lundi 27 juillet 2020

Je reviens de Madrid prier la vierge blanche de Canillