lundi 21 octobre 2024

Les vaches ne donnent pas leur lait

 

J'entendais à la télé (qu'est-ce qu'ils parlent, à la télé, ignorants de ce qu'ils disent, du bruit pour meubler le temps ! ) des gens se souvenant de la période du covid : des caissières ; des éboueurs ; des aides-ménagères et soignantes, des chauffeurs, des livreurs de pizzas, bref tous ces hommes et femmes qui, quoi qu'il arrive, sont indispensables à la vie de tous les jours, et sont ainsi les "premiers de corvée", quoi qu'il survienne. On les a applaudis. Et puis, l'énergie suite à la fausse concurrence qu'a décidé sur notre dos l'Europe, jalouse de notre électricité nucléaire, tout a changé, tout a "inflationné", et les salaires ont suivi, la spirale inflationiste tant répétée dans l'histoire..... tous les salaires... sauf, ceux justement des premiers de corvée, car coincés dans leurs tâches journalières, ils ne savent pas, contrairement aux mecs de la SNCF, faire le grand chantage pour se faire augmenter.

Quand on pense les Députés non réélus touchent une "assurance", pendant une durée allant de 18 à 27 mois selon l’âge, d'un montant brut correspondant à 57 % de leur indemnité parlementaire de base, soit 4.353 euros par mois.


Nos décideurs, ce n'est pas qu'ils s'en fichent, mais ils vivent dans un autre monde, jamais confrontés aux contraintes réelles, par exemple quand les flux tendus chez Auchan amènent à des tas d'étagères vides, car ne sont approvisionnés que 2 pots de crème Mont-Blanc à la pistache, sous prétexte que les clients en consomment peu, parce que l'on ne leur en présente que rarement, le cercle vicieux dont notre pays a le talent se referme sur lui-même.


Alors je trouve l'histoire que je vais vous raconter, typique pile au moment où Lactalis annonce une baisse de 9% de sa collecte dans les fermes françaises d'ici 2030 à destination des marchés internationaux. C'était prévisible après l'arrêt des quotas laitiers en 2015, qui a relancé la production de nos voisins. Ça fait 450 millions de litres de lait par an. La première étape concerne surtout le Grand Est et le sud des Pays de la Loire d'ici deux ans. Paradoxalement on en a trop, de lait....comme on a trop d'agriculteurs, trop de nourriture dans le monde, et qu'il faut moins produire, car alors, en produisant moins... on fait monter les prix ! C'est ce que font les producteurs de pétrole, pourquoi ça serait différent dans le lait ? Bien entendu, l'Europe, la PAC, la souveraineté alimentaire et tous ces mots vides, n'interviennent pas, mais qui sont ces décideurs et décideuses qui dirigent l'Europe ? Sont-ils d'abord informés ? Et s'ils l'étaient, sont-ils vraiment engagés dans une mission ? Ou ne sont-ce que des aventures personnelles, des voyages à Bruxelles et Strasbourg... des modes de vie ?

Un jour va-t-on apprendre que les congélateurs de l'Europe, qui permettaient de stocker le beurre en cas de sur-production, sont obsolètes et ont disparu, comme on a appris qu'étaient avariés les stocks de masques ?

Peu importe que des éleveurs laitiers cessent brutalement d'être collectés, ils n'auront qu'à se suicider, un jour on achètera (comme le reste) notre lait aux voisins sur le marché mondial, on verra bien le prix qu'on le paiera ? Le "quoi qu'il en coûte" aura fait des dégâts irréversibles dans les mentalités ! Pauvre Président en réalité !


                                                     Car...les vaches ne donnent pas leur lait...


je suis de la génération qui possède encore ce permis de conduire papier

c'est mon permis, il est vieux, comme moi
je viens d'apprendre que la voie d'accès à l'autoroute était une "voie d'accélération"
désormais quand on accède à l'autoroute, on doit accélérer (quoiqu'il en coûte)
comme si, et beaucoup le font, il y avait une espèce de priorité à droite ! 

