lundi 31 décembre 2012

Belle année 2013 !


Je viens de commander sur Amazon le dernier livre de Christian Saint-Etienne : « France état d’urgence » (même titre que Bayrou il y a un an), « une stratégie pour demain » chez Odile Jacob. Des extraits sont cités dans le Figaro magazine du vendredi 28 décembre, l’auteur (souvent présent dans l’émission de la 5 animée par Calvi : C dans l’air) cherchant à alerter l’opinion sur la mauvaise ambiance d’un pays qui s’appauvrit douloureusement.

Le Président lui-même nous promet une année 2013 horrible, et va (pour parler vrai) nous le confirmer dans ses vœux du 31 décembre. Sans doute va-t-il être, à son insu, le réformateur dont nous avons besoin, pour tenir la promesse maintes fois proclamée d’économiser 60 milliards dans les quatre ans qui lui restent sur les dépenses d’un Etat toujours prodigue. La fondation IFRAP nous explique dans le même document combien il est facile d’économiser 30 milliards sur les dépenses sociales, voilà déjà la moitié trouvée ! Si l'on diminue quelque peu le train de vie de l'Etat et des Collectivités territoriales, on devrait trouver la seconde moitié.

Est-ce si essentiel ?

Il va nous falloir trouver d’autres chemins pour chercher le bonheur. Faire comme Alexandra David-Néel en 1924, quand elle était la première Occidentale à entrer dans Lhassa alors interdite, pour y chercher le nirvana. En se dépouillant de tout bien matériel, (cela tombe bien !) pour chercher cet état de sérénité suprême auquel on parvient (paraît-il) après avoir renoncé au désir humain (au singulier).

Dans les chemins escarpés qui mènent à Lhassa, on croise de bien belles créatures, comme cette demoiselle Apollo (est-ce si sûr, on dirait bien une dame avec son sphragis ?), qui arbore les ocelles du soleil.

il s'agit de Parnassius charltonius, mon préféré chez les Apollons !


                                 Je vous souhaite, chers lecteurs, nombreux après deux ans,
de rechercher la beauté,
elle est partout, (et  souvent gratuite) !

je vais tenter de  la traquer pour vous
au cours de cette nouvelle année !


relisant (par hasard) Georges Pompidou Anthologie de la poésie française, je vous livre ce poème de Du Bellay,
écrit il y a 464 ans :

Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l’aile bien empennée ?

Là est le bien que tout esprit désire,
Là le repos où tout le monde aspire,
Là est l’amour, là, le plaisir encore.

Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée,
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

Du Bellay, dans l’Olive 1549


samedi 29 décembre 2012

Les derniers trésors de Rome


Nous sommes vendredi 28 décembre, 20 heures 40 sur France 5 : la BBC diffuse en langue française un film de 1H25 ayant pour personnage central Sarah Parcak, docteur en archéologie, ou plutôt comme elle se nomme elle-même : Space Archaeologist. Elle est américaine, docteur à l’University of Alabama at Birmingham. Une espèce de Sidney Fox ! Là-bas, on la connaît comme US Egyptologist Dr Sarah Parcak. Elle a l’air dégourdie c’est le moins que l’on puisse dire, se ballade sur la planète depuis son bureau, (on peut faire la même chose avec Google earth d’ailleurs), mais elle a des contacts partout (des copains archéologues) puisqu’elle va systématiquement sur le terrain vérifier ce qu’elle a vu sur son écran d’ordinateur. Après l’Egypte, elle revient des environs de Rome. C’est tout dire !

Elle est géniale, car elle a su utiliser les images satellitaires avec lesquelles nous mettons en œuvre la Politique Agricole Commune en France depuis plusieurs années (nous repérons les champs, les mesurons, et calculons grâce à ces mesures les aides en Euros versées année après année aux agriculteurs), pour rechercher autre chose : des sites archéologiques disparus (puisque recouverts souvent par des cultures aidées). Elle a pensé à cette utilisation. Non seulement nous n’y avons pas pensé, (on a autre chose à faire) mais ces images (dont infra-rouges) que l’on achète très cher (j’ignore elle comment elle s’y prend pour les obtenir), on se les garde pour soi seul, et on ne penserait jamais à en faire bénéficier les copains pour une réutilisation archéologique ou environnementale par exemple. C’est ça la France, l’administration y est cloisonnée, et chacun travaille pour soi.

