomène local de pertes des rivières se jetant en mer, et émergeant dans l'eau salée de la mer. A marée basse, de l'eau douce sourd entre les cailloux, et crée si l'on y prête attention des mares naturelles, permettant de rincer le linge, préalablement savonné à marée descendante.

C'est le phénomène qui se produit à Etretat aussi, et que je retrouve peint par Georges Villain

- premier tableau, il est apparemment à vendre 6500€ chez Anticstore qui me fournit ces photos :





Fils d'Eugène Marie François (1821-1897), qui fut élève de Charlet et Léon Cogniet, Georges se forme auprès d'Henri Harpignies et Benjamin-Constant, et commence à exposer au Salon de Paris en 1877. Il peint principalement des paysages de Bretagne, dans la région de Rennes et de Saint-Malo, et de la côte sud-ouest de la Manche (Granville, Avranches), entrecoupés de quelques vues parisiennes. 

En 1894, Villain s'installe sur les côtes de Haute-Normandie, avec vue sur Cayeux, puis il "descend" à Étretat, qui devient son sujet principal à partir de 1896/1897. Il se révèle être un excellent observateur des activités balnéaires ou ouvrières de la ville cauchoise, et représente ainsi à plusieurs reprises les lavandières, ou blanchisseuses, sur la plage d'Étretat.

 Au Salon de Paris de 1903, Laveuses ; plage d'Étretat, sous le N°1729 ; puis au Salon de Paris de 1904, même titre, sous le N°1799 ; et encore au Salon de Paris de 1905, même titre, sous le N°1899. Il s'agit probablement du même tableau, et peut-être du nôtre, donc réexposé trois fois.

Il n'arrive pas à le vendre, il n'était pas connu à l'époque, il récidive donc sans succès. Pourtant le commentaire est attirant : « Les lavandières ont été observées et notées par M. Villain au bord de la mer d'Étretat, avec un juste réalisme de la pose et des couleurs, de l'habileté et même l'audace de la facture... et une touche papillonnante : le sujet est emblématique de la vie quotidienne à Etretat à l'époque. On y voit les lavandières envahir la plage à marée basse, au moment où, à mesure que l'eau salée se retire, l'eau douce des rivières s'écoule sous terre jusqu'au rivage ; en écartant les galets, les lavandières créent des cavités qui se remplissent alors d'eau douce ; ils fonctionnent jusqu'à ce que la marée montante ramène l'eau salée. Alphonse Karr décrit ainsi cette tâche pittoresque, à "la fontaine" : « C'est là qu'on raconte toutes les nouvelles du pays ; c'est là qu'on parle de tout et de tous, qu'on discute, qu'on juge, qu'on absout, qu'on condamne... c'est là qu'on apprend les nouvelles des marins pêchant, qu'on commente les amourettes et les mariages. On y raconte comment le poisson se vend à Fécamp, combien au Havre ; le dernier sinistre du au dernier coup de vent... et même les rêves que l'on a fait la nuit...!

 On reconnaît au pied de la falaise d’Amont la silhouette de l’imposant hôtel des Roches Blanches, qui venait d’être construit en 1896 (et qui sera détruit en 1954), alors que la station balnéaire était déjà sur le déclin 

- second tableau : vous me connaissez, j'en ai trouvé un, je fouille longuement, espérant un second... oui, je trouve, une vue de l'autre côté, avec l'arche en arrière-plan :


les résurgences d'eau douce sont très localisées



toujours prêteur, je vous donne le téléphone pour tenter votre chance

n'hésitez pas à parler Anglais, à dire que vous êtes en marche, et à proposer la moitié en liquide, cela peut marcher ?

je poursuis, je cherche mais ne trouve plus

à l'époque les éoliennes devenaient rares, et ce genre de moulins était encore courant

j'aurais aimé une peinture de Cancale ou St Malo, rien

en 1890, c'est Henri Bacon qui peint la même scène

en 1872, Corot peint l'endroit, mais pas de lavandières

il faut Georges Dufour pour nous montrer les falaises, mais le linge est maintenant lavé à la maison

et les dames commencent à n'aller à la plage

que pour se montrer et papoter

car pour rentrer dans l'eau

il ne faut pas être frileux

René St Delis

à suivre, 

avec deux épisodes sur les Saint Delis

car il y a René, mais aussi Henri