Citroên avait su étonnamment allier efficacité, et style branché-rural

notre génération fait rire nos jeunes contemporains, car on était loin de la voiture électrique

le thermique se voulait populaire alors qu'il était compliqué à construire

l'électrique tout simple, avec son prix dément, est réservé aux classes supérieures :

ratage total de cible !

et les Parisiens qui nous voyaient comme ça

rigolaient nous prenant pour des bouseux

ignorant leurs premiers de corvée à eux


... ignorant la valeur "travail"

voilà mon histoire :

Un père avait l'habitude de dire à ses enfants quand ils étaient jeunes : -"Quand vous atteindrez tous l'âge de 12 ans, je vous dirai le secret de la vie.

Un jour, quand l'aîné a eu 12 ans, il demanda anxieusement à son père quel était le secret de la vie. Le père répondit qu'il allait lui dire, mais qu'il n'avait pas le droit de le révéler à ses frères.

Le secret de la vie est le suivant : -"la vache ne donne pas de lait".

-"Qu'est-ce que tu en dis?"  demanda-t-il au garçon incrédule.


"Comme tu l'entends fiston : la vache ne donne pas de lait, il faut la traire. Il faut se lever à 4h du matin, aller au champ, marcher dans le fumier à travers le corral, attacher la queue, faire rebondir les pattes de la vache, s'asseoir sur le tabouret, placer un seau et faire le travail soi-même...

Voilà le secret de la vie, la vache ne donne pas le lait. Soit tu la trais, soit tu n'auras pas de lait.

Il y a une génération qui pense que les vaches DONNENT du lait. Que les choses sont automatiques et gratuites : leur mentalité est du genre "je souhaite, je demande. Je profite."

La vendeuse du marchand de légumes chez qui on s'approvisionne maintenant nous explique que sa soeur de 30 ans ne travaille pas. Elle a décidé de ne pas travailler. Elle s'éclate ainsi. Elle touche le RSA, les petites aides que l'on reçoit pour EdF ; les transports en commun gratuits..., aides qui cumulées aboutissent à un SMIC. Elle se moque de sa soeur qui, en travaillant, ne gagne pas davantage que le SMIC. Qui a raison ?

"Ils ont l'habitude d'obtenir tout ce qu'ils veulent de  façon facile... Mais non, la vie ne se résume pas à souhaiter, demander et obtenir. Les choses que l'on obtient sont l'effort de ce qu'on fait Le bonheur est le résultat de l'effort. Le manque d'effort mène à la frustration."

Alors, partagez avec vos enfants le secret de la vie dès leur plus jeune âge, pour qu'ils ne grandissent pas avec la mentalité que le gouvernement, leurs parents ou leurs mignons petits visages vont leur donner tout ce dont ils ont besoin dans la vie.

"Les vaches ne donnent pas leur lait ;

 il faut travailler pour ça! "

et les Sciences ; le Travail ; la Création ; l'activité, peuvent être une grande source de joie

d'estime de soi

et de sens donné à sa vie

c'est pourquoi je continue de travailler jusqu'à la fin

car sans travail actif, je me perds dans le bruit de ls Société

c'est un bruit assourdissant, où le bonheur ;  les vertus ; la morale disparaissent

nous sommes arrivés dans ce bruit

cachant pendant ce temps la coalition des peuples jaloux qui s'unissent pour nous détruire : ils disent de nous que nous sommes dégénérés. Ca me fait réfléchir, et m'inquiéter ! 





un essaim d'abeilles produit ça :


les abeilles travaillent-elles leur vie durant ?

une abeille vit moins de quarante jours, visite au moins mille fleurs, et produit moins d'une cuillère à café de miel, mais pour elle, c'est toute une vie ...

... en tous cas, elles ne donnent pas leur miel

il faut un apiculteur, et bien entendu, une apicultrice


la citation du jour ?

