Cette histoire se passe à Saint-Malo, port de mer cher aux Cancalais, vous pensez si elle m’interpelle ! Vu de loin, sur le quai, le Grain de sail n’a pas de signes distinctifs, à part … l’humour de son nom ! Humour breton évidemment ! Sail, sel... je goûte le goût (salé) du mot ! Il fait 22 mètres, il a deux mâts, comme une goëlette. Mais il a aussi une cale capable de charger jusqu’à 50 tonnes, ce qui en fait un bateau unique, explique le capitaine Loïc Briand : -"Des navires marchands, il y en a 40 000 et c'est l'un des plus petits. Des voiliers, il y en a bien plus et on est un parmi tant d'autres. Par contre, c'est le premier voilier de charge moderne qui est conforme aux réglementations maritimes internationales avec l'ensemble des équipements qu'on trouverait sur un cargo, appliqués à un voilier."
une goelette traditionnelle, la Gallant, de la Schooner Company |
Ce bateau hors normes est parti
mercredi 18 novembre de Saint-Malo, direction l'Amérique, avec 15.000
bouteilles de vin à bord. On ne dit pas si c’est du Beaujolais ! Ce type
de transport existait déjà sur de vieux gréements, mais ce navire incarne le
retour d’une marine marchande à voile moderne, totalement décarbonnée. Il a été
pensé et conçu par une entreprise qui s’appelle aussi Grain de sail, basée à Morlaix. Elle fabrique principalement des
tablettes de chocolat bio, depuis quatre ans. Elle avait tout bêtement une contrainte de transport : elle a inventé le bateau idoine !
Un modèle économique longuement mûri
Mais le bateau était bien l’idée
première du projet. L’activité a été montée pour lui trouver une raison d’être
et une assise économique. -"La
difficulté d'un projet comme ça, c'est de réussir à la mettre en œuvre, pour
qu'économiquement, ça tienne la route, ça tienne la marée, et qu'on puisse
effectivement construire un bateau, explique Olivier Barreau, le fondateur de
Grain de sail. Donc on ne l'a pas construit en premier, on a d'abord constitué
le besoin de transport dans l'entreprise, et une fois qu'il a été atteint, on a
construit le cargo voilier qu'on souhaitait faire."
Le bateau passe par New York (où
il va débarquer son vin), avant de rallier la République dominicaine, où il
sera chargé en cacao, avant un retour dans la cité corsaire en janvier. Comme
le bateau est petit, ce transport coûte trois fois plus cher qu’un
porte-conteneur. Mais comme le chocolat est bio, c'est-à-dire à haute valeur
ajoutée, c’est indolore, assure olivier Barreau : -"Le surcoût du transport à la voile, pour une tablette de
chocolat, représente 10 centimes d'euros, donc finalement c'est assez
indolore. Donc il n'y a pas de changement radical des prix de vente."
D’après ses concepteurs, ce navire divise par 17 les émissions de CO2. Les rotations vont prendre autour de trois mois. Un deuxième bateau, beaucoup plus grand, est déjà à l’étude, pour accompagner le développement exponentiel de l’entreprise.
Aujourd'hui 90 % du transport mondial de marchandises
transite par les mers. Concrètement, 9 marchandises sur 10 (ordinateurs,
nourriture, meubles...), que nous consommons sont acheminées par d'immenses
cargos porte-conteneurs ou des navires de plus petite taille. L'inconvénient
majeur : ce secteur représente 3% du total des émissions mondiales de gaz à
effet de serre, sans prendre en compte les rejets de dioxyde de soufre et de
particules fines.
Il serait également responsable de 60 000 décès prématurés en Europe, selon une enquête de 2015 de l’université de Rostock. Le transport de marchandises à la voile semble donc être une solution écologique face à ces problèmes.
Précurseur dans le secteur du transport à la voile, la
Bretagne ne compte pas moins de trois entreprises dans ce domaine. La Blue
Schooner Company avec son navire Gallant et l'affréteur TOWT (Trans Oceanic
Wind Transport) sont basés à Douarnenez. Dans le nord Finistère c'est
l'entreprise Grain de Sail qui oeuvre en ce sens.
salut à mes amis Bretons !