Hier a été lue aux enfants la
lettre de Jean-Jaurès, lettre adressée aux instituteurs et institutrices dans
la Dépêche du Midi. Instituteurs et institutrices, les enseignants de l'école primaire précédant
les « professeurs et professeuses
des écoles », tel était le métier de mes deux parents, je suis donc, nous
sommes donc mes frères et moi, fils de…On en a entendu parler toute notre enfance ... ! Nous avons été marqués par l'enseignement de nos instituteurs, par l'école de la République, une école de tolérance, quand l'instituteur ... recevait le prêtre à déjeuner le dimanche ...! C'était en 1950...!
nos parents disaient
que leur métier avait changé du tout au tout à partir de mai 1968
cela fait 50 ans
50 ans depuis la mort du Général de Gaulle, rappelée hier soir sur A2 dans "l'éclat et le secret" avec un Samuel Labarthe métamorphosé : la guerre, c'était quand-même autre chose de pire que le covid !
Cette lettre date de 1888, vous vous rendez compte : Vincent Van Gogh se promenait dans Arles et peignait le pont Van-Ens sur le Vigueirat, avant de mourir d’un coup de révolver quelques temps après. Les réseaux sociaux n’existaient pas encore, pas davantage que la télé ni le téléphone portable ! Et l’école de la République, voilà qui elle était pour Jean-Jaurès :
"Aux Instituteurs et Institutrices
"Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ;
vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront
pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin
d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils
doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront
citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits
leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils
seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils
sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes
multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la
tendresse.
Dès ce premier paragraphe, je m’arrête, interdit : Jean Jaurès, de son nom complet Auguste-Marie-Joseph-Jean-Léon Jaurès, est notre voisin, puisqu’il naît à Castres le 3 septembre 1859, 5 rue Réclusane, dans la maison de la famille maternelle des Barbaz. Il appartient à une famille paternelle qui a évolué de la paysannerie vers la bourgeoisie provinciale du Tarn : sénateurs, avocats, médecins. Le jeune Jaurès est notamment marqué par la brillante carrière de son cousin Benjamin Jaurès, amiral et ministre de la Marine en 1889.
Son père, Jules Jaurès (1819-1882), est un négociant qui possède une petite exploitation agricole de 6 ha dans laquelle son fils passe son enfance et son adolescence jusqu'à l'âge de 17 ans. La famille connaît ponctuellement des difficultés financières. Sa mère, Adélaïde Barbaza (1822-1906), issue d'une famille d'industriels du textile, s'occupe de l'éducation des deux enfants du couple : Jean, l'aîné, et Louis. Comme nous sommes laïques, wiki-qui-sait-tout ne dit rien sur l’éducation religieuse du jeune Jean : où dont a-t-il appris que les enfants avaient une âme ? Une âme différente de l’intelligence ? Comment utilise-t-il la métaphore pour la France du corps et de l’âme ?
Je cherche et je trouve ces
commentaires : « Jean-Pierre
Rioux va plus loin et le déclare «
religieux à jamais », indiquant : «
face aux camarades et aux francs-maçons bouffeurs de curés, il dira toujours à
la tribune de la Chambre sa foi en un Dieu de beauté et d'harmonie. […] Jaurès
ne serait pas loin de croire que le socialisme va poursuivre l’œuvre divine. »
Je poursuis : « On
retrouve cette idée dans un brouillon d'article non-publié de son vivant, où
Jaurès écrit en 1891 : « Comment l’idée
sainte de fraternité, de justice, s’éveillerait-elle même au cœur des hommes,
si la nature dont les hommes font partie n’était dans son fond que brutalité,
violence et matière ? Et cette révélation de l’infini sous la forme de la
justice ayant ému les âmes humaines, elles comprendront mieux le rêve d’infini
que le christianisme contient. C’est en ce sens que le socialisme pourra
renouveler et prolonger dans l’humanité l’esprit du Christ. »
Vous voyez bien, l’âme revient une fois encore, et l’humanisme
d’un Jaurès créant le journal « l’Humanité », son socialisme prouvé
par ses luttes pour le sort des ouvriers de Carmaux, mots utilisés au sens profond
du terme, reflètent bien cette fraternité qui rend si sympathique et populaire
notre tribun castrais.