"Labor omnia vincit improbus"

un travail opiniâtre vient à bout de tout


Je ne comprends plus du tout la PAC : à l'origine, en 1962, cela fait donc 62 ans, elle visait à compenser le prix bas que devait payer le consommateur pour se nourrir aisément, tout en rémunérant le producteur amont pour qu'il vive de son métier. La valeur pour la France ? on évoque toujours le chiffre arrondi de 10 milliards. Le budget France de la France pour son agriculture est donc faible, puisque c'est l'Europe qui paie (avec la participation du pays au budget européen)

évolution 2000-2009


évolution 2010-2019


naturellement, difficile de trouver l'évolution 2019-2023 ! 

Expliquez moi pourquoi ce montant symbolique de 10 milliards ne change pas d'un pouce avec l'inflation, alors qu'il y a bien eu inflation dans l'agrigulture avec la hausse de l'énergie  ; des engrais ; des salaires ; comme partout ailleurs ?

a-t-on vraiment compris que les vaches ne donnent pas leur lait, et que la fourniture de lait coûte un prix de revient, permettant aussi de valoriser nos campagnes rurales ?

je crains que non, et que nos contemporains urbains se fichent grave des campagnes  ! 

Etonnez-vous que nos agriculteurs se retrouvent éternellement coincés dans le ciseau des charges qui grimpent, et des ventes dont le prix baisse ?

Quel journal parle de cela ?

qui parle de ça ? les agriculteurs ont du mal à se faire entendre ! 

c'est un exercice difficile : je m'y suis exercé souvent, avec des Préfets ; du public ; des agriculteurs eux-mêmes. A une époque je maitrisais toutes les subtilités, et savais pointer les contradictions voire les travers. J'ai même fait des conférences au Conseil Général du GREF, pour les collègues non initiés du Conseil Génétral Vétérinaire, ou pour les Enseignants, ignorants de ces mécanismes. Mais c'est comme les Maths, et le béton armé, il faut pratiquer pour rester à jour ! 

Annie Genevard a été nommée le 21 septembre ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Elle est professeure de lettres classiques à Morteau, et épouse d'un pharmacien, fils de pharmacien lui-même.

La cérémonie de passation de pouvoir entre M. Marc Fesneau et Mme Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, a eu lieu lundi 23 septembre 2024 rue de Varenne, en présence des agents du ministère. Certes cela ne fait même pas un mois !

Mme Annie Genevard, M. Marc Fesneau et Mme Agnès Pannier-Runacher sur le perron du ministère
combien de coups de téléphone et d'Agences de COM pour aboutir à ce : Bleu Blanc Rouge ?- 

elle sait, elle devrait savoir, que les vaches
ne donnent pas leur lait ?

ni les vignes leur vin ; ni les abeilles leur miel ; ni les bovins leur viande, ni le blé leur farine

etc...

les Députés de la Nation ne donnent pas leur temps non plus
les Ténors de la télé sont payés tellement cher qu'ils vivent hors-sol

et les 600 Enarques de Bercy payés plus que le Président de la République
devraient tous voir leurs rémunérations baissées

en étant rémunérés "au mérite" 

=

3200 milliards de trou !

l'impôt sur le revenu englouti dans les seuls intérêts de la dette !

si Elon Musk était leur Ministre

il les virerait !

alors que le pire, c'est qu'on va les garder !



PS (1) : les informations officielles sur la PAC ressemblent aux petites lignes des contrats d'assurance, et rien n'est fait pour donner les grands équilibres : 

PS (2) : Je retrouve l'année 2021 dans les publications du Parlement européen


et puis je renonce, avec l'impression que les chiffres France stagnent depuis l'origine

l'inflation zappée

vous savez que c'est difficile à vivre
de tenter de poser les bonnes questions ?

je crains que les agriculteurs de base
se fassent rappeler à notre bon souvenir, plus tôt que l'on croit ?

dimanche 20 octobre 2024

Two-tailed Pasha


voilà Psyche

ça ressemble à une piéride banale, aucune queue de pacha


Je vous ai déjà montré cette sculpture de Guglielmo Pugi, né à Fiesole en Toscane et forcément vivant à Florence, où il est mort en 1915, un artiste représentatif de l'Art nouveau italien que désormais vous nommez : "liberty". Pour moi c'est une fois encore Psyché, mais cela peut être tout bonnement un papillon attiré par le numéro 5 de Chanel de la jeune fille ! "Jeune fille au papillon" (1902), elle est en ce moment même à Almaty, au musée central d'État du Kazakhstan !



