vendredi 31 janvier 2020

Artcurial à Rétromobile

Ca y est ! je viens de trouver le catalogue de la vente Artcurial à Rétromobile ! Toujours des voitures de rêve, des voitures inaccessibles, mais les photos sont gratuites : un fastidieux travail de recopie d'écran, mais j'ai sélectionné pour vous les merveilles : les plus attirantes, deux Alfa Roméo, deux soeurs, qu'il faut acheter à la fois pour ne pas les séparer, les stars du salon automobile de Genève 1938 !




Le carrossier : Worblaufen

J'ai recopié la notice pour vous : une sacrée page de l'histoire automobile suisse : "Il y a plus d'un siècle, Fritz Ramseier posait les fondations de ce qui allait devenir « Worblaufen», le carrossier suisse renommé. Pendant 30 ans, le fabriquant de voitures hippomobiles Fritz Ramseier (1872-1936) a travaillé de concert avec le forgeron local, Gottfried Bärtschi, dans leur ville natale de Worblaufen. 

Ce n'est que lorsque trois de ses quatre fils l'ont rejoint en 1929 que l'affaire familiale a pris plus d'ampleur pour devenir l'un des carrossiers les plus réputés dans le domaine des automobiles de qualité. Alors qu’Ernst était en charge des ventes et que Hans, étameur, dirigeait l'atelier, Fritz Junior (1904-1985) assumait la direction de l'entreprise. Avant de rejoindre l'affaire familiale, Fritz Junior avait appris l'art du design en étant apprenti carrossier chez Gangloff, carrossier suisse de première importance ayant produit de nombreuses Bugatti, et chez une autre société suisse réputée des années 1930, Saurer. Grâce au talent de Fritz, seul dessinateur de l'entreprise, Worblaufen s'est forgé une excellente réputation qui lui a permis de figurer parmi les meilleurs carrossiers de cette époque. Il était connu notamment pour ses petites séries ou modèles uniques réalisés sur la base de châssis fournis par les marques les plus en vue. Élégance, lignes aristocratiques, proportions équilibrées et finition raffiné distinguaient les réalisations de Worblaufen. A son apogée, le carrossier employait jusqu'à 40 personnes. Pour la seule fabrication d'intérieurs et de pavillons, Worblaufen comptait 12 artisans spécialisés. Depuis le début des années 1930 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Worblaufen s'est fait connaître surtout pour ses carrosseries ouvertes fabriquées sur des châssis, entre autres, Alfa Romeo, Bugatti, Isotta Fraschini, Hispano, Buick, Bentley, Delahaye, Ford, Peugeot et Renault. 

Les ventes étaient favorisées par son système de toit décapotable breveté qui pouvait être commandé d'une seule main et présentait une capote très compacte une fois repliée. L'entreprise a continué à prospérer après la Deuxième Guerre mondiale, jusqu'à ce que la situation change avec l'importation en nombre croissant de voitures venant desÉtats-Unis. En 1957, le dernier cabriolet quittait l'atelier, sur la base d'un châssis BMW 502. Au total, la carrosserie Worblaufen a produit quelque 800 carrosseries, dont environ 40 auraient aujourd'hui survécu.

En 1983, après avoir poursuivi son activité en produisant et réparant des carrosseries de camions, Worblaufen a vu sa glorieuse histoire arriver à son terme. Heureusement, peu de temps avant la destruction en 1995 du bâtiment abritant l'atelier d'origine, les archives complètes ont pu être confiées au « Swiss Car Register », où elles peuvent être consultées aujourd'hui".


Artcurial est fier d'avoir précédemment vendu l'Isotta Fraschini Ramseier d'Albert Prost, qui a par la suite remporté le «Best of Show» du concours d'élégance de Pebble Beach. Cette année à Rétromobile, nous allons pouvoir admirer ces deux Alfa Romeo côte à côte, remarquables par leur forme, leur histoire et leur état. Elles ont été réunies grâce à la réelle persévérance d'un passionné suisse de la région de Zurich !



De 1934 à 1938, entre 1.300 et 1.400 Alfa Romeo 6C 2300 complètes et environ 224 châssis roulants ont quitté l'usine (sans compter les châssis 8C 2300 et 8C 2900). Le châssis Lungo présenté ici fait partie de seulement 10 châssis roulants qui ont été envoyés chez Worblaufen pour être équipés d'une carrosserie cabriolet. Commençons par la conclusion : il est généralement admis que cette Alfa Romeo 6C 2300 B Lungo cabriolet est une des plus belles carrosseries jamais conçues et produites par Worblaufen...






