mardi 30 juin 2015

Ce n’est pas leur dette ! (3)

Patrick Saurin accuse !


La vérité n’est pas celle que nous serine à longueur de journée les journaux télévisés. Ne confondons pas Etats ; Banques ; et le peuple Grec !

Patrick Saurin mérite d’être entendu, voici ses propos :

De grandes institutions qui violent les règles élémentaires de droit, bafouent leurs propres statuts, tolèrent des malversations et des fraudes, de grands responsables politiques et financiers pris en flagrant délit d’infraction et de malversation, et pour finir un peuple grec floué, humilié et spolié, telle est la triste réalité que révèle en pleine lumière le Rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque |1|.

Contrairement à ce que répète à l’envi la cohorte d’experts et de journalistes invités à demeure des plateaux de télévision, des radios et de la presse écrite, la crise grecque ne trouve pas son origine dans un peuple essentialisé comme fainéant, fraudeur et vivant à bon compte sur le dos de l’Europe et de ses habitants. C’est une toute autre histoire que met en évidence la Commission à l’issue de ses premières investigations.

Aléa (moral) jacta est

En effet, la crise de la dette publique grecque est en réalité une crise générée par quelques grandes banques, en particulier françaises et allemandes, qui après avoir privatisé des profits conséquents, ont socialisé une bonne partie de leurs pertes, non moins conséquentes, par une manipulation digne des praticiens du jeu de bonneteau. Dans cette escroquerie à grande échelle, le rôle du bonneteur ou manipulateur est tenu par les banques, celui des complices ou « barons » par la Troïka (le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne), celui des seconds couteaux par les gouvernements des États européens, et enfin celui de la victime par le peuple grec. Le préjudice subi s’élève à 320 milliards d’euros, le montant de la dette grecque.

L’histoire commence au début des années 2000, à un moment où les grandes banques occidentales décident de déverser massivement sur le marché grec, qu’elles estiment plus rémunérateur pour elles que leur marché national, une part importante des énormes liquidités dont elles disposent. Prises d’une frénésie irrépressible, elles prêtent aux entreprises, aux particuliers, à l’État grec et procèdent à l’acquisition de filiales sur place pour opérer plus facilement, à l’exemple du Crédit Agricole avec Emporiki et de la Société Générale avec Geniki. Inondées de liquidités, les banques grecques, privatisées depuis 1998, se lancent à leur tour dans l’octroi d’une quantité d’emprunts sans prendre la peine de procéder à l’analyse du risque qui est pourtant la base du métier de banquier. Ainsi, entre 2000 et 2009, les crédits explosent, les prêts aux ménages et les crédits immobiliers sont multipliés par 6, les financements aux entreprises doublent. Tout n’est que profit, calme et volupté dans le petit monde de la finance jusqu’à ce qu’éclate la crise de 2008-2009. Née aux États-Unis avec la crise des subprimes qui a vu la spoliation de millions de ménages modestes, la crise devient internationale et gagne l’Europe et la Grèce. En Grèce, de nombreux ménages se retrouvent brutalement dans l’incapacité de payer leurs échéances et les banques sont aux abois. C’est alors qu’interviennent les gigantesques plans de soutien aux banques mis en place par la Banque Fédérale aux États-Unis (29 000 milliards de dollars) et par la Banque centrale européenne (5 000 milliards d’euros) car, fidèles pratiquants du commandement de l’aléa moral, les banquiers se sont empressés de faire supporter leurs pertes par les États, c’est-à-dire par les contribuables.

La Troïka ou l’éloge du crime en bande organisée

En 2009, en Grèce, la falsification des chiffres du déficit et du niveau de la dette publique donne le prétexte qui manquait pour justifier l’intervention du FMI au côté de ses deux complices, la Banque centrale européenne et la Commission européenne. Sous couvert de « plans de sauvetage » de la Grèce, cette Troïka va imposer au pays deux memoranda. Ces derniers prévoient des financements importants, respectivement de 110 et 130 milliards d’euros, mais qui, pour l’essentiel ne vont bénéficier qu’aux banques grecques et étrangères qui recevront plus de 80 % des sommes débloquées. Mais surtout, ces plans d’ajustement sont accompagnés de drastiques mesures d’austérité : licenciements massifs dans la fonction publiques, coupes dans les services publics, diminutions des salaires et des pensions, bradage du patrimoine du pays. Les effets de ces politiques vont être catastrophiques : en quelques années, le pays perd 25 % de son PIB, voit son taux de chômage tripler pour atteindre 27 % (60 % chez les jeunes et 72 % chez les jeunes femmes), et en lieu et place d’une diminution de la dette publique, on voit celle-ci augmenter jusqu’à 320 milliards d’euros pour représenter 177 % du PIB en juin 2015. Dans ces plans d’austérité imposés à la Grèce, le plus inadmissible est la crise humanitaire qu’ils ont suscitée en frappant indifféremment enfants, personnes âgées, migrants, malades, femmes isolées sans emploi, c’est-à-dire les plus fragiles de la société. Gabriel Sterne, un économiste d’Oxford Economics (une société de conseil spécialisée dans l’analyse économique et la prospective), reprenant une étude d’économistes du FMI portant sur 147 crises bancaires sur la période 1970-2011, constate que la crise grecque fait partie des 5 % des crises les plus graves. La chute de 42 % du PIB de la Grèce entre 2008 et 2015 est un phénomène qui n’a été observé que dans des pays confrontés à des guerres, à des effondrements du cours des matières premières et en Argentine dans les années 1980 et 1995.