Notre seul Charaxes, à nous Français dont le climat est tempéré, est un grand et superbe papillon habituellement africain, dix centimètres d'envergure, qui vit dans le Var, où pousse sa plante nourricière. Il est donc rare partout, sauf là où l'arbousier n'a pas été détruit par les incendies. Et quand il est là, il peut être abondant, le paradoxe de la rareté, et comme il adore comme de nombreux papillons tout ce qui est minéral et sent fort, très fort, voire nauséabond, on l'attire avec des fruits trop mûrs, voire en décomposition; Dans ces cas là, notre Pacha à deux queues est comme fasciné, il prend tous les risques, jusqu'à se poser sur le propriétaire lui-même, pour peu qu'il sente bon....enfin ! pour lui !

il vient boire dans les plats

il adore les fruits sucrés




il se laisse photographier de près

et puis, sentant qu'il est devenu copain, ne se gêne plus pour vous monter dessus

on est comme ça dans le midi

on se lie facilement





il faut rester stoïque, et ne pas bouger, il vous inspecte

vous pouvez le regarder de près,

et après il se réfugiera dans une branche haute pour observer les plats

prêt à descendre si ça sent bon


ceci fait, vous êtes en harmonie avec lui dans la chaleur du midi

les cigales chantent, et le rosé frais

vous donne le bonheur simple 

de vivre comme un Pacha




c'est un papillon très sociable



un jardin où vit le Pacha

fera un jardinier heureux !

j'ai écrit autrefois sur notre "Pied noir d'Afrique"


je suis toujours ému par la chrysalide
bien ronde et bien verte
qui prépare les naissances 2025


https://www.shutterstock.com/fr/video/clip-25935146-4k-beautiful-butterfly-charaxes-jasius-after-emerged

que vos copains soient nombreux

je dédie ce billet spécialement à Sylvie J et à son époux
en leur souhaitant tout le bonheur possible

la devise latine s'impose une fois encore avec Virgile

"o fortunatos nimium, sua si bona norint, agricolas" !

heureux soient ceux qui vivent en phase avec la Nature  ! (traduction libre. ndla)

il existe des tas de Charaxes de par le monde
voici le Charaxes mars, présent au Sulawesi, dans les iles Bornéo,
encore une fois au-delà de la ligne Wallace.

le brutus angustus habite le Cameroun

le dessus est bien différent, le dessin d'un Sylvain !

il a presque trois queues



mais le dessous ressemble étonnamment à notre Pacha varois


oui chez les papillons, les Pacha sont très fiers de leurs queues ! 

mais chez d'autres, encore plus narcissiques, ils poussent la partie concernée au maximum :

comme Argema mitrei à Madagascar

de la phrase de Tartuffe, dans la pièce Le Tartuffe ou l’Imposteur de Molière :

Couvrez cet appendice que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées. (acte III, scène 2)d

je sais le sujet terriblement polémique
je prête aux papillons des comportementsbien  trop antromorphiques
voici un Pacha contemporain :

il rend manifestement ses épouses épanouies et voilées...
... et à l'abri du besoin !
bientôt ils seront neuf, le droit du sol en faisant des Français de souche

Pourquoi mon grand copain Linné, féru de mythologie, a-t-il nommé notre pacha Jason, le premier des Argonautes ? Isaac Newton attribue à Jason l'idée selon laquelle une bonne part des constellations dérivent de la geste argonautique :

le Bélier est celui de la Toison d'or ;
le Taureau représente ceux que Jason soumet au joug en Colchide ;
les Gémeaux sont les Dioscures, qui viennent en aide à Jason, et le Cygne leur mère Léda ;
le Dragon est celui de Cadmos – le Corbeau perche sur son cadavre ;
le Navire Argo, le navire de Jason, qui allait si vite, a droit à sa propre constellation, divisée par Nicolas-Louis de Lacaille en trois constellations plus petites : la Carène, la Poupe et les Voiles ;
-la Coupe est celle de Médée ;
-le Centaure est Chiron, auquel est associé l'Autel ;
-Hercule, l'un des Argonautes, est figuré avec ses victimes, l'Hydre (de Lerne), le Cancer (un crabe envoyé par Héra pour contrarier le héros pendant son combat avec l'Hydre), le Lion (de Némée) et le Vautour (aujourd'hui la Lyre) abattue par la Flèche.