En une heure et demie, elle nous retrace l’immensité de l’Empire romain, de Pétra au mur d’Hadrien jusqu’en Transylvanie. Flute, personne ne lui a parlé d’Alésia, elle n’y est pas allée. Elle ne s’est pas (encore) rendue en France, patrie de la Gaule romaine. J’ai bien envie de lui recommander de se rendre (virtuellement) dans quelques unes de nos villas, et j’ai repéré son site web pour la contacter (elle travaille à distance ce qui rend imaginable une intervention ?) : son email est :  spacearchaeologist@sarahparcak.com


Je connaissais Ostie, parce que dans le site dit des Corporations, il y aurait disent les Arlésiens une mosaïque représentant Arelate, la petite Rome des Gaules. On y verrait le pont romain ? Je cherche encore, et ne l’ai toujours pas trouvée. Il y a par contre une autre mosaïque nommant Narbonne. Bref ! Ostie est un port fondamental, car c’est lui qui donnait à Rome l’accès à la mer. Donc lui permettait le commerce de l’huile ; du vin ; du papyrus, des lingots de métal, et encore plus du blé venu d’Egypte. Une anecdote : nous avons importé à Paris l’obélisque de la place de la Concorde, provenant de Louqsor, et édifié par Ramsès II, treize siècles avant Jésus Christ. Cela a été un exploit technique, puisqu’il a fallu construire à Toulon une barge de 43 m de long, le Luxor, la faire tirer par un bateau à vapeur, le Sphinx, abattre l’obélisque sans casser ses 20 m de hauteur (sans le socle), le mettre à flot, le débarquer, et dresser sur son socle (de 13 m) ses 220 tonnes. C’était le 25 octobre 1836, et nous disposions de poulies, et de la vapeur, facilitant ainsi un travail pour le moins scabreux.

Figurez vous qu’à Rome, il n’y a pas un obélisque, mais exactement treize. Tous importés d’Egypte, mais pas dans les années 1850 : deux mille ans avant. Parlons du plus grand, que l’empereur Caligula fait ramener d’Alexandrie, et  qui se dresse aujourd’hui place Saint Pierre. Ce monolithe dont on suppose qu’il provient d’Héliopolis aurait été érigé sous le règne du roi Amenemhat II (1929-1895 av. JC). Nous sommes en l’an 37, et Caligula fait construire une trirème (fonctionnant à rames, la vapeur n’est pas encore inventée !). Je vous passe les détails, mais la trimère se rend sur place, l’obélisque est démonté et empaqueté. Débarqué à Ostie, et ramené après 35 kilomètres de navigation sur le Tibre à son emplacement initial, le cirque de Caligula. C’est le pape Sixte V dit Sixte Quint (1585-1590) qui le fera déplacer, grâce au projet de Domenico Fontana, place Saint-Pierre ! Un sacré chantier !

la galère de Némi, brûlée en 1940 donne les proportions

Ostie est un peu comme Aigues-Mortes chez nous : le Tibre est boueux, et emporte sur son cours des alluvions qu’il dépose à son embouchure : Ostie est en permanence ensablé, alors que des bateaux de plus en plus grands doivent accoster, et qu’ils nécessitent un tirant d’eau de 6 mètres ou plus ! C’est Claude qui crée dans les marais rive droite un premier port, le port de Claudius évidemment. Pour le creuser (cela dure 25 ans), on affouille la partie des marais situés sur la berge. On récupère la trirème de 100 m de long construite pour Caligula, et on l’immerge en mer, remplie de rochers. Sur cet appui, on construit deux môles qui vont faire barrage à la mer. Au milieu, un phare plus grand encore que celui d’Alexandrie, le Pharos, brille toutes les nuits et signale l’entrée. Dans les années qui suivent, Trajan créera un second port, de forme hexagonale, que nous montre en vue satellitaire Sarah Parcak.



l'aéroport de Fiumicino à gauche ; la nouvelle Ostie à droite. Au fond, l'ancien rivage avec le port hexagonal de Trajan ; en face Ostie antique.
Comme depuis lors la côte s’est profondément ensablée et a avancé en mer, tous ces vestiges (dont l’emplacement du phare) se trouvent aujourd’hui dans les terres, séparés de la mer par l’aéroport de Fiumicino. Des tas de constructions modernes recouvrent le site, et les chercheurs  (de la British Academy : http://www.britac.ac.uk/index.cfm qui alimentent le site web : http://www.portusproject.org) travaillent activement à décrypter le terrain : il faut comprendre les modalités de la circulation des navires antiques dans ce site rempli d’anciens canaux ; retrouver l’emplacement précis du Pharos, et situer les monuments encore à déblayer comme un cirque (roman of course !).



Sarah Parcak réussit dans cet environnement encombré de constructions à repérer les vestiges manquants, d’où le titre : Reconstructing Portus – Rome’s Lost Empire


Conclusion1 : regardez la télé, sur la 5 (et Arte) il passe des émissions formidables !