Cette élégante et unique Alfa 6C est équipée d'une carrosserie artisanale en aluminium portant la remarquable signature Worblaufen. Construite en 1937/1938, elle a constitué la véritable révélation du quinzième Salon de Genève 1938, où elle a attiré les regards des nombreux admirateurs séduits par son dessin audacieux et élégant, parmi ses contemporaines traditionnelles. La carrosserie noire, moderne et aérodynamique se distinguait du reste avec ses jantes à rayons rouges, son intérieur en cuir rouge, ses fines ailes avant reliées au capot moteur, sa calandre plus étroite que celles des Alfa Romeo standard et sa partie arrière comportant un aileron intégré.

Des courriers des «Swiss Car Archive» montrent comment l'histoire de cette belle automobile a commencé un an plus tôt, quand Fritz Ramseier a écrit à son fidèle client E. Morf pour résumer leur précédente discussion et donner la liste des caractéristiques d'un cabriolet Worblaufen commandé sur un châssis Alfa Romeo Lungo. Il mentionnait un prix initial de 18 000 francs suisses (châssis Lungo 10 500 francs suisses et carrosserie 7 500 francs suisses). L'offre était accompagnée d'une entrée gratuite au Salon de Genève 1937, pour que M. Morf puisse venir voir une voiture similaire. M. Morf a répondu à ce courrier avec une contre-proposition à 12 000 francs suisses.

Il existe une correspondance entre M. Ramseier et l'usine Alfa, dans laquelle il sollicite une réduction du prix du châssis... L'usine Alfa Romeo a accepté de descendre à 8 500 francs suisses. Finalement, en février 1938, les deux interlocuteurs ont conclu un accord à 13 500 francs suisses, à la condition que la voiture soit exposée au Salon de Genève 1938. La correspondance entre MM. Morf et Ramseier illustre ce qui précède.

L'Alfa Romeo 6C 2300 B Lungo cabriolet Worblaufen est devenue la star du Salon de Genève 1938, et il n'est guère étonnant que l'actuel propriétaire de la voiture ait été invité en 2018 à venir présenter son « Meisterstück » pour célébrer le 80e anniversaire du Salon de Genève. En 1939, M. Morf a vendu l'Alfa Romeo à M. Allemand, de Biel (Suisse), qui a ensuite laissé sa voiture à sa fille. En 1952 le troisième propriétaire, M. Wagner, a acheté la voiture à cette dernière, avant de la céder en 1979 à l'actuel propriétaire, M. Koni Lutziger, un amateur zurichois de voitures et motos rares. Celui-ci l'a conservée ainsi depuis 40 ans, dans son état d'origine non restauré. Il existe un nombre impressionnant de documents concernant la ligne de propriété de l'Alfa Romeo.

Avant la vente de l'Alfa Romeo en 1979, M. Nikles, du Lindenhof Garage, qui s'occupait des voitures
de M. Wagner, a effectué sur la voiture une importante opération d'entretien, avant de la présenter aux autorités adéquates pour une vérification officielle. Ces documents, conservés dans les archives, permettent de constater que, à cette date, la voiture avait parcouru 57.165 km. La facture de M. Nikles s'élevait à environ 2 600 francs suisses, mais elle indiquait aussi qu'une réduction de 2% pouvait être effectuée en cas de paiement comptant...





C'est très joli de s'enthousiasmer, mais il y a la réalité, et le prix !

-la première Alfa, nettement plus jolie, est estimée entre 1,25 et 1,75 millions d'Euros
-la seconde, entre 650 et 750 000

et si vous achetez les deux ?

eh bien, ce sera de 1,9 à 2,5 millions !

pas donné à tout le monde !

jeudi 30 janvier 2020

Une vraie Baby Bugatti au prix d'une vraie voiture !