...ensuite, qui a proposé le surnom de Pacha ?

Seuls le sultan ottoman et le khédive d'Égypte ont eu le droit de pourvoir les offices et d'accorder les titres de pacha. À l'origine, le titre était destiné exclusivement au chef suprême de l'armée et aux gouverneurs de provinces, et il existait une hiérarchie de pachas à « une, deux, ou trois queues », dont la dignité était matérialisée par des queues de cheval flottant au bout d'une lance ; ainsi, les beylerbeys étaient des pachas à « deux tough ou queue de cheval ». Le rang de pacha est supérieur à celui de bey et d'agha, mais inférieur à celui de khédive et de vizir.

ce n'est donc pas ce que certains pouvaient penser :
deux queues de cheval superposées !


samedi 19 octobre 2024

Molinos de Guadalquivir, les mêmes qu'à Hama en Syrie

Mon métier à l'origine était de chercher et transporter l'eau, j'ai eu la chance de l'exercer vraiment dans le Tarn et Garonne dans les années 70, fameuses années où l'on consommait la moitié de l'énergie actuelle, était-on deux fois moins heureux ? J'ai donc été toujours fasciné par l'eau, avec ses multiples usages, dont les moulins. Moulins qui donnent de l'énergie, mais moulins qui peuvent aussi servir à transporter l'eau, plus précisément à la faire monter, comme ultérieurement fera une pompe. Le must en la matière, après la vis d'Archimède, étant la noria. La noria est cette grande roue célèbre à Hama en Syrie, à laquelle sont attachés des seaux se suivant côte-côte. Arrivés en haut de leur parcours circulaire, ils se vident par côté dans un canal plus haut, et ainsi peuvent alimenter un champ en altitude s'il s'agit d'irriguer le champ, voire une villa romaine s'il s'agit de lui permettre de faire fonctionner, avec la pression nécessaire, une douche.

https://babone5go2.blogspot.com/2014/08/montmaurin-1.html

cela fait pile dix ans ! (tempus fugit)

Je me souviendrai toujours de cette visite de Montmaurin avec mon frère Historien-Docteur-émérite-Maitre de conf' et j'en passe, lui montrant la douche en question, et nous interrogeant sur le présumé château d'eau romain lui permettant de fonctionner en pression. Comme nous sommes peu éduqués, lui Docteur en Histoire et moi Ingénieur Général ... du Génie et des Eaux..., nous doutons et prenons conseil auprès de visiteurs Toulousains parlant fort, surtout qu'ils sont entourés de femmes en talons découvrant manifestement la campagne. Les guide un Archéologue de la meilleure réputation parlant fort. Je lui demande ce qu'il en pense, et sûr de lui (un Toulousain sait toujours tout sur tout et n'a jamais de doutes) il me répond : -"ILS ont forcément bâti une noria" ! Voilà pourquoi je suis toujours excité quand je vois une noria, car cela m'aide à imaginer celle (présumée) de Montmaurin ! 


Vous êtes nombreux à vous être rendus à Hama, pour admirer les gosses qui se jettent dans l'eau sale, à partir des célèbres roues en bois, qui tournent sans fin, destinées à l'origine à faire monter l'eau du bas en haut, afin d'irriguer les légumes qu'ils n'ont plus besoin de produire depuis qu'ils peuvent les importer de n'importe où, cultivés hors sol sous serre. 