2012 : Une restructuration de la dette au profit de la Grèce ? Non, une gigantesque opération de transfert des risques des banques privées vers le secteur public

L’événement le plus important dans la crise grecque ces dernières années, c’est le changement radical quant aux détenteurs de la dette publique. Alors qu’à la fin des années 2000 cette dette était à 80 % entre les mains des investisseurs financiers privés, aujourd’hui, c’est le secteur public qui la détient dans les mêmes proportions. Les économistes Benjamin Coriat et Christopher Lantenois ont attiré l’attention sur cette inversion de la dette grecque au niveau de sa structure à l’issue de la restructuration de 2012 dont l’objet essentiel était d’opérer « un transfert massif de risque du privé au public ». Leurs collègues Zettelmeyer, Trebesch et Gulati soulignent également ce phénomène inhabituel : « Nous n’avons pas connaissance dans toute l’histoire des dettes souveraines d’un autre cas de « migration de crédit » du secteur privé vers le secteur public aussi énorme. »


Cette « migration de crédit » obéissait au souci de sauver les banques, et non la Grèce et sa population. En juin 2013, ATTAC Autriche a publié une étude très détaillée pour identifier les véritables bénéficiaires du soi-disant « sauvetage » de la Grèce intervenu entre mai 2010 et juin 2012. Sur un total de 206,9 milliards d’euros, il est ressorti que 77 % avaient été affectés au secteur financier. L’étude précise que « ces 77 % constituent… un minimum d’un montant qui a pu être sous-estimé. » Même Jean Arthuis, président de la commission des budgets au Parlement européen, le reconnaît dans un entretien donné le 11 mai 2015 au journal Libération : « on a, en fait, transféré le mistigri des banques aux États ».

La dette grecque est totalement insoutenable et en grande partie illégale, illégitime et odieuse. L’enquête minutieuse de la Commission a relevé de multiples irrégularités dans la mise en place des financements. Là encore, la liste est longue. Ainsi, le FMI dont l’article 1 des statuts indique qu’il a pour but de « contribuer… à l’instauration et au maintien de niveaux élevés d’emploi et de revenu », participe à la mise en place de memoranda qui prévoient de massives suppressions d’emplois et de drastiques diminutions de salaires et pensions. De même, la BCE a outrepassé son mandat en imposant, dans le cadre de sa participation à la Troïka, l’application de programmes d’ajustement macroéconomique (à savoir l’ignominieuse réforme du marché du travail). De son côté, le FESF a violé l’article 122.2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui autorise le financement d’un État membre « lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle ». Or la Grèce ne rentrait pas dans ce cadre car, à l’instar d’autres pays de l’Union européenne, elle avait vu sa situation se détériorer suite à la mise en œuvre des conditionnalités fixées dans les protocoles d’accord, sachant par ailleurs que la mise en place du prétendu « programme d’aide » (le Memorandum of Undestanding) s’est faite en violation de la procédure de ratification telle que prévue dans la Constitution grecque. On peut également considérer que les prêts bilatéraux consentis par les États présentent de nombreuses irrégularités ou clauses abusives, notamment lorsque l’accord de facilité de prêt prévoit que les dispositions de l’accord doivent être mises en œuvre même si elles sont illégales. Enfin, les dettes des créanciers privés peuvent être également considérées comme illégales car elles révèlent une attitude irresponsable des banques privées avant l’arrivée de la Troïka et une mauvaise foi de certains créanciers privés qui ont spéculé sur la dette grecque en utilisant les Credit default swaps (CDS).


De nombreux droits humains (droit à la santé, au logement, à l’éducation, à la Sécurité sociale, droit du travail etc.) sont foulés aux pieds au prétexte qu’il faut d’abord payer la dette, alors que les traités internationaux, la Constitution grecque et la réglementation de l’Union européenne et celle de ses États membres prévoient précisément le contraire.

