mardi 7 juillet 2020

Les sibylles de Raphaël à Rome




Quand nous avons examiné une à une les Sibylles de Saint-Bertrand, nous avons du parcourir un long voyage pour les retrouver dans leur diversité, à Auch et ailleurs. En ce moment, Rome (qui aimerait que les touristes retrouvent le chemin de la Ville Sainte) présente une exposition sur Raphaël : il est conseillé de visiter l'église Santa Maria della Pace, via della Pace, et de lever la tête en l'air : il n'y a que quatre des douze Sibylles, mais elles sont de la main du Maestro, respect !


L’inscription autour de l’architrave du porche est tirée du Psaume 72 : SUSCIPISANT MONTES PACEM POPULO ET COLLES IUSTITIAM («les montagnes apporteront la paix au peuple; et les collines, la justice »). Cette référence aux « montagnes » des armoiries de la famille Chigi,à laquelle appartenait Alexandre VII, est sans doute une allusion aux bienfaits de son règne papal. Des motifs de feuilles de chêne, un autre emblème de la famille Chigi, se trouvent également sur la façade. Sur la façade supérieure, Cortona a fait couper les panneaux de travertin incurvé pour faire des motifs de correspondance grainés, dans une utilisation inhabituelle de ce matériau particulier. Par la grande fenêtre centrale, la fenêtre circulaire de la façade de l’église du XVe siècle est visible.

La fresque des Sibylles a donc été peinte vers 1514 par le peintre italien Raffaello Sanzio, commandée par le banquier Agostino Chigi. C'est une sacrée pièce : 615 cm !

Entre 1511 et 1513, Raphaël reçoit une longue série de commandes du banquier Chigi. Une fois encore, voilà un financier-mécène, un exemple frappant de Premier de cordée ! Après avoir demandé à l'artiste un grand mausolée familial dans la basilique de Santa Maria del Popolo, le banquier commande en 1514 deux grandes fresques qui décorent l'arc d'entrée de ses chapelles privées de Santa Maria della Pace. Les Sibylles, et la seconde, celle des Prophètes.

Raphaël était censé représenter les plus grands exemples de vertu et de sagesse du passé, ainsi que les premières personnalités ayant annoncé l'arrivée du Messie : les Sibylles et les Prophètes. La même année, l'artiste, bien qu'encore absorbé par le travail des salles du Vatican, se met au travail sur le sujet.

Les Sibylles sont représentées autour de l'arc menant à la deuxième chapelle privée du banquier Chigi, le long de la loggia de l'entablement. La structure de la loggia reflète l'architecture : les arches, en fait, coïncident exactement avec l'entrée et les fenêtres. Toutes les figures sont affectées par les œuvres des salles du Vatican: les torsions du corps rappellent celles des vertus qu'il a précédemment peintes dans la Stanza della Segnatura.





Voici les quatre : la Cuméenne ; la Persique ; la Phrygéenne, et la Tiburtine, désignées pour le profane par des cartouches et des phylactères écrits en grec. Elles sont représentées comme des jeunes filles, à l'exception de la Tiburtine à droite,  déterminées à écouter le message divin qui leur est apporté par les anges. Un petit putto, au centre de l'entablement, est représenté avec une torche allumée, symbole de prophétie, c'est-à-dire de la capacité de deviner l'avenir.

Je reste fasciné par ce que la foi Chrétienne désigne par les trois dons divins : le charisme ; le discernement, et la clairvoyance, la clairvoyance étant l'art (plutôt le don) de deviner ce qui va survenir de l'analyse (faite avec discernement) d'une situation donnée. Ce devrait être les dons de nos femmes et hommes politiques, notamment la clairvoyance !

Je procède de gauche à droite :

voici donc la Cuméenne ; et la Persique
la Cuméenne : pas de coquillage représentant la virginité de la Vierge, ni de rameau magique annonçant la naissance du Christ
la Persique : pas de lanterne annonçant le Christ ni ne foule aux pieds le serpent de la Génèse




la première à droite est forcément la Phrygéenne :

normalement, elle porte le labarum, étendard où figure le chrisme


et la Tiburtine, la plus vieille, complètement à droite

normalement, elle brandit la main (coupée) du soldat qui a giflé le Christ

que n'ai-je appris le Grec !

Mariana Starke me sauve dans son bouquin page 226 :Travels in, Europe...


ce sujet est interminable, car bien entendu, Michel-Ange a peint lui aussi

les Sibylles !


PS : on trouvera in fine de ce billet les liens vers les articles qui précèdent :

tout part d'Auch et ses vitraux :
https://babone5go2.blogspot.com/2020/01/les-douze-sibylles-auch.html

c'est promis, je vous dois les Sibylles de Saint-Bertrand


la contrainte, c'est les photos !