dimanche 24 juillet 2022

C'est Charles Camoin qui découvre le tableau du docteur Félix Rey de Van Gogh


je fouille les archives à la recherche de Charles Camoin, 

et tombe sur ce bulletin 135 des Amis du Vieil Arles



Cette histoire était bien connue des Arlésiens en 1976 quand nous avons emménagé, et tout le monde parlait alors de la pièce de théâtre, suivie du film "prenez garde à la peinture" ! C'est l'histoire réelle du tableau de maitre caché dans un grenier, pire dans notre cas, il sert à boucher une planche manquante du poulailler... merveille, une fois identifié, puis lavé des crottes de poule, il est intact et vendu pour une bouchée de pain, il vaut aujourd'hui... combien... 50 millions... plus cocasse encore... il est exposé aujourd'hui au musée Pouchkine... !

Le docteur Félix Rey est interne le 18 aout 1888, quand Vincent s'est tranché l'oreille gauche, et le consulte.


on connait la note écrite par le docteur, qui précise l'oreille gauche et l'étendue de la blessure


Le dessin a paru dans les années trente, dans une biographie romancée du peintre, écrite par l’écrivain américain Irving Stone. C’est d’ailleurs à Stone que le Dr Rey avait adressé la lettre contenant le fameux dessin, à la demande de l’auteur. N’empêche que pendant des décennies, l’original de ce document est resté introuvable, jusqu’à ce que Bernadette Murphy, chercheuse indépendante, l’ait découvert et lui ait consacré un livre à son tour. 

Dans le petit mot accompagnant le dessin, le Dr Rey écrit à Irving Stone : « Je suis heureux de pouvoir vous donner les renseignements que vous m’avez demandés concernant mon malheureux ami Van Gogh. J’ose espérer que vous ne manquerez pas de glorifier comme il le mérite, le génie de ce peintre remarquable. »

Pour remercier son docteur, qui l'a soigné, pansé, changé les compresses jusqu'à cicatrisation, Vincent n'a d'autre solution que lui offrir son portrait. Le tableau est peint entre le 7 et le 17janvier 1889, dans le cabinet du docteur à l'Hôpital d'Arles, et est offert au docteur Rey, encore interne alors.

-"Quand j'ai vu qu'il me contournait entièrement la tête en vert (il n'avait que deux couleurs principales, le rouge et le vert), qu'il peignait mes cheveux et ma moustache - je n'avais vraiment pas de cheveux roux - en rouge flamboyant sur un fond vert mordant, j'étais tout simplement horrifié », se souvient le Dr Rey, en 1929, à propos du portrait que Vincent van Gogh a peint de lui, à Arles, 40 ans auparavant.


Horrifié, ignorant de ce que pouvait signifier l'impressionnisme, et se trouvant affreux, le docteur n'a aucune intention d'accrocher le tableau ! A l'époque, l'autosuffisance suppose disposer de poules, elles dispersent les déchets organiques, pondent des oeufs, et on les dévore le dimanche, le poulailler est troué, le tableau (je ne sais pas comment ils ont pu faire avec une toile clouée sur un cadre de bois) est cloué pour boucher le trou !

deux ans passent, papa se marie, maman range le cabinet de papa

j'ignorais l'intervention déterminante du soldat élève-caporal Charles Camoin en avril 1901,  qui avait à l'époque 22 ans ! Déjà peintre, impossible de prendre des selfies à l'époque, il se peint :

au musée Granet

où il est ? toujours dans le poulailler ? dans quel état ?


ce port de Cassis date de 1905 et celui offert par Charles doit lui ressembler


la suite est : "d'avoir raté Van Gogh qu'ils achètent n'importe quelle croute au cas où un jour elle vaudrait des fortunes"

c'est alors que commence la légende






Charles Camoin, au moins, avait l'oeil

l'oeil du peintre


et moi je prends conscience que Van Gogh était Américain

et écrivait à Théo en Anglais !