(La beauté sauvera-t-elle
vraiment le monde ? ?)
On adore en France tout classer
dans des catégories bien définies. C’est vrai pour les œuvres d’art et
notamment la peinture. La découverte des merveilles de l’Orient a inspiré bien
des artistes, venus chercher là d’autres coutumes, d’autres mœurs ; des
couleurs ; des odeurs ; des sons ; des mets différents. On se
souvient de la demeure de Pierre Loti. Qui n’a pas dès le XVIIè créé son salon
turc ?
Tout esprit curieux des voyages
aime l’exotisme. Les peintres en question, qui quittaient le néo-classicisme
italien pour découvrir le Monde, ont été classés dans les « Orientalistes ».
Très instructif ce qu’ils ont
retenu : des paysages évidemment, avec du sable, des palmiers : le
désert avec les oasis d’un côté, le côté dramatique des tempêtes de sable de l’autre.
Et puis des animaux (féroces) : lions et tigres, souvent apprivoisés,
signes de richesse d’une civilisation dominée par des notables qui ont su soumettre les espèces sauvages. J’évoque
exprès le terme « soumission ».
Ils sont entourés de guerriers à cheval. Transportant les fameuses richesses (de l’orient) sur des dromadaires,
groupés en caravanes. Gardant des portes ornées donnant sur leur univers privé,
sévèrement interdit aux yeux étrangers.
de Gérome : heads of rebells ! |
On pense aux jardins (abondamment irrigués alors que l’eau est rare). Des fleurs à profusion, des parfums subtils.
À cette époque, la représentation
picturale de la nudité est choquante si elle n’est pas justifiée. Or, le harem
se veut être l'expression d'un ailleurs inconnu. Les mœurs y sont différentes
et certaines pratiques tolérées (telles que l'esclavage, la polygamie, le bain
public, etc.).
Cette tolérance entraîne en Europe un phénomène de
fascination/répulsion pour le harem (ou sérail), lieu de despotisme (sexuel)
par excellence du sultan. En effet, le harem, si éloigné des mœurs et de la
culture européennes de l'époque fait l'objet de nombreuses interrogations, mais
aussi de nombreux fantasmes.
Otto Pilny : slave market |
Tanoux : la petite nouvelle |
Les harems rêvés, fantasmés, imaginés sont peuplés
d'odalisques lascivement alanguies, offertes, dans les vapeurs du bain... un
thème très prisé notamment par Jean-Léon Gérôme. On zappe la vraie question :
odalisque, esclave ? La réponse officielle : une odalisque est une
esclave vierge, qui peut monter jusqu'au statut de concubine ou de femme
dans les sérails ottomans, mais dont la plupart étaient au service du harem du
sultan. Le mot vient du turc odalık,
qui signifie « femme de chambre »,
d'oda, « chambre ». En littérature, le terme désigne une femme de harem.
Normand |
Bouchard : après le bain |
Nous sommes dans l’intimité du
monarque. Les vierges, il n’attend pas le Paradis pour les soumettre (encore), puis les consommer ! Sont-elles
consentantes ? That’s the question pour
nous, européens !
Bien sûr, nous sommes au XIXè
siècle la plupart du temps. Les peintres sont Gérome. Bénouville. Bonnaud.
Rosati. Fabre. Raynaud. Cormon. Collier. Normand. Tanoux. Horace Vernet. Sans
omettre Ingres, Delacroix, Alexandre-Gabriel Decamps, Théodore Chassériau, Eugène Fromentin, Félix Ziem, Alexandre
Roubtzoff, jusqu'à Renoir (avec son Odalisque de 1884) ou même Matisse et
Picasso au tout début du xxe siècle. On n’aurait pas cru qu’il y en avait tant !
c’était avant !
On a admiré ces
scènes : c’était une autre civilisation : l’Orient. D’où vient la
lumière.
c’était du raffinement.
Nos musées en sont
pleins.
Toutes ces femmes …
… elles y trouvaient
leur compte ?
Rochegrosse : l'esclave et le lion |
Leighton a tout arrangé : l'odalisque (apprivoisée) devient la lumière du Sultan : "light" |
Fabre a cette interprétation magnifique : la favorite under the thumb, "sous le pouce" comme disent nos amis anglais |