Vous savez tous (puisque wiki le
dit) que l’âme (du latin anima, « souffle, respiration » est le principe vital
et spirituel, immanent ou transcendant, qui animerait le corps d'un être vivant
(humain, animal), et selon certains philosophes antiques d'un végétal. Elle serait
ainsi, pour les croyants, quelque chose de différent et supérieur à la conscience.
Elle disparaitrait des corps lors de la mort, et pourrait selon d’autres
croyances, se réincarner dans un nouveau corps physique naissant, comme le
croit la religion bouddhique. De même que le corps doit se nourrir de
nourritures terrestres, l’âme se nourrit de beauté. Cette beauté se trouve
représentée partout dans la Création universelle ; les hommes en créent
dans les Arts, notamment la littérature. Tous nous consommons de l'Art comme nous le faisons des pâtes !
Jaurès poursuit
« Il faut qu’ils puissent (les
enfants) se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les
brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les
éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la
civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur
enseigner le respect et le culte de l’âme
en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre
force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la
mort.
Désolé d’insister, mais l’âme revient une fois encore !
"Eh quoi ! Tout cela à des enfants
! — Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à
épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos
écoliers peu d’années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la
campagne. Ils
oublient l’été le peu qu’ils ont appris l’hiver. Ils font souvent, au sortir de
l’école, des rechutes profondes d’ignorance et de paresse d’esprit, et je
plaindrais ceux d’entre vous qui ont pour l’éducation des enfants du peuple une
grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage. […]
"Sachant bien lire, l’écolier, qui
est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée,
très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine,
de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du
rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider
ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup,
qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que
tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau
d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle
prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques
traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine ! […]
"Je dis donc aux maîtres, pour me
résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et
lorsque d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur
aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience
humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète
d’éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là,
bien des choses changeront.
Jean Jaurès, La Dépêche, journal de la démocratie du midi, 15 janvier 1888.
J’écoute, confiné, les éternels bavardages sur les chaines d’info continues, sur la situation actuelle : nous sommes attaqués par des Islamistes radicaux, haineux, à vrai dire désespérés car sans projet ni destin, s’en prenant sauvagement et systématiquement un à un aux symboles de notre Nation, prêtres âgés et sans défense ; policiers ; policières ; journalistes ; professeur d’Histoire ; prêtre grec orthodoxe encore dans son église, écrivains, lanceurs d’alertes …etc…Ce matin, c'est l'Autriche qui est frappée, prouvant bien que ces frappes sont minutieusement programmées.
Les plus avertis annoncent des
années, pour inculquer à nos jeunes les principes de Jaurès, et les faire réfléchir sur les dogmes islamistes qui leur ont été fourrés dans la tête. Déjà
je m’étonne : j’ai appris les Dix Commandements commençant par : -« tu ne tueras point » au catéchisme !
Horreur ! Enseigne-t-on encore le catéchisme aujourd’hui ? Ce n'est sûrement pas à la République-laïque d'enseigner le catéchisme ! Mais alors, où donc est-il enseigné aujourd'hui ? Elle est où la morale que Vincent Peillon jugeait, lui, indispensable d'enseigner ? Tant qu’une
religion d’amour ne présentera pas d’alternative au prêche haineux des écoles
salafistes, je ne vois pas comment nos enfants apprendront la morale, sauf bien
entendu à enseigner le Code de procédure pénale à tout le monde !
Ah oui : avons-nous une âme ? Question absurde assurément !
si non, vous comprenez alors, pourquoi toutes nos valeurs
dérapent depuis 50 ans
et que la situation actuelle n'a pas d'issue ?
nous sommes en 2012, elle est où, la morale de Peillon ? c'est drôle les vieux journaux : déjà "Trump est (en 2012) à deux pas du vide" ? |