Par ailleurs nombre de contrats de prêts ont été entachés de lourdes irrégularités. La violation de la procédure de ratification telle que prévue dans la Constitution grecque rend tout simplement inconstitutionnel les conventions de prêt et les protocoles d’accord. Les deux clauses de délégation au Ministre des finances ne sont pas constitutionnelles. D’autres clauses abusives imposées par les créanciers violent la souveraineté de l’État grec, comme celle par laquelle ce dernier en tant qu’emprunteur « renonce… de façon irrévocable et inconditionnelle, à toute immunité à laquelle il a ou pourrait avoir droit, eu égard à lui-même ou à ses biens, par rapport à toute procédure juridique en rapport avec cette convention… ». Plus grave encore, certains contrats ont donné lieu à de grossières malversations, comme par exemple des versements de fonds réalisés sans facture pour des contrats d’armement, ainsi que nous l’a appris le nouveau ministre grec de la défense à l’occasion d’une rencontre à son ministère.

En résumé, on peut conclure que la dette publique grecque est illégale car elle a été consentie en violation de procédures légales, des droits nationaux, du droit de l’Union européenne et du droit international. Cette dette est également illégitime en ce sens qu’elle n’a pas servi l’intérêt général, elle n’a pas bénéficié à l’ensemble de la population mais à une petite minorité d’intérêts particuliers. Cette dette présente un caractère odieux car, lors de sa mise en place, les créanciers savaient qu’ils violaient des principes démocratiques avec pour conséquence le non-respect de droits humains fondamentaux. Enfin cette dette est en totalité insoutenable en ce sens qu’elle empêche l’État grec de respecter ses obligations en matière de droits humains fondamentaux.

Que peut faire l’État grec aujourd’hui ?

Le rapport préliminaire établi par la Commission fournit aux autorités grecques de nombreuses pistes de droit pour la suspension et la répudiation de la dette souveraine grecque.

L’article 26 de la Convention de Vienne sur le droit des traités dispose que les traités qui lient les parties doivent être exécutés de bonne foi. La mauvaise foi et la contrainte (observée notamment lors de la renégociation de la dette) sont des motifs de nullité. En droit international, un État lésé peut ne pas exécuter une obligation internationale vis-à-vis d’un autre État si ce dernier s’est rendu responsable d’un acte internationalement illicite. La Constitution grecque a été violée, en particulier en ce qui concerne l’obligation d’obtenir l’accord du Parlement pour les accords internationaux. Enfin, les droits humains, consacrés à l’article 103 de la Charte des Nations Unies, priment sur les autres obligations contractuelles.

En plus de ces fondements de droit, l’État grec peut décider une suspension unilatérale de sa dette en se fondant sur l’état de nécessité. Toutes les conditions pour la mise en place d’une telle décision sont remplies dans la mesure où les autorités grecques doivent protéger un intérêt essentiel de l’État contre un péril grave et imminent et qu’elles ne disposent pas d’autre moyen à leur disposition pour protéger l’intérêt essentiel en question. Enfin, lorsqu’un État est confronté à une dette insoutenable, il peut unilatéralement décider de faire défaut car l’insolvabilité souveraine a sa place dans le droit international.

Face à des institutions aveuglées par une haine de classe et à des créanciers corrompus et dépourvus de tout scrupule, les autorités grecques auraient bien tort de se priver de ces moyens de droit même si leur mise en œuvre ne peut répondre qu’à une partie des problèmes auxquels est confrontée leur pays depuis des mois. La décision prise à l’unanimité par le conseil des ministres grec de consulter la population sur la dernière proposition des institutions européennes pourrait bien être la première étape d’un processus qui mène à l’annulation de la dette grecque ou tout au moins à une partie significative de celle-ci. Aujourd‘hui, à quelques jours du référendum, le soutien international au peuple grec doit s’intensifier pour l’appuyer dans son refus du projet de la Troïka qui doit être remplacé par un programme alternatif, démocratique et au service de l’ensemble de la population.



|1| Ce rapport a été réalisé par la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque créée le 4 avril 2015 Par Zoé Konstantopoulou, la Présidente du Parlement hellénique. Composée d’une trentaine de membres (pour moitié grecs et pour l’autre moitié de personnes représentant une dizaine de nationalités), la Commission a travaillé durant 2 mois et demi pour produire un rapport préliminaire présenté le 17 et 18 juin dernier aux autorités du pays réunies au Parlement. 

