Je réalise tout à coup être descendant de Gaulois, (réfractaires dit le Président) asservis par les occupants Romains. J'exige donc d'eux, les Romains, plus largement les Italiens, qu'ils mettent un genou à terre, et se repentent (de manière ostentatoire) des fautes de leurs ancêtres : à l'époque des occupations gauloise et pire encore ibérique, les occupants avec à leur tête leurs chefs militaires arrêtaient des enfants, jeunes, filles comprises, douze ans, et leur demandaient d'abjurer leur foi chrétienne. Si ils, ou elles refusaient, ils ; elles étaient mar-ty-ri-sées !
Mérida, le théâtre antique |
Prenez Just et Pastor, martyrisés à Alcalá de Henares, près de Madrid, vers 304,
pendant les persécutions ordonnées par Dioclétien, et dont les reliques ont été transportées plus tard à Valcabrère
J'apprends qu'il en a été de même avec une jeune fille de douze ans, Eulalie, vivant à Mérida, connue pour son aqueduc et son théâtre préservés !
L’Italie et l’Espagne étaient tombées dans le lot de
l’empereur Maximien, un militaire sorti du rang, originaire de Thrace. Ce
dernier appliqua scrupuleusement les quatre édits de persécution qui lui
parvinrent de la cour de Dioclétien, n’hésitant pas le cas échéant à s’attaquer
à des païens qui protégeaient des chrétiens. Il s’agissait de rétablir l’ordre
moral et les valeurs traditionnelles que les disciples du Christ perturbaient
et contestaient.
En Espagne, un groupe de 18 chrétiens est exécuté à
Saragosse mais trois d’entre eux, Caius, Crementius, et une femme, Encratis,
survivront aux tortures selon le témoignage du poète Prudence : "C’est ici
encore, Encratis, que reposent les reliques de tes vertus, ces vertus grâce
auxquelles tu as, vierge impétueuse, infligé tant d’opprobres à l’esprit d’un
monde sauvage. Il n’est arrivé à aucun des martyrs d’habiter encore sur notre
terre en restant en vie. Toi seule, survivant à ta propre mort, tu continues à
vivre dans notre propre monde".... . Bien
que le glaive jaloux du persécuteur t’ait refusé le coup de grâce, tu possèdes
cependant, ô martyre, la couronne d’un supplice complet comme si tu avais été
tuée. Nous avons vu étendue à terre loin de toi une partie de ta chair,
arrachée par la pression des ongles de fer : quelque chose de toi a été la
proie de la pâle mort pendant que tu étais encore vivante". Horrible, pire que les exactions de la colonisation ! Le diacre
Vincent fut conduit à Valence pour y être mis à mort. Plusieurs soldats sont décapités
pour l’exemple comme à Alcala de Henares ou à Calahorra. La plupart de ces
martyrs hispaniques sont célébrés par le Péristéphanon (« Sur les couronnes »)
un long poème de cet auteur espagnol, Aurelius Prudentius Clemens, poème rédigé
au tout début du Ve siècle.
Le Poème III de Prudence constitue le plus ancien témoignage
sur Eulalie d’Emerita (Mérida).
Voilà Eulalie dont je voulais vous parler
Appartenant à la noblesse de la ville, ses
parents se sont retirés à la campagne au début de la persécution comme le
conseillaient les pasteurs des communautés chrétiennes. Cependant la jeune
fille, âgée d’une douzaine d’années, se rend à Mérida pour y affronter le
gouverneur, Datianus - attitude téméraire que l’Eglise réprouvait fortement par
ailleurs. Arrêtée, torturée, elle est finalement conduite au bûcher, ou plus
vraisemblablement, elle meurt sous la torture si l’on s’en tient à la version
de Prudence : "Puis voici la dernière torture. Le bourreau ne la blesse plus en
déchirant sa chair jusqu’aux os ; il ne laboure plus sa peau ; mais de tous
côtés la flamme des torches fait rage contre ses flancs et sa poitrine. Ses
cheveux à la douce odeur avaient glissé sur sa gorge et flottaient sur ses
épaules, pour que cette parure de la tête, en s’étendant sur elle, servît de
chaste voile à la pudeur et à la beauté de la vierge. La flamme qui pétille
vole jusqu’à son visage ; à travers la chevelure elle s’empare impétueusement
de la tête, et en dépasse le sommet. La vierge qui désire un prompt trépas,
recherche le feu et l’aspire. Et voici que soudain s’élance une colombe que
l’on voit, plus éblouissante que la neige, sortir de la bouche de la martyre et
s’envoler vers les astres. C’était l’âme d’Eulalia, blanche comme le lait,
légère, innocente. Le cou s’incline, une fois l’âme partie ; le feu du bûcher
s’éteint ; les membres sans vie jouissent enfin de la paix ; l’âme, dans le
ciel, pousse un cri de triomphe, et gagne à tire-d’aile les domaines d’en haut ".
Selon sa Passion, elle mourut le 10 décembre, très
probablement de l’année 304. Saint Augustin lui consacrera une homélie le jour de sa
fête au début du Ve siècle, signe de la popularité de son culte, et Hydace
de Chaves (Portugal), relatera encore un des miracles de la sainte qui s’opposa
en personne à un roi wisigoth dans sa Chronique. Il existe une Sainte Eulalie dite de Barcelone, mais elle n’est probablement qu’un doublet de la jeune martyre de Mérida, n’apparaissant
dans la littérature hagiographique qu’au VIIe siècle.
La Séquence (ou Cantilène) de
sainte Eulalie, composée vers 880, est vraisemblablement le premier texte
littéraire écrit dans une langue romane différenciée du latin, une romana lingua marquée par d'importants
changements phonétiques et morphosyntaxiques. Il constitue un document
paléographique majeur « plus proche vraisemblablement de la langue courante de
cette époque que le texte des Serments de Strasbourg». Il s'agit donc d'un
témoignage précoce de la langue d'oïl.
Cette séquence raconte le martyre
de sainte Eulalie de Mérida et se termine par une prière. Elle s'inspire d'une
hymne du poète latin Prudence qu'on peut lire dans le Peri stephanon. C'est un
poème de 29 vers décasyllabes qui se terminent par une assonance, par exemple
inimi et seruir.
Depuis la découverte du texte en
1837 par Hoffmann von Fallersleben, la Séquence a soulevé de nombreux débats,
notamment sur le sens énigmatique de son quinzième vers. On s’accorde
aujourd’hui à dater le codex du début du IXe siècle et à l’attribuer à un
atelier lotharingien. Aucun élément, paléographique ou autre, ne permet
toutefois de conforter cette conjecture.
Pourquoi je vous parle de tout cela ?
Je viens de visiter l'église consacrée à Eulalie
elle n'est ni à Mérida ; ni à Bordeaux ; ni en Italie
elle se trouve à Soueich
dans l'église sur la rivière Ger, pas loin du café du pont, le pont qui franchit le Ger
je vous la montre demain !
la plus magnifique des Eulalie, (pour moi,) est ce tableau de John Willliam Waterhouse la colombe blanche, au milieu des pigeons, n'a pas été oubliée |