Ces roues sont très spectaculaires, car elles peuvent être doubles ; triples ; en série ; perpendiculaires, donnant autant de plongeoirs possibles aux gamins, et autant de photos à publier sur Google par les touristes fatigués des tapis et des repas du coin. 







"le danseur", se fait remonter par la roue, et plonge en bas, remontant et plongeant indéfiniment

On le sait, le terme « noria » définit l’ensemble de la structure : l’aqueduc et la roue. Les maçonneries sont construites pour durer et traverser les siècles. Elles sont composées d’une digue, d’un canal d’amenée, d’une tour, d’un triangle et d’un aqueduc. La roue est la partie la plus éphémère.

Les roues de l’Oronte avaient une structure tout à fait spécifique, à la fois complexe dans sa composition et simple dans sa mise en œuvre. Intégralement en bois, leur assemblage reposait sur un judicieux système d’emboîtements et de cales qui, gonflé d’eau, se renforçait au fur et à mesure de la rotation de la roue. Ainsi, immergée dans l’eau et mue par la force du courant, la roue se mettait en marche, ses godets chargeaient l’eau puis la reversaient dans l’aqueduc dont le canal se répartissait ensuite à travers les jardins. Le moyeu de la roue en était la pièce principale et la plus lourde. Il reposait sur des coussinets de bois placés sur la fenêtre de la tour d’un côté et sur le triangle de l’autre côté. Le moyeu était enserré dans un ensemble de madriers sur lesquels on fixait les bras principaux et les bras secondaires. Un premier cercle intérieur venait solidariser les bras entre eux. Puis, sur le cercle extérieur étaient fixés les planches radiales, les pales de propulsion et les godets. Pour restaurer une roue, il suffisait de fermer les vannes et de l’immobiliser. On pouvait ainsi changer n’importe quelle pièce de la roue, des pales au moyeu.

le moyeu de Cordoba

Les norias syriennes de Hama, si fragiles, aujourd’hui disparues pour ainsi dire, étaient à ce titre uniques au monde. Les grandes roues du fleuve Oronte s’élevaient pour certaines jusqu’à 21 m de diamètre, et pouvaient distribuer, pour les plus grandes d’entre elles,

50 litres d’eau par seconde, soit environ 200 m3 par heure, et irriguer jusqu’à 75 ha de jardins.



La vallée de l’Oronte, écrin de verdure des norias

Les norias étaient un patrimoine précieux de notre mémoire commune, de l’eau et de son partage, elles avaient pour écrin la fertile vallée de l’Oronte, étroit couloir verdoyant au cœur de la steppe aride. C’est du fleuve que la vallée féconde tient son nom, l’Oronte, al-’Asi, le dissident. Dissidence parce qu’il chemine du sud au nord, à rebours des grands autres fleuves de la région, le Tigre et l’Euphrate. L’Oronte, fleuve dissident donc, mais particulièrement serein, dont le régime régulier, les crues très rares, le débit toujours abondant, le lit fermement tracé et les berges abruptes endiguant tout débordement excessif, lui ont toujours conféré un statut à part de fleuve miraculeux dans une région dure, aride et hostile. L’Oronte est en effet un fleuve aux multiples visages et au parcours riche et varié. Il puise à toutes les résurgences et accueille toutes les précipitations pour s’assurer cette force tranquille. Long de 571 km, il traverse trois pays, le Liban, la Syrie et la Turquie, avant de se jeter dans la Méditerranée.



Le long de l’Oronte, de tout temps, on pouvait admirer ces perles d’un long collier de verdure, les jardins. Leur présence offrait à l’homme les céréales et les légumes dont il avait besoin pour vivre. Jardins utiles et féconds avant tout, ils se composaient de vergers où étaient cultivés noyers, néfliers, abricotiers, grenadiers, amandiers, figuiers et vignes. Le long des rigoles d’irrigation s’élevaient les longs peupliers noirs qui servaient, entre autres, à confectionner les bras des norias. C’est entre les arbres que l’on trouvait les parcelles de pois, de fèves, de maïs, celles des légumes de base, tomates, courgettes, aubergines, laitues, piments, cornes grecques, corète potagère, ocra, navets, choux, haricots, mais aussi pourpier, menthe, persil, ail, oignons, cumin… Bien souvent, rosiers et jasmins ornaient et embellissaient encore ces abondants jardins. Les célèbres jardins de la Ghouta de Damas, que le Barada a fait jaillir, n’ont d’ailleurs jamais eu d’autres rivaux que ceux de l’Oronte.