J'ai éliminé les nombreuses autres références un peu compliquées

Auteur

 Patrick Saurin a été pendant plus de dix ans chargé de clientèle auprès des collectivités publiques au sein des Caisses d’Épargne. Il est membre de l’exécutif national de Sud BPCE, du CAC et du CADTM France. Il est l’auteur du livre « Les prêts toxiques : Une affaire d’état ». Rien que pour cela, étant concerné....! je ne pouvais que le citer !

Il est membre de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce, créée le 4 avril 2015.


Ce matin Thomas Piketti nous confirmait sur Europe 1 qu’il fallait restructurer la dette grecque, comme cela a été fait en particulier pour l’Allemagne en 1954.

Sur tous les médias, Philippe de Certines ne cesse de marteler que depuis 2010, les Grecs sont en excédent primaire, c'est à dire dépensent moins que leurs propres recettes fiscales. Nous n'en sommes chez nous pas là !


et s’ils avaient raison ?


lundi 29 juin 2015

Greek people (2)

J'avoue que cette idée de  vivre avec 60 € par jour m'obsède, je cherche, je cherche, j'imagine nos amis grecs, les Grecs, leurs femmes, et voudrais vous proposer un petit florilège de ce qui fait la Grèce dans les magazines.

Préalable, il faut absolument se sortir des clichés du passé, ça c'est la Grèce d'il y a deux mille ans, on ne la trouve plus que dans les musées.


















Voici par contre des images contemporaines, voyez que les chats si je puis dire ne font pas des chiens, et que les mecs, ils assurent ! Nous pouvons être fier du slip français, le slip grec est à la hauteur ! Et puis, on retrouve chez mon copain à gauche un style vestimentaire typiquement grec : la bretelle unilatérale, laissant l'épaule opposée dénudée...j'adore !




















Chez les dames, caractéristiques typiques : la coiffure, avec une couronne dans les cheveux, la réminiscence des déesses de l'Olympe !
























Même en soutien-gorge, la bretelle, ici portée à gauche. A droite, on retrouve le souvenir des voiles d'antan, laissant les bras nus et quand-même voilés (pour entrer dans les églises).

voici la photo d'une mariée typique, sans bretelles du tout
la coiffure est du plus pur style grec
les filles d'honneur portent la bretelle à droite, même coiffure
vous avez vu la mer derrière ? mare nostrum !


L'épouse (légitime) d'un (riche) armateur est caractérisée par : le chignon ; le diadème ; la tenue grecque avec la ceinture en panthère (à moins que ce soit la panthère en ceinture ?). La bretelle se porte à gauche, laissant nue l'(admirable) épaule droite. Les sandales antiques sont remplacées par des Louboutin classiques achetées à Paris (lors d'un voyage d'affaires).






















vous avez maintenant compris l'astuce de la bretelle ?



épouse d'armateur posant sur un rocher
(le yacht est en bas)

(le bronzage est intégral)























L'astuce des couturiers reste d'utiliser le drapé dans toutes les circonstances !

Vous observez à gauche une adaptation moderne des sandales antiques.

sans omettre le diadème, ni les diam's !

Dans la journée, on adoptera une tenue plus contemporaine, petit-jean savamment troué, et montre Roleix, (obligatoire avant 50 ans). 

On espère qu'un riche armateur va la prendre en stop, 

la pauvre n'a pas l'air d'être motorisée :

c'est vraiment la dêche !




P.S : j'avoue n'avoir pas progressé d'un millimètre sur Niké :


c'est comme la Grèce, j'ai le sentiment que c'est une mission impossible !

Etre grec (1)


De bon matin je me retrouve un peu Grec : les banques sont donc fermées, et le scénario de "le jour où la France a fait faillite" se passe en vrai là-bas : après que les Grecs aisés (et avisés ce sont les mêmes) aient retiré des milliards en liquide les semaines passées, j'imagine les grecs-retraités "normaux" : nous sommes le 29 juin : question n°1 : -"ma retraite a-t-elle été versée sur mon compte" ? J'ai bien peur que non ! Personne n'en parle ! Question n°2 : combien ai-je le droit de retirer (si mon compte est approvisionné) ? 60 Euros ? Par carte bleue ? Si nous sommes deux à la maison peut-on retirer 120 Euros ? Je fais le calcul : 60 fois 30 = 1800 Euros, en France on vit pas mal avec ça ! en Grèce (vu le train de vie de beaucoup), ça doit être ric-rac ? (Ca va limiter (un peu) les transactions en liquide et la fraude à la TVA).

bon début !

pas facile d'être Grec dans la Grèce d'en bas !

Bien content de vous citer in extenso (en latin) cet article, sinon, on n'y comprendrait vraiment rien !