Conclusion 2 : allez à Rome, vous regarderez différemment les obélisques !

C’est le projet que je nous souhaite à tous

 pour la nouvelle année 2013 !


mercredi 26 décembre 2012

Sphinx tête de mort : 1878-2012


 





















La trève des confiseurs m’offre un moment propice pour feuilleter mes vieux atlas de lépidoptères : on ne peut que s’émerveiller devant la précision des dessinateurs de 1878 : artist Alphonse Lunel.  J.B. Baillierre, Paris, 1878. Manual of the Natural History of the Three Kingdoms, 1850. Atlas de Seitz…Va savoir pourquoi, je reste fasciné par Acherontia Atropos, le voleur de nos ruches, avant que les abeilles meurent toutes seules sous les effets divers de molécules ingénieusement répandues dans la nature. Il a un cousin, lachesis, dont la tête de mort est encore plus subtilement dessinée.
  
 






















Nous sommes 134 années plus tard. En crise par rapport aux performances dont nous rêvions...mais en réalité combien fortunés ! Au sens fortunatos, "bien heureux", de Virgile. Peut-être dispose-t-on de moins de dessinateurs aussi précis dans le dessin documentaire. Mais la technique de la photographie a explosé, et on peut aujourd’hui réaliser tout seul de superbes macro, les développer en un instant, les recadrer, les retoucher, et les faire partager aux copains en les affichant sur flickr !




















Je vous offre ces merveilleux Sphingidae

pour les fêtes de fin d’année !




Louis Barillet

Le Père Noël existe, puisqu’il vient de m’offrir un cadeau : « Atelier Louis Barillet » : c’est drôle, ce (rare) livre sur Barillet a été édité en 2005 au prix catalogue de 65€. On le trouve sur ebay dans la fourchette 19,90€ à 140 Euros : on peut donc se fourvoyer grave si l’on n’y prend garde, comme quoi il faut se méfier des achats sur internet. Dans le cas présent, le Père Noël a du augmenter les frais d’envoi de 8€ pour obtenir une réception le 24 décembre, mais il a obtenu le prix minimum. Merci Père Noël, cela fait des années que j’avais bêtement buté sur les 65€ réclamés en librairie !

Louis Barillet est normand, né à Alençon dans l'Orne, en 1880 et mort à Clamart en 1948 : il a été l’élève de Jean-Léon Gérôme, vous vous rendez-compte ! et contemporain de Jacques Grüber ! C’est l’un des grands verriers de l’Art Déco, et c’est lui qui m’a fait apprécier le cubisme ! Il débute sa carrière comme médailleur tout en pratiquant la peinture, avant d’ouvrir, en 1919, son atelier de maître verrier situé 15 square de Vergennes à Paris. Aujourd’hui propriété d’Yvon Poullain, principal auteur. Il travaille avec Jacques Le Chevallier, puis Théodore-Gérard Hanssen. Pendant les années 1920 à 1930, ils réalisent ensemble le renouveau du vitrail français. Ca c’est ce que dit Wikipédia, mais je vous ai prouvé que je n’étais pas d’accord en allant rechercher les chefs d’œuvre de Grüber pendant la même période.
















Il participe à l'Union des artistes modernes, mouvement d'artistes décorateurs et d'architectes fondé en France en 1929 par l'architecte Robert Mallet-Stevens, et dont l'activité perdure jusqu'en 1958.

Beaucoup d’œuvres religieuses sont réalisées après la première guerre mondiale, il fallait reconstruire toutes les églises dévastées. Mais aussi beaucoup d’oeuvres civiles : Mallet-Stevens aimait le vitrail et l’éclairage particulier qu’il introduisait dans ses réalisations, et il avait souvent recours à Barillet, comme dans son genre Hidiart travaillait avec Grüber. Dans les deux cas, les artistes utilisent le verre blanc plat imprimé, pressé, ondulé, et jouent sur ses reflets, et le dessin du plomb, incluant souvent des glaces, sans recourir à la grisaille.















Malgré les destructions, une des plus célèbres étant celle de la Piscine Molitor construite par Lucien Pollet en 1929, mais pas que… (je pense à Dax et à St-Jean de Luz avec la Pergola), il reste quelques vestiges dont l’Hôtel Aga Khan [1930-33]- 55, rue Scheffer Paris XVIe dont les vitraux figurent des courses de chevaux, et des chasses à dos d’éléphant. Le magasin Bailly boulevard de la Madeleine était décoré de magnifiques verrières type cloison paravent, et de plafonds lumineux. Le lycée Hélène Boucher cours de Vincennes dans le 20è arbore toujours Athéna comme effigie de l’entrée. Et le groupe scolaire Condorcet à Maison Alfort : Perrette et le pot au lait.