Et de ce fait, la vallée de l’Oronte a toujours été un espace au profil particulier, un lieu privilégié de rencontre et d’échange entre ces deux cultures si différentes qu’incarnent les mondes nomade et sédentaire. Point de jonction essentiel, les Bédouins venaient y échanger leur lait et leur viande avec les céréales, fruits et légumes des agriculteurs sédentaires, et les outils et ustensiles de l’artisan citadin.

C’est lorsque l’on parcourait les marchés de Hama que l’on mesurait l’importance de cet espace de rencontre entre deux cultures contraires dans leur première approche, mais cependant si complémentaires.

Les norias étaient la symbiose de ces deux conceptions de vie, de ces deux regards qui diffèrent tant, de ces deux mouvements si radicalement contraires. Elles incarnaient l’alliance de l’ici et de l’ailleurs, de l’éphémère et de la durée, du mouvement et de la demeure. Elles permettaient que se lient et se complètent ceux qui devaient rester étrangers l’un à l’autre. Leur conception même révélait l’union de ces deux mouvements : une partie, l’aqueduc, bâtie en dur, pérenne, ancrée dans la terre, supportant l’autre partie, toute de bois et dont la durée de vie est, par définition, plus éphémère.

Entre Rastan et Sayzar, tout au long de cette échappée champêtre d’une centaine de kilomètres, il ne restait, avant 2011, que quelques norias naufragées. Le barrage de Rastan, achevé en 1961, a permis un développement agricole exceptionnel de la région. Il a aussi sonné le glas des norias en modifiant considérablement le régime de l’Oronte, dont le débit n’était plus suffisant une grande partie de l’année pour faire fonctionner les norias. Mais la fin des norias était déjà annoncée, en quelque sorte, bien avant la construction du barrage. L’arrivée massive des motopompes, l’urbanisation accélérée et amplifiée de Hama, la croissance démographique augmentant les besoins et orientant logiquement vers une agriculture plus industrielle, tous ces facteurs ont contribué à la rapide agonie des norias. La guerre qui fait rage depuis 2011 a, semble-t-il, définitivement scellé le sort des belles roues.

Le plus étonnant pour moi en tous cas, c'est que dans leur conquête du Sud de l'Espagne notre voisine, les conquérants ont emmené leur Culture, leur architecture, leur science de l'eau, leurs jardins... et leurs norias ! 

il suffit de se rendre à Cordoue pour en voir une !



ici nous sommes au centre de Cordoue, sur le Guadalquivir, et sont indiqués nons pas un, mais cinq moulins proches les uns des autres


et el Molino de la Albolafia est le seul a avoir toujours sa roue


Il se trouve sur la rive droite du Guadalquivir, près du pont romain. Ses origines remontent à l'époque romaine. Il avait pour fonction de produire de la farine. Sa roue verticale caractéristique est parfois représentée parmi les symboles de la ville de Cordoue.

Selon l'érudit espagnol Felix Hernández Giménez, le nom Albolafia , dont le sens arabe est équivalent à « bonne chance » ou « bonne santé », vient d'un architecte appelé Abu l-Afiya qui a rénové et amélioré la noria au XIIe siècle. Le mot noria , quant à lui, est dérivé de l'arabe nā'ūra (ناعورة), qui vient du verbe arabe signifiant « gémir » ou « grogner », en référence au son qu'elle faisait en tournant.