Merci à Catherine Pétillon et Marie Viennot de leur pédagogie : on en avait besoin !

je cite leur article :

1. La crise s'emballe : la Grèce ne peut plus emprunter

 Quand la crise a éclaté en mai 2010 en Grèce, l'Etat, comme dans tous les autres pays, émettait des bons du trésor. Ils étaient achetés sur les marchés financiers. Par qui ? Par des fonds d'investissement, des assureurs plaçant l’assurance-vie des petits épargnants, des gérants de fortunes privés, des fonds de pension gérant des retraites, ou encore des banques. Fin 2009, selon la Banque des Règlements Internationaux, les banques françaises étaient celles qui détenaient le plus de dette grecque dans leur portefeuille (57 milliards d’euros), devant les banques allemandes (34 milliards d’euros).

Face au risque que la Grèce ne rembourse plus cette dette, ceux qui en possédaient ont voulu vendre leurs bons du trésor grecs. Les prix de ces bons se sont effondrés, ce qui a fait exploser les taux d’intérêt. Car bien sûr, quand la Grèce est venue demander de l’argent sur les marchés financiers, comme elle le faisait sans problème auparavant, plus personne n’a voulu lui prêter, sauf à des taux exorbitants (les taux d’intérêt grandissent avec le risque que l’emprunteur ne rembourse pas).

2. L'Europe à l'aide : la dette passe du secteur privé au public

 En mai 2010, les banques européennes ne sont pas tout à fait remises de la faillite de Lehman Brothers. Les potentielles pertes que représente le non remboursement par la Grèce d’une partie de sa dette font craindre de nouvelles faillites bancaires dans la zone euro.

La première phase des plans d'aide a donc consisté en une chose très simple : faire passer cette dette des mains, ou plutôt des tiroirs caisses, du privé à ceux du public. Les créanciers privés ont renoncé à 107 milliards d'euros, et pour éviter que le cours  s'effondre, la Banque centrale européenne (BCE) s'est mise à acheter des titres de dette grecque.

 De leur côté, le FMI et les états de la zone euro ont prêté à la Grèce l'argent qui lui manquait pour rembourser ses échéances. La dette a donc changé de structure. Elle était constituée à 80% par des bons du trésor échangeables sur les marchés financiers. Aujourd'hui, ils représentent 25% de la dette (soit 79,9 milliards d'euros, dont à 20 à 25 milliards d’euros détenus par la BCE), le reste (241,8 milliards d'euros) est constitué de prêts. Au total, la dette de la Grèce s'élève à 321.7 milliards d'euros.



 3. Qui a prêté de l'argent à la Grèce ?

 Le FMI a prêté 32 milliards d'euros. Les Etats de la zone euro ont prêté le reste : 226.9 milliards (soit  70% du total), mais par deux canaux différents :


 - Le premier canal est le prêt bilatéral simple. Avec 11,4 milliards d'euros, la France est le deuxième prêteur après l'Allemagne, selon les derniers chiffres de la Commission Européenne.




- le second canal de prêt est un fonds spécialement créé pour l'occasion, le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Aujourd'hui, ce fonds - qui a aussi prêté à l'Irlande et au Portugal - détient 141,8 milliards d'euros de dette grecque. C'est presque la moitié du total. Au sein du FESF, chaque pays de la zone euro participe à hauteur de son poids économique.


Attendez ce n'est pas si simple ! Le prêteur emprunte ! Pour prêter cet argent, le Fonds européen de stabilité financière a lui-même dû emprunter. La France n'a donc pas vraiment prêté à la Grèce 31 milliards d'euros via ce fonds, mais elle a garanti cette somme sur les 141.8 milliards empruntés par le Fonds européen de stabilité. Si la Grèce ne rembourse pas cet argent, la France devra donc le faire elle-même.

Au total, si on ajoute le prêt bilatéral et la garantie pour le fonds européen de stabilité, la France a prêté plus de 42 milliards d’euros à la Grèce. A titre de comparaison, le budget de l’enseignement scolaire, qui est le premier budget de l’Etat (hors paiement des intérêts de la dette) sera de 47 milliards d’euros en 2015. L'objectif de réduction du déficit à 3% est de nouveau mis à mal ! Pas de bol pour 2017 ?

4. Que peut-il se passer en cas de renégociation?

 Il y a trois façons de renégocier (on dit aussi restructurer dans le jargon financier) une dette : en annuler une partie, modifier les taux d’intérêt consentis ou rééchelonner la durée du prêt.

En 2012, tous ces moyens ont déja été utilisés. Les créanciers privés ont effacé 107 milliards d’euros de dette, les taux d’intérêt des prêts bilatéraux ont été revus à la baisse, le Fonds européen de stabilité a accordé à la Grèce un moratoire de dix ans avant tout paiement des intérêts.