Merci Père Noël pour ce beau livre !

Les (généreux) donateurs se reconnaitront !


jeudi 20 décembre 2012

A la gloire d’Annie !


Je vous ai déjà raconté l’histoire de Graëlls dédiant un papillon (mais quel papillon) à la reine Isabelle d’Espagne. Une bien belle histoire, de pure galanterie espagnole, telle qu’on les lit dans les livres de contes, vous savez ceux que la maman lit aux enfants avant de dormir, aux alentours de Noël. Je vous engage naturellement à relire ce joli conte à vos enfants, c’est le moment !

Eh bien voilà-t-il pas que Jérôme me raconte une histoire similaire, sauf qu’elle est contemporaine, qu’elle est vraie, et qu’elle s’adresse à une héroïne moderne, son épouse Annie !

Je vais m’autoriser à vous la raconter, en restant discret bien entendu, sauf à puiser dans mes souvenirs d’hier et à extraire la substantifique moëlle d’une publication très officielle extraite pages 361 à 365 de la revue savante Nota lepid.30. Comme moi vous ignoriez tout de cette revue, sauf à cliquer sur le lien qui suit naturellement : http://www.soceurlep.eu/

Vous tombez (comme je le fais aussi) sur la Societas Europaea Lepideropterologica (ils parlent latin dites-donc !) qui nous annonce la tenue de leur 28ème congrès (2013) du 29 juillet au 4 août à Blagoevgrad (c’est en Bulgarie). Il ne faut pas rater ça ! Le frontispice de la page web est illustré d’un magnifique exemplaire de Thaïs, très attirant car il s’agit bien d’une belle espèce, rare, répandue dans toute l’Europe, et qui se nomme Diane en langage courant : une aussi belle Effigie que Beethoven au moins ! Moi, je préfère !



La cotisation n’est pas bien chère, 35 Euros, et les thèmes de haut niveau scientifique, à telle enseigne que signent des Docteurs, des docteurs germaniques par exemple, comme le trésorier Treasurer Robert Trusch, Staatliches Museum für Naturkunde, Erbprinzenstr. 13, D-76133 Karlsruhe, Germany. Les membres fondateurs regroupent : le President : Dr. Rienk de Jong (Leiden, Netherlands) ; Vice President : John Heath (Monks Wood, UK). General Secretary : Günter Ebert (Karlsruhe, BRD). Treasurer : Dr. Hans-Eckmar Back (Bonn, BRD). Membership Secretary : Dr. P. Sigbert Wagener (Bocholt, BRD). Meeting Secretary : Dr. Georges Bernardi (Paris, France). Editor  : Otakar Kudrna (Portsmouth, UK). Ouf vous avez noté comme moi qu’il y a un Français (ou plutôt un parisien) dans les membres fondateurs !

Si vous avez quelque chose à dire, que vous avez découvert une espèce nouvelle par exemple, vous publiez votre note, comme vient de le faire Jérôme Pagès. Je tente de reproduire le début :

JÉRÔME PAGÈS
Agrocampus, 65 rue de Saint-Brieuc, F-35042 Rennes cedex;

Résumé. Pseudochazara annieae sp. n. a été découvert dans la vallée de Swat (Nord Pakistan). Le mâle est immédiatement reconnaissable par ses ailes antérieures de couleur brun gris foncé ne présentent qu’une faible trace de bande postmédiane et ses ailes postérieures présentant, sur le même fond brun gris foncé, une bande postmédiane fauve orangé. La femelle présente ces mêmes caractéristiques à un degré moindre avec un fond brun clair. Dans les deux sexes, le revers des postérieures est gris avec des lignes postmédiane et antémarginale bien marquées. L’habitus des mâle et femelle est illustré en couleur en vues dorsale et ventrale. L’habitus de Pseudochazara droshica (Tytler), l’espèce la plus semblable à P. annieae, est également illustré.

Abstract. Pseudochazara annieae sp. n., was discovered in the Swat Valley (Pakistan). The male can be distinguished immediately from the other Pseudochazara by its dark grey-brown forewings with only a trace of a postdiscal band and by a orange postdiscal band on the hindwings. The female presents the same features but less prominent and with a clear brown background. In the two genders, the verso of the hindwings is grey with marked postdiscal and sub-marginal lines The abitus is illustrated in colour for both sexes in dorsal and ventral view. Pseudochazara droshica (Tytler), the species most similar to P. annieae is also illustrated.