Pour marquer le 110ème anniversaire de sa fondation, la firme française présente une nouvelle Bébé Bugatti, baptisée cette fois Baby II. Pour élargir son audience à de grands adolescents (fortunés), cette Type 35 miniature s’en tient à l’échelle trois quarts, plus imposante. Sous sa carrosserie parfaitement réaliste (les proportions du modèle Type 35 ont été mesurées par scanner) se cache une batterie d’accumulateurs au lithium-ion qui alimente un moteur de 10 kW. Le constructeur tait la valeur précise mais il est permis de penser qu’avec une telle puissance, les 100 km/h peuvent être atteints. De fait, le pilote en herbe qui ne détiendrait pas la clé “Speed Key” se verra ramené à la vitesse maximale de 45 km/h, voire à 20 km/h (comme à l’époque) si le mode enfant devait être enclenché (puissance bridée à 1 kW).






En échange d’un prix de 30.000 euros, la Bugatti Baby II est livrée avec une paire de phares, une planche de bord en aluminium bouchonné, un siège baquet garni de cuir et de magnifiques roues en alliage de métaux légers poli. Chaque exemplaire arborera une plaque numérotée mais seuls ceux commandés avant le terme de l’année du centenaire, en 2019, auront droit au badge “110 ans Bugatti”. 


Trop tard pour commander

mais il reste peut-être quelques places ?


PS : comme c'est mon cas, vous devez peut-être renoncer, votre véhicule habituel valant moins que les 30000 Euros demandés, alors que vous ne pouvez vous passer de lui pour circuler ?

Je vous propose deux solutions :

ou vous fabriquez vous-même votre Baby Bugatti







ce n 'est pas à portée de tout un chacun !

... ou encore vous commandez à Cherbourg le modèle de SOMMER




il est moins prestigieux, mais ne coûte que 1500 Euros !

0673395874


mercredi 29 janvier 2020

La Ville Louvre (5)


Trois ans que le Régent attendait ce film... et son auteur Nicolas Philibert. Et il est là ce soir, souriant, détendu, on le devine sensible et attentif aux autres. Comme souvent, voir le film est insuffisant, il faut comprendre dans quelles conditions il a été tourné, et Nicolas est malicieusement prolixe sur le sujet.




Nous sommes dix ans en arrière, la Pyramide du Louvre a bien été construite. Un des conservateurs décide de sortir Charles Lebrun (1) de l'oubli, puisque ses toiles (immenses) sont roulées sur d'immenses cylindres de bois stockés dans les réserves... on réalisera qu'elles sont humides... Il faut les sortir. Leur faire traverser des couloirs sans fin, et des portes étroites ; monter et descendre des plans inclinés. Puis étaler et dérouler les toiles extraites de leurs cylindres, s'apercevoir que les bords sont moisis et se décollent, prendre conscience de la surface énorme des toiles. Les réparer, encadrer, les mettre verticales avec force palans et force de marins hissant les voiles en criant ho ! ho !... Enfin les accrocher, travail d'équilibriste et de perçage de trous, clous et vis sur d'immenses échafaudages roulants. 






voir PJ (2) "l'entrée d'Alexandre le Grand dans Babylone", reconnaissable par le cheval blanc à droite


Et le conservateur en question a mandé Nicolas pour filmer ce déménagement, qui doit durer une simple journée. Nicolas prend goût à l'aventure, quand il découvre l'envers du décor, les machinistes en blouse bleue transportant les cadres et les accrochant. Les couloirs immenses. Les portes dérobées...et les réserves pleines de sculptures et autres bustes, étiquette au cou. 




Alors il fait un truc insensé : il revient le lendemain, personne ne s'étonne, et il filme. Tout le monde pense qu'il est autorisé à le faire, puisqu'il l'était la veille. Et il découvre la hiérarchie du Louvre, qui comme dans toute Administration française est composée de Cadres catégorie A+, le Directeur qui ne sera informé qu'à la fin. Il délègue manifestement à ses collaborateurs de catégorie A, et a des choses immenses à régler, le Louvre, son rayonnement, Lens ; Abu Dabi, le Ministre qui le harcèle au téléphone... Les catégories A, un homme en cravate, un Conservateur, et une dame qui manifestement est là pour le seconder et approuver ses hésitations au modalités d'accrochage des tableaux, que ce soit en colonne ? ou en ligne ? ou les deux ? Faut-il en mettre peu pour que les visiteurs ne voient que ce qu'ils ont décidé, alors que les réserves sont pleines ? Faut-il en mettre beaucoup pour que les réserves se vident et que les visiteurs en voient davantage, au risque de les noyer dans la multitude ? Voyez il faut au moins un Homme de catégorie A flanqué d'une Femme de même catégorie pour le valider dans des choix aussi cornéliens !