Aujourd’hui, les marges de négociation sont donc faibles. De nombreux économistes plaident pour une annulation pure et simple d’une partie de la dette grecque. La banque Lazard, que le nouveau gouvernement grec a embauché comme conseil, plaide pour que 100 milliards de dette grecque soient effacés. En cas d’annulation d’une partie de la dette, ce sont les créditeurs de la Grèce qui y perdront, donc les contribuables des pays de la zone euro, l’Allemagne et la France en particulier.

Il y a urgence. En juillet, la Grèce doit rembourser 7 milliards d’euros à la BCE pour les bons du trésor que celle ci possède. Sans assistance financière, elle n’y arrivera pas. Le 5 février, 300 économistes ont publié une tribune intitulée “Nous sommes avec la Grèce et avec l’Europe”. Pour eux, la dette grecque est insoutenable. Les plans d’austérité, corollaire des plans d’aide, ont fait chuter le PIB grec de 25% depuis 2009. Résultat, malgré l’annulation de 107 milliards d’euros de dette sur les créanciers privés (aussi appelé haircut -coupe de cheveux en VF- dans le jargon), le ratio dette/PIB a explosé.


5. Pour le moment la Grèce rapporte de l’argent à ses créanciers publics

Les 226,9 milliards d’euros prêtés par les pays de la zone euro à la Grèce ne l’ont pas été à taux zéro. En moyenne, le Fonds européen de stabilité financière prête à un taux de 1,5%, mais pendant dix ans encore la Grèce ne rembourse pas les intérêts.

Concernant les prêts bilatéraux, les taux varient en fonction des pays. Pour la France, Bercy préfère donner un chiffre global. Depuis 2010, sur quatre ans, les prêts à la Grèce lui ont rapporté 729 millions d’euros, qui sont rentrés comme des recettes dans le budget de l’Etat. C’est peu ou prou le montant prévu au budget français en 2015 pour le ministère de la Culture. Cependant, c’est un chiffre brut, qui ne tient pas compte des intérêts que la France a dû payer pour l’emprunt qu’elle-même a dû faire pour prêter ensuite à la Grèce.

Quant à la BCE, depuis 2010, elle achète des bons du trésor grecs qui rapportent aussi des intérêts. Difficile de savoir combien exactement. De source proche de la BCE, on estime que ces bons du trésor grecs ont rapporté plus de 2 milliards d’euros par an en intérêt depuis 2010. Un montant colossal. En 2010, 2011 et 2012, ce sont les banques centrales de la zone euro (Bundesbank, Banque de France etc… ) qui ont encaissé cet argent (car la BCE passent par elles pour acheter les bons du trésor grecs, ce sont donc elles qui reçoivent les intérêts liés à ces titres). Pendant 3 ans, la crise grecque a donc été lucrative pour ses partenaires européens.

Le 27 novembre 2012, l’Eurogroupe a décidé que ces intérêts seraient reversés à la banque centrale grecque à partir de 2013. Cette décision faisait partie d’un ensemble plus large de mesures destinées (déjà) à rendre la dette grecque soutenable. De source concordante, 2 à 3 milliards d’euros ont été ainsi reversés à la Grèce en 2013. En revanche, pour 2014, la Grèce attend toujours que les banques centrales de la zone euro lui reversent les intérêts touchés sur sa dette. Montant: 1.9 milliards d’euros, de source gouvernementale grecque.

6. Que propose le nouveau pouvoir grec ?

Le plan actuel prévoit que la Grèce rembourse ses créanciers, quelle que soit la situation économique du pays. A Athènes de trouver les moyens financiers pour cela, quitte à mener de nouveaux plans d’austérité, ou à aller plus loin dans les privatisations. Le problème, c’est que ces solutions sont à l’opposées du programme pour lequel Syriza a été élu.

Lors de sa tournée européenne, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, n’a jamais parlé de plan d’aide, ni d’annulation de dette. Interrogé à ce sujet par les journalistes il n’a jamais dit oui, ou non, mais plaidé, encore et encore pour un nouveau contrat entre la Grèce et ses partenaires européens.

Deux idées phares :

1/  Transformer les bons du trésor que détient la BCE (entre 20 et 25 milliards d’euros) en emprunts perpétuels, c’est à dire en titres à durée illimitée. Cela permet de réduire les intérêts à rembourser, et surtout de renvoyer le remboursement du capital à une échéance indéterminée (aux calendes…grecques).

2/  Transformer les prêts consentis par le FESF et les Etats de la zone euro en obligations (titres financiers) et d’indexer leur rendement (c’est-à-dire l’intérêt versé) sur la croissance en Grèce.