Je dois fouiller dans mes souvenirs de Bretagne : nous sommes dans la période 1993-1998, je suis DRAF de Bretagne, adresse prestigieuse, 1 rue de Montfort. Un immeuble reconstruit après l’incendie de 1720, l’immeuble a donc 265 ans, escalier en chêne noirci par l’immersion en mer comme on le faisait alors pour les coques de bateaux. Mêmes architectes Pierre le Mousseux et Jacques-Jules Gabriel, que le Haras du Pin. Mêmes lambris, des vitraux dans le couloir d'entrée, un appartement de Haut Fonctionnaire ! Je côtoie fréquemment l’intelligentsia de l’Enseignement Supérieur agronomique, représenté par l’ENSAR, l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie. Mais aujourd’hui on dit Agrocampus-Ouest, Agro c’est bien l’agronomie, mais campus fait plus américain, et inclut Angers dans ce qui est un réseau de Grandes Ecoles d’Agronomie. Le Directeur est un Agro, Pierre Thivend, qui organise les cérémonies du centenaire de son Ecole, et publie un livre à l’occasion. Il y a le Professeur Pierre Aurousseau, qui modélise la Bretagne en 3D, et simule par ordinateur la dépollution des nitrates dans un modèle inspiré des travaux de Dassaut.  On ne nous écoute pas dans le cadre des travaux officiels de Bretagne Eau pure pour prévenir l’envahissement des algues vertes. Et on substitue à nos propositions basées sur la géographie et la biochimie des normes administratives, interdisant par exemple de cultiver une bande de 3 m le long des cours d'eau, alors qu'ici le sous-sol et la pente exigeraient 5 m ; et là il serait possible localement de supprimer tout recul : on voit le piètre résultat aujourd’hui de normes administratives systématiquement découplées de la réalité. Et je fais la connaissance d’un Professeur de mathématiques, Jérôme Pagès, parce que nous avons un même loisir soigneusement caché : les papillons. Moi j’ai cessé de chasser. Lui continue. Comme il ne trouve plus d’espèces nouvelles en France, il se déplace beaucoup pendant ses vacances, et se rend en Himalaya et au Pakistan. Des endroits encore vierges de pesticides. Il possède une collection impressionnante, un patrimoine en péril : je me souviens encore ses prophéties, sur les pâturages surpâturés par les chèvres (il faut bien répondre à la demande croissante de cachemire) et le risque que les chenilles n’aient plus rien à manger donc que les adultes disparaissent. C’est un grand observateur de la biodiversité, et ses observations sur le systèmes sol-herbe-chenilles-papillons sont passionnantes.


photo J Pagès de Polyommatus ashretha...l'arrière-plan est sublime !

Evidemment, passer ses vacances à arpenter les steppes, ou mieux les versants caillouteux et déserts des biotopes naturels, peut être passionnant pour un chercheur, et relativement ...austère pour son épouse. Et pourtant, abandonner son époux à ce moment privilégié des congés où les couples se rendent à Ibiza, Nice ou Gstaad, (Swiss holidays in the Bernese Oberland) serait une rupture ! Donc, Annie suit, accompagne son époux, le soutient dans ses moments de doutes (tous les chercheurs ont leurs moments de doutes, et leur épouse dans ce cas précis joue un rôle de soutien essentiel, à tel point que le chercheur étant récompensé (par une médaille-méritée) déclarera dans son discours de remerciement tout ce qu’il doit à son épouse-sans-qui-il-n'aurait-pu-aussi-bien-trouver).

Et voilà que Jérôme tient son papillon. C’est un Satyride, un de ces papillons d’été marron, dont les dessins sont destinés à les camoufler dans l’ambiance pré-automnale qui se dessine déjà dans les couleurs du paysage. Je vous renvoie aux lépidoptères en question :

 Mais personne ne l’a déjà observé celui-là. En voici la description officielle :  Pseudochazara annieae n. sp. (Fig. 1) M a t é r i e l . Holotype P, ‘Pseudochazara annieae | holotype | Pakistan | Kalam 2100m | 29 vi 2006 | leg. J. Pagès’, déposé au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. – Allotype O, ‘Pakistan | Kalam 2100m | 4 vii 2006’, leg. et coll. J. Pagès. – Autres paratypes (30P, 2O: leg. et coll. J. Pagès sauf 1P coll. J. Mairiaux et 1P coll. Kiev Zoological Museum) ; mêmes localités avec 15P (29 vii 2006), 15P (4.vii.2006) et 2O (4.vii.2006).

 Vous remarquez que Jérôme utilise le terme d’holotype : a holotype is a single physical example (or illustration) of an organism, known to have been used when the species (or lower-ranked taxon) was formally described. It is either the single such physical example (or illustration) or one of several such, but explicitly designated as the holotype. Vous trouverez vous-même la définition d'allotype, ainsi que paratype, en consultant Wikipedia !