Sous eux (sur le plan hiérarchique s'entend) il y a des hommes, très peu de femmes, de catégorie C. On demande aux hommes surtout un travail physique, les femmes sont préférées pour les travaux délicats de restauration des peintures piquées par l'humidité des réserves par exemple. Le boulot des catégories C est d'exécuter les ordres des catégories A relayés par les catégories B peu visibles. Attention si un catégorie C prenait des initiatives il serait proactif, et offenserait les catégories qui ont réussi le concours d'entrée visant à les sélectionner pour réfléchir. Je dois vous dire que les choses ne sont pas dites de manière aussi manichéenne, et j'ai interprété cette hiérarchie pour l'avoir pratiquée professionnellement pendant quarante ans au Ministère de l'Agriculture (et de la Forêt et de l'espace rural, et de l'alimentation etc... etc...). Nicolas Philibert ne parle pas comme moi en catégories. Pourtant, c'est ce qui apparaît : la France des statuts du Public démasquée sous nos yeux. Forcément, la salle est sous le charme ! 

-"il faudrait déclencher l'alarme pour les faire revenir" !

Selon  Nicolas, mais il est difficile de le croire, il serait resté sur place 45 jours avec son équipe, à filmer celle Ville Louvre vue par les coulisses avant que quiconque s'aperçoive de quoi que ce soit, alors par exemple qu'il y a environ 350 surveillants sur place, la vigilance s'exerçant normalement sur le risque d'incendie, d'attentat, et naturellement de vol ? ? En pratique, dit-il, (c'était son témoignage qui valait autant que son film) il a monté une heure de projection. A "sollicité une audience" du Directeur du Louvre (c'est comme cela que l'on doit écrire sa demande à un A++). Et a obtenu une heure, pour lui projeter un film-qui-n'existait-pas-ni-produit-ni-financé-ni-sollicité-ni-autorisé. Là où le Directeur a été classe, c'est qu'il a pris le temps sur son emploi-du-temps-surchargé. A découvert la vie de fourmi de ses équipes, et a été enthousiasmé par l'originalité de la vision de son Musée vu de l'intérieur, avec le caractère super-humain de la chose. Il aurait simplement fait observer que -"la sécurité ne paraissait pas au prime abord comme l'objectif primordial des équipes" ! Ce à quoi Nicolas interloqué par la justesse du propos (puisqu'il était dans lui-même dans l'illégalité depuis 45 jours) a fait prononcer une réplique par l'un des intervenants, très coopératif pour jouer le jeu, disant à un moment où les deux catégories A étaient partis lors d'un accrochage laissant les ouvriers sans consignes, -"qu'il faudrait sans doute déclencher l'alarme pour les faire revenir". Les desiderata du Directeur Général étaient satisfaits : tous les spectateurs sauraient désormais qu'il y avait bien des alarmes au Louvre, et qu'il n'était pas suffisant de se déguiser en caméraman pour avoir le droit d'entrer et de repartir une toile sous le bras !

seuls les cadres A peuvent valider qu'un cadre est horizontal

In fine, le film aurait été dupliqué et donné en cadeau de Noël à chacun des Fonctionnaires du Louvre, les cadres A fiers de montrer qu'ils réfléchissaient, voire hésitaient, avant d'accrocher une oeuvre ; les C fiers de montrer que sans eux, ce n'est pas deux cadres A (même paritaires) qui risquaient de faire sortir Charles Lebrun de l'oubli !

J'ai pris mes photos sur internet, et n'en ai pas posté beaucoup, parce qu'il faut voir le film qui dure à peur près une heure, et surtout entendre les commentaires de Nicolas Philibert

le plus simple était encore de fréquenter le Régent

maintenant, il faudra attendre l'année 2021 !


les Rencontres du film d'art prolongent Noël à Saint-Gaudens jusque fin janvier de l'année suivante


PS (1) : Charles Lebrun, le peintre du Roi Soleil Louis XIV

            bien entendu que je vous en reparlerai


PS (2) l'entrée d'Alexandre le Grand dans Babylone

on reconnait à droite le cheval blanc vue de gauche et son cavalier se protégeant d'un bouclier
ce tableau mesure 4,5 m de haut et 7,07m de long

en dehors des rencontres d'art au Régent

on peut aller au cinéma toutes les semaines

aujourd'hui le programme change comme tous les mercredi

après tout, il s'agit du septième Art !

https://www.cineregent.fr/