Ces idées ne sont pas inédites, elles font partie de ce que l’ingénierie financière a déjà pu proposer, notamment pour la dette argentine.  On imagine que Madame Lagarde ne tient pas à créer des passe-droit trop avantageux pour la Grèce, sinon, elle doit les accorder aux autres Etats, et elle saute !

Voilà, vous savez tout !

quand tout à l'heure...

...vous irez au guichet, et toucherez vos billets...

pensez à nos amis grecs...

60 Euros par jour pour la première semaine de juillet

la ceinture il va falloir serrer !




PS : "la nuit de la Faillite" :


grecian haircut
Angelina Jolie in Alexander 2004 as Olympias. Angelina Jolie played Olympias in Alexander.
Her Hairstyle is a Dark Culred Greek look with a thick pump and thick ponytail.


How is it possible to live 

with only $53 (cash) per day ?



dimanche 28 juin 2015

Promenade à Alan

allons à Alan !

Je vous l’avoue : il m’arrive de me mélanger les pinceaux : pour vérifier, je parle à Paulette (le GPS) car il ne faut pas confondre Alan (31420), avec Aulon (31420 aussi !), ni avec Anla (65370). Surtout si pour aller à Alan on passe par Aulon ! Paulette maitrise tout ça à la perfection !

Je viens de vous dire qu’Alan était proche d’Aurignac, voilà un repère internationalement connu ! Il suffit donc pour se rendre à Alan de prendre la direction d’Aurignac. Puis de poursuivre au N-E sur 26,3 Km, durée 35mn, c’est dire si l’on ne roule pas vite : les routes sont étroites, et les locaux roulent à donf, coupant les virages, m’obligeant à allumer les feux de croisement.






On traverse Aurignac, le musée de la préhistoire est toujours fermé (dès qu’en France on crée un nouveau musée on n’arrive pas à l’ouvrir, faute de personnel d’accueil). Donc aucun intérêt de stopper, surtout dimanche tout est encore plus fermé que d'habitude. Et on continue comme ça. La campagne est charmante, les vallons vallonnés, au retour on voit en face les Pyrénées qu’on a dans le dos à l’aller (suffit de regarder le rétroviseur).








































Et on arrive : jolie place, gardée par le monument aux morts, coiffé par la Victoire ailée, protégeant le poilu bleu-horizon. Pas loin de l’arbre de la liberté qui ne porte pas son âge, une pyramide chrétienne ; plus loin l’église. L’hôtel des évêques est d’un côté. De l’autre la halle.


La place est gardée par deux portes sur les trois d’origine, portes quasi intactes. Et des douves, intactes elles aussi, créent une ambiance vénitienne à cette petite commune du piémont pyrénéen. Jolie mare pour les nénuphars (et les moustiques aussi).




pour une fois, je vous montre l'arrière du Palais de l'Evêque !
pour revoir le devant, cliquez sur le lien en P.S

Ayant pris notre élan

allons (donc) à Alan

(nous restons en 31, Anla est en 65

pas mal non plus)

quant à Aulon… !

(pourquoi irait-on ?)


Piscine romaine

retour à Montoulieu


Nous sommes dimanche, début d’été, il fait très chaud, et on nous promet des 37° la semaine prochaine. Normalement, dernier dimanche de juin, c’est le rassemblement des vieilles voitures à Alan. http://babone5go2.blogspot.fr/2013_06_01_archive.html. Je décide de m’y rendre, espérant retrouver la torpédo verte d’il y a deux ans. Hélas, le passé ne se répète jamais : mon ami mécanicien est absent, j’espère que sa santé est bonne, mais me souviens que la B14 avait un problème avec un cylindre ! Il n’a pas du avoir le courage de réparer ! Le cortège est parti faire un tour de 100 Km il y a dix minutes. Il revient à midi, pour un déjeuner (géant) sous la Halle. Très peu pour moi : ensuite, digestion (laborieuse) sous la chaleur de la grande place, je préfère me mettre au frais !

c'est la seule présente, le propriétaire n'a pas eu le courage de la lancer sur 100Km de plus !

Pour aller à Alan, on passe par Aurignac, l’Aurignac de l’Aurignacien. Et juste dans le coin, il y a Montoulieu Saint-Bernard. Lieu célèbre il y a 2000 ans, par sa villa romaine.

Je devine la conversation, il y a donc deux mille ans, entre le propriétaire, Brutus Avezacius, et Pompona sa femme. Fille d’un riche commerçant d’Aurignacus, (et au caractère pas commode des enfants gâtées).

La conversation se passe en latin, langue morte aujourd’hui, (et qui n’a pas grand avenir depuis que la Ministre de l’Education a décidé de privilégier les langues provinciales, au latin, d’où provient pourtant le Français, bref) !