Bravo Jérôme. Et surtout, bravo Annie. Jérôme a rendu Annie immortelle. Il lui fait ce compliment, intégré tel quel dans la publication. Il parle d’Annie au présent (l’aventure c’est maintenant), on a l’impression qu’il y en a eu déjà beaucoup, et qu’il va y en avoir encore d’autres. Je cite dans le texte :

« Etymologie. Cette espèce est dédiée à mon épouse Annie, qui m’accompagne dans
bien des aventures ».

On leur en souhaite des tas pour la nouvelle année 2013 !

A propos : si vous avez des loisirs à Paris, rendez vous donc au Musée d’Histoire Naturelle : vous y verrez l’holotype !

d'habitude, les marges claires latérales (encore visibles en bas chez la femelle), sont beaucoup plus contrastées

Christian Gouel

 ...Fabricant et restaurateur de maquettes

J’ai tenté de vous présenter les quelques mécaniciens d’art exerçant en France (ils seraient 5 en tout, sur 15 dans le monde entier, et je ne m’inclus pas dans le nombre !), en omettant bien involontairement Christian Gouel. Erreur impardonnable, puisque Christian a une autre qualité : il est Normand ! Jean-Marie me renvoie un article paru dans Seine-Maritime-MAG, qui présente le maquettiste, avec le titre :  « modèle de précision ». Je préfère : « mécanicien d’art ». Mais en réalité la rubrique officielle se nomme : « Fabricant et restaurateur de maquettes ».


Je dis « rubrique officielle » car le cadre formel (tout est catégorié en France, c’est le pays de la norme) est donné par les Ateliers d’Art de France, créés en 1968, et qui visent à encadrer, faire connaître, promouvoir les artisans d’art, pour peu qu’ils se présentent au concours annuel.

Christian Gouel a présenté sa candidature, et a été primé, ouf ! pour cette catégorie classée dans la rubrique « divers » des Chambres des Métiers : les fabricants de maquettes.


Je crains bien que notre (cher) pays, qui n’aime pas les riches ; les entrepreneurs ; les entrepreneurs-riches ; les créatifs et les artistes (sauf ceux engagés à gauche et faisant du cinéma), se fiche royalement des mécaniciens d’art, les confondant avec les artisans qui faute d’avoir échoué aux études longues préparant au concours de d’ENA, ont du se replier vers les métiers de boucher, plombier et mécanicien automobile : vous savez ? ceux qui mettent les mains dans la viande saignante ; les égouts ; ou dans le cambouis.

Christian Gouel qui travaille seul, produit des maquettes de grande diffusion, mais il a privilégié la marque Bugatti, synonyme de prestige. Pour vivre il produit des modèles à l’échelle du 1/43è, les plus courants, car faciles à ranger, et d’un prix abordable.


Ce ne sont pas ceux là qui m’intéressent, mais les gros, au 1/8è. De la résine on passe au laiton, au cuir, et aux détails qui transforment toute maquette en objet d’art. Avec deux mille heures de travail par voiture, au tarif du SMIC, le prix de revient (hors taxes !) est tout de suite de 20.000 Euros, ce qui ne valorise pas bien cher l’heure du maquettiste-artiste il faut bien en convenir. Je vous laisse deviner le prix réel de la voiture, plus proche de celui d’une belle voiture allemande ! Mais c’est une Bugatti, tous les détails sont reproduits, et c’est donc doublement un oeuvre d’art. Elle est dispensée de tout impôt sur la fortune, ce qui mérite considération …si vous résidez (encore) en France !

Pour Noël…faites donc un placement !

Payez vous une maquette d’art !

Une Bugatti type 30 de 1926 par exemple … !


pour 2013, Christian ne nous promet ni sueur ni larmes ! mais cette Delamare-Deboutteville de 1884,
la première voiture au monde...c'est une normande !

mardi 11 décembre 2012

Elegant durch den Schnee

AZ 7500 St. Moritz 114. Jahrgang Nr. 151 Donnerstag, 27. Dezember 2007

Engadiner Post …

La mode étant à la langue germanique, je suis fier de me souvenir de mon allemand-première-langue, et de me remettre à relire la langue de Goethe. S’il s’agit de bagnoles cela est plus facile ! « Elégant dans la neige », ce titre de la revue suisse Engadiner post  s’impose aujourd’hui qu’il fait moins 5°, comme à Saint-Moritz :  je vais pouvoir sortir mes Kégresse !