Certains auteurs citent les origines de l'Albolafia dès le IXe siècle, à l'époque d' Abd ar-Rahman II, qui fut responsable de l'amélioration des jardins de l'Alcázar (palais royal) et de l'amélioration de l'approvisionnement en eau de la ville. En particulier, l'écrivain du XVIe siècle Ambrosio de Morales a affirmé que la roue hydraulique existait au début du IXe siècle, mais on ne sait pas exactement quelles preuves il avait pour étayer cette date. Des sources du Xe siècle mentionnent l'existence de moulins à eau le long de cette partie du fleuve Guadalquivir. L' historien marocain Ibn Idhari, écrivant en 1306, a également affirmé qu'une grande noria a été construite ici au Xe siècle (probablement à l'époque d' Abd ar-Rahman III ). 

Les érudits modernes ont divergé sur les origines les plus probables de la structure. Leopoldo Torres Balbás, un érudit espagnol du XXe siècle, a soutenu les affirmations antérieures de Lévi-Provençal selon lesquelles la noria a été construite en 1136-1137 par Tashufin, le gouverneur almoravide de Cordoue sous le règne d' Ali ibn Yusuf . Cette origine almoravide du XIIe siècle est considérée comme l'une des hypothèses les plus plausibles et les plus fréquemment répétées. Manuel Ocaña Jiménez, un autre érudit du XXe siècle, pensait que le souverain du IXe siècle Abd ar-Rahman II était très probablement responsable de sa construction. Plus récemment, les archéologues Alberto León Muñoz et Alberto Javier Montejo Córdoba sont d'accord avec cela, affirmant que les photographies du XIXe siècle de la structure (avant les modifications ultérieures) montrent des éléments architecturaux caractéristiques du IXe siècle et indiquant une construction sous le règne d'Abd ar-Rahman II ou de son successeur, Muhammad I. Felix Hernández Giménez, qui a restauré la structure au XXe siècle, a affirmé que de grandes parties de la structure pourraient être datées de l'époque d' Alphonse XI au XIVe siècle, avec des restaurations supplémentaires au XVe siècle. De plus, Ricardo Córdoba de la Llave soutient que les sources musulmanes historiques ne mentionnent pas explicitement la noria d'Albolafia en particulier et que les preuves de la maçonnerie du bâtiment et des structures médiévales voisines suggèrent que la structure actuelle a été construite au XIVe siècle, même si elle aurait pu être une reconstruction sur une noria islamique antérieure.

Je m'amuse à vous donner ces détails historiques, pour montrer que nos amis espagnols du Sud, ont été grave colonisés, au point eux aussi d'avoir bénéficié de la Culture, de l'Art, et des moulins apportés d'Orient.


Au total, les moulins du Guadalquivir sont onze sur le cours du fleuve Guadalquivir dans ou tout près de la ville de Cordoue, dans la communauté autonome d'Andalousie, en Espagne. La junte d'Andalousie les a déclarés Patrimoine historique andalou le 30 juin 2009. Les plus anciens de ces moulins remontent à la période romaine, mais la plupart sont médiévaux, datant d'entre le XIIIe siècle et le XVe siècle. Ils présentent différents stades de détérioration. Certains ont été restaurés et réemployés à des fins culturelles et touristiques. Leurs noms sont : Albolafia donc, Alegría, Carbonell, Casillas, Enmedio, Lope García, Martos, Pápalo, San Antonio, San Lorenzo et San Rafael.

Avant de vous rendre en Syrie, particulièrement à Hama, je vous engage donc, amis et amies voyageurs (et voyageuses) avides de dépenser du kérosène en rentabilisant (légitimement) les transports aériens low-coast, à regarder autour de vous si d'abord il n'y aurait pas encore un vieux moulin à visiter, voire à retaper. Si non, une ballade à Cordoue s'impose.

https://generationvoyage.fr/visiter-cordoue-faire-voir/

il y a 15 choses incontournables à faire :

d'abord un bon bain du Calife et un autre arabe,

puis saluer la noria,

enfin déguster la gastronomie locale


je préfère le jamon iberico, mais faute de... le serrano est pas mal

évidemment, c'est moins exotique que la spécialité de Hama, le alawé al-joubné, entouré de fromage pâte de riz sucrée ou non.


comment ça se dit en latin ?


un peu de guitare ?