-Brutus : -« tellement que je te kiffe Pompona (la traduction est moderne), que je voudrais te construire une villa à Montoulieu, là où j'ai mon exploitation agricole". Je ne précise pas : « villa romaine », car à l’époque, il était impossible de faire autrement.

-Pompona : -« te rends-tu compte Brutus mon époux, que Montoulieu est le trou le plus paumé qui soit au cœur du Comminges, aucune boutique, pas d’hyper encore moins (ils n’avaient pas été inventés), et que je vais m’y morfondre pire qu’à Aurignacus déjà pas très rigolo surtout l’hiver » (je précise : le musée préhistorique n’a été construit que l’année dernière).

-Pompona  ajoute : -« et puis l’été il fait une chaleur torride. Je ne saurais y séjourner que si tu me construis une piscine en marbre de Saint-Béat. Elle ne dit pas Saint-Béat, à l’époque on disait Passus lupi, le passage du loup, je vous ai déjà expliqué ça. ... « et si tu mets à ma disposition trois esclaves (femelles) pour me coiffer ; me faire la cuisine ; et le ménage. Plus un swimming-pool-boy (elle le dit en latin mais je vous le fais en américain comme à Beverley Hills) de race nubienne, qui saura me masser ». Fantasme classique de gallo-romaine-gâtée chicos.

Brutus n’aime pas trop cette fantaisie de pisciniste-masseur-nubien, mais est prêt à faire ce que lui demande Pompona s’il veut construire sa villa (tranquille). Il cède !

voici le croquis de Pompona, retrouvé par miracle dans les archives de Tolosa
elle s'est dessinée avec Brutus en face

je savais bien que j'avais sa photo quelque part !
Et la villa se fait, Brutus élève des vaches, chevaux et autres porcs ; Pompona s’enferme l’été dans la piscine, où elle se fait gratter par son masseur, le reste ne nous regarde pas. Brutus ferme les yeux car lui s’est réservé une jolie gauloise du coin. (Tout ceci sans rapport avec l’histoire qui nous intéresse).

Les barbares ariens du Nord débarquent en 475 et cassent tout comme je vous ai déjà raconté. Les guerres passent, l’agriculture reprend ses droits dans un Montoulieu qui ne change pas depuis 15.000 ans (les Aurignaciens occupaient le pays à l’époque).

Jusqu’à 1957.

Sur les ruines de la villa, quelqu’un a construit une ferme, entourages des portes et fenêtres en pierres, (il y en avait partout par terre), et briques classiques recouvertes de chaux. Les anglais dans les années 57 achètent, et réhabilitent la belle maison d’aujourd’hui… construite sur la villa romaine ! Ils ne vont pas tout casser pour retrouver les mosaïques, dommage !


Même année, donc, le voisin d’à côté, Avezac, décide de creuser un trou, à la campagne, on creuse des trous pour des tas d’occasions, souvent pour y cacher des saloperies, par exemple une fosse septique, (un ou des cadavres ; des poubelles qui permettront plus tard aux archéologues de dater le site).




















j'ai bien entendu demandé la permission de photographier : 
accordé !






















Il trouve un cheval, ou plutôt son cadavre.

Il trouve aussi des parois de marbre, curieux, il creuse autour… et dégage la piscine de Pompona !

Non seulement celle-ci s’y plongeait l’été (avec ses gouvernantes ou/et Brutus). Mais l’hiver, le fameux masseur-à-tout-faire lui faisait chauffer l’eau, pour continuer d’y prendre des bains (chauds cette fois), souvenez-vous que les romaines ne connaissaient pas le savon, et passaient au sauna pour se faire transpirer, avant de se faire gratter la sueur (par une tierce personne, du genre esclave nubien, système bien commode à l’époque, et à la base du succès du modèle romain).

Nous y voici : je voulais revoir la piscine de Pompona. Elle n’a pas bougé.

Je rentre rassuré : 1 mètre 26 de profondeur ; 18 m3 : les romains n’avaient pas la folie des grandeurs.

C’est exactement la profondeur et le volume que j’ai choisis pour la mienne

J’en sors à l’instant, l’eau est à 25°

je pense à Pompona

et aussi à Brutus ; j’espère qu’il en a profité aussi ! (je parle de sa piscine)

sacrés mecs, ces romains !

PS : c’était en 2011 :


je ne raconte que des histoires sérieuses :
au Nord, la villa recouverte par la jolie maison des Anglais
juste dessous, le toit de la piscine de Pompona sur la propriété des Avezac
de l'autre côté de la route, la maison Avezac

la pente est Ouest-Est, et les sources coulent toujours !