Je vous ai déjà montré quelques autochenilles sorties dans les années 1928-30, quand André Citroën se baladait dans l’Engadine à St-Moritz, avec son copain Charlie Chaplin et leurs familles réunies. C’était il y a un an, même temps, même envie de disposer d’une Kégresse-neige pour se balader en ville : http://babone5go.blogspot.fr/2011/01/plaque-dimmatriculation-5277x9.html

Auch Charles Chaplin bestaunte 1933 vor dem Palace-Hotel den Raupenantrieb.

Je viens de tomber sur un article en allemand, qui nous rappelle la belle période de 1929/30 (enfin pour les Suisses !), quand les Postes de Berne cherchaient à désenclaver  leurs succursales enneigées : il s’agit de relier sur 10Km Chur  (Coire en français) et Tschierschen. A 598m d’altitude, c’est enneigé l’hiver naturellement.

Elles commandent deux châssis équipés de chenilles P15N à André Citroën. Mais elles les font livrer à Gangloff, le célèbre carrossier basé à Berne depuis 1903. Cela ne l’empêche pas d’ouvrir un établissement à Colmar en 1930, lui permettant de réaliser près de la moitié des carrosseries des Bugatti. Il s’attaque aussi à toutes sortes de véhicules, notamment des autocars, comme le Berliet PLB 8 dans les années 1950.

Dans notre cas, il s’agit d’un petit autobus de 7 places, décapoté pour prendre le soleil. Le moteur est le 6 cylindres des C6.

Voici donc Charlie Chaplin admirant la chenille, et notre autocar dans son décor. Il fait beau et on a envie de les rejoindre dans leur trajet.


Sans vouloir faire une rétrospective de ces petits bus, j’ai réuni les photos les meilleures de ces véhicules, qui ont transité jusqu’en Islande !





dans un musée d'Islande

jeudi 29 novembre 2012

Harengs de Rouen


Nous sommes de retour de Bretagne, mais pas vers le Sud, comme à l’aller : vers l’Est en passant par Paris. Grande joie de remonter les Champs Elysées. De tenter de stopper rue de la Paix…je dis bien tenter, car malgré les parkings vides de la cour intérieure de l’endroit (prestigieux) où nous nous rendons, les étrangers (nous) ne peuvent pénétrer, et il faut aller chercher le parking public en contournant la colonne Vendôme. Prendre la rue St Honoré, puis entrer place du marché (du même Saint) pour trouver le parking public. Il appartient d’ailleurs à un descendant du grand peintre Léonard, celui qui a inspiré Da Vinci Code ! De retour (rendez-vous tenu), descente des Champs, dans l’autre sens ; contournement de l’Arc de Triomphe, et destination Porte St Cloud (que des Saints). Autoroute familière, jusqu’à l’arrivée à Rouen, entrée obstruée depuis que le Pont Ste Mathilde (encore un Saint mais du sexe opposé) a sauté. Avec de la patience, on arrive à nos fins : rejoindre notre point d’accueil. Je ne vous dis pas où pour que cela reste secret : on ne dévoile pas ses sources !

il est interdit de téléphoner au volant, pas de photographier ?

Ah oui : le titre a du vous intriguer : que vient faire le hareng dans cette histoire ?

Il se trouve que le hareng (Clupea harengus) est une espèce de poissons vivant en grands bancs, dont les déplacements dans les eaux froides, à la fois fortement salées et oxygénées, ont été étudiés de près par les scientifiques, car il constitue une base alimentaire énorme, en tous cas pour les pays du Nord. J’inclus la Normandie dans le Nord, et j’ai été imprégné de hareng dans ma petite enfance. J’utilise le terme « imprégnation » dans le sens de Lorenz, décrivant comment on devient le papa d’une oie si on lui fait croire à la sortie de l’œuf qu’on est son père en lui donnant le biberon, question d’éducation tout simplement. Elle le voit, elle le croit. En Normandie, on apprend aux enfants à manger du hareng, en leur rappelant que leurs ancêtres Vikings en raffolaient. J'ai été moi-même imprégné. Bref ! Le paradoxe, c’est qu’il reste un poisson d'un prix très abordable car facile à pêcher. Dans le midi, vous aurez beau chercher (comme je le fais obstinément) dans les poissonneries, vous ne trouvez que le bouffi, le hareng saur. Aucun rapport ! Dans mes souvenirs de gosse, le hareng est frais. Beau comme un miroir, il éclate d’argent. Et ma maman (je rêve que je suis petit) le transforme en hareng mariné, après l’avoir laissé mariner (of course) dans une marinade. Quand on tombe sur un mâle, on découpe le ventre pour trouver la laitance. Pas forcément fameux. Mais si l’on tombe sur une femelle, et si celle-ci a des œufs (question de saison), les œufs en question forment la rogue, et on la dévore avec appétit car sous les dents se brisent les œufs juxtaposés, et c’est bon comme des œufs de hareng. Je vous ai déjà parlé de caviar. Ainsi que de poutargue. Vous mangez des oeufs de saumon. C’est le quatrième poisson (à ma connaissance) dont on mange les œufs.

