Je suis Charlie, mais…
…ça y est : les
restrictions arrivent.
C’est bien d’être Charlie, mais… !
J’offense mon frère en mangeant
du porc. J’offense mon autre frère en représentant le Prophète. Nos jeunes
filles offensent nos sœurs en montrant leurs jambes. Elles s’exhibent dans les
piscines, c’est offensant. Reconnaissez ! Toutes ces femmes dans les
magazines ! Et cette manière d’éduquer
nos enfants, de les amener à réfléchir par eux-mêmes, est bien compliquée et
peu compréhensible. La libre expression ? Mais elle s’arrête là où elle
blesse mon frère : voilà la seconde partie de notre devise : la fraternité !
La liberté c’est bien, mais elle doit intégrer la fraternité pour ne pas
blesser l’autre. Même le Pape s’en mêle, qui –« promet un coup de boule à son frère si ce dernier dit du mal de
sa mère » ! Un peu de violence physique est bien naturel. « Naturel »
n’est pas le mot : « humain » !
Pardon votre Sainteté, vous avez
déconné.
Il faut faire comme aux Etats-Unis :
on modère son expression. N’allez surtout pas dire que je me censure. Toujours les grands mots !
Non : « je suis le gardien de
mon frère ». Je modère mes critiques pour ne pas lui faire du tort. Je
ne le blesse pas. Et quand il me demande de modifier mon mode de vie pour
adopter le sien, je tends (comment ai-je appris au catéchisme ?) je tends
la joue gauche.
In fine, je pardonne.
Heureusement que Jamel Debbouze,
qui pratique l’humour et l’autodérision sans modération, annonce sans restrictions :
-« la France est ma mère. Si on dit
du mal de la France, on insulte ma mère ».
En tous cas l’avis est unanime,
aucune fausse note dans l’évaluation de notre Président : il a
magnifiquement géré le tout, sa remontée dans les sondages est
fantastique : il nous protège, il est la République de Daumier ! On l’aime,
on va le réélire, la question des primaires à gauche a volé en éclats ! Il assume, il assure, il rassure.
Oublié le chômage (à peine
100.000 de plus prévus en 2015). Oubliée l’insécurité puisque l’armée est dans
la rue. Oubliée la diminution du nombre de nos militaires puisqu’IL va en ralentir la diminution.
Oubliées les contraintes de l’immigration ? Oubliée la dette de l’assurance
chômage dont le déficit se creuse de manière affolante. Oubliée la dette tout
court qui atteint 2032 milliards. Oubliée la Grèce qui vote dimanche ?
Il va falloir tenir bon dans ce
choc des civilisations. Hier j’ai trouvé la solution technique pour finir le
livre de Chancel « Pourquoi partir » ?
Pas de problème : départ du train 12H01 (il était légèrement en retard
comme d’habitude, pourquoi ne pas entériner le départ à 12H11 ?). Retour
16H53 par le direct Hendaye. Quasi cinq heures pour lire, sauf à déduire l’intervention
du dentiste, qui m’a fait rebasculer du (bon) côté des « avec-dents ».
Page 248 du bouquin : « La
parole des simples est généreuse, le discours des prophètes dangereux. Les
fanatiques gouverneront le monde si la majorité pacifique n’a pas réagi, par
des mots violents, avant qu’il ne soit trop tard. La passivité est un crime. L’indifférence
entretient le massacre. Il conviendrait d’inscrire en majuscules cette
réflexion d’Albert Einstein :
Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le
mal
Mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire
Il ajoute (Chancel) : « Depuis toujours, j’ai dans
mes carnets cette exemplaire constatation faite par je ne sais qui :
« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas
protesté parce que je ne suis pas communiste. Quand ils sont venus chercher les
juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas juif, quand ils sont venus
chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas
catholique. Quand ils sont venus me chercher, Il n’y avait plus personne pour
protester. »
« La parole peut être une arme. Elle est bien plus éloquente que
le silence qui est toujours coupable ».