Mon frère (qui est imprégné de hareng) revient de Dieppe, où l’on fête le hareng comme le melon à Cavaillon, ou la truffe à Nyons ( Drome). C’est lui qui me ré-initie, mon logiciel comme on dit à Paris quand on veut avoir l’air savant, étant légèrement empoussiéré.


Alors il me fait partager ses secrets : avant de pouvoir marcher à pied vers la place Saint Marc (nous ne fréquentons que des Saints), encore faut-il parquer son véhicule. Vous avez noté comme ce sujet était primordial tout à l’heure. Ici, mon frère sait comment s’affranchir de la tutelle de Vinci, et contourner Da Vinci Code. Il faut se rendre sur les quais. Les quais de Seine, car on n’y applique pas le code de la route, mais le code des péniches. Ce code a oublié (pour le moment) d’appliquer une taxe de stationnement sur l’endroit où les mariniers garent leurs chaloupes. La SNCF a oublié les voies de chemins de fer (rouillées) qui parcourent les quais. Et la voirie a oublié les quais (qui ne sont pas des routes), oubliant par là même d’en reboucher les trous (pleins d’eau boueuse car il pleut ici), trous que l’on peut légitimement qualifier de «nids de poules » (d’eau)). Je mets les parenthèses comme en mathématiques quand on veut décrire une fonction.

Il suffit de trouver une place (car de nombreux dissidents se battent contre Vinci). D’avoir chaussé des bottes étanches. Et un escalier judicieusement placé (pour permettre aux mariniers d’aller boire dans un bouchon) vous permet de remonter en haut, là où se côtoient trottoirs et routes. La circulation est dense (tous ces automobilistes qui n’ont pas trouvé de parking), il faut appuyer sur les gros boutons rouges des feux (verts pour les voitures) pour qu’ils passent au vert (des piétons que nous sommes, ça met une heure pour s’allumer, et après ça crée un bouchon).


Ouf ! Quelques minutes plus tard, on arrive au Chalut. C’est une poissonnerie comme on en a ici, je veux dire approvisionnée par des pêcheurs du Nord. Petite angoisse : en auront-ils ?

YES : ils ont du hareng, du frais, vous voyez c’est du canot frais. Ca veut dire qu’il n’a pas été pêché par l’un de ces harenguiers géants qui raclent les fonds, mais par de gentils pêcheurs écolo qui n’ont qu’un canot, et pratiquent donc une pêche attentive aux stocks, pour laisser les mamans (harengs) éclore leurs gentils œufs pour produire beaucoup de descendance, assez pour qu’on puisse prélever, nous les hommes, de quoi nous restaurer.

Le Chalut est sympa : il pratique ce qu’on appelle dans les filières la valeur ajoutée. Je vous explique : je doute que vous mangiez, malgré votre imprégnation infantile, le hareng cru. Vous le faites donc mariner. Comme la vie moderne (trépidante) ne permet pas à votre compagne de le faire (je ne vois pas pourquoi vous le feriez vous-même), le Chalut le fait pour vous. Et vous le vend comme vous le voyez sur la photo 12,90 Euros le même kilog. La différence, 10,90 Euros, c’est la « valeur ajoutée ». Il vaut mieux vendre (pour le vendeur) le hareng mariné que cru. Il faut toutefois déduire de la valeur ajoutée la TVA, le prix de la marinade, composée d’eau ; de vin blanc (de table) ; et de vinaigre (blanc lui aussi, celui qui sert à détartrer la cafetière).

Le pire c’est le salaire du marineur, payé aux 35 heures avec les charges sociales que l’on sait. In fine, vous calculerez vite que si ça a payé, dans des temps reculés, le Chalut ne fait plus aujourd’hui qu’un maigre bénéfice. On dit d'ailleurs : une marge. En fait, il réalise une vraie mission de service public, en faisant en sorte que nos enfants de la génération actuelle, s’adonnent eux aussi au hareng, plutôt que de recourir à des drogues bien plus chères, et plus nocives pour leur santé.













Merci donc au Chalut,

Pour m’avoir autorisé à photographier (puis dévorer) ses harengs-canot

Je dois vous dire que c’était bon, et même beau

D’autant qu’on a niké Vinci (comme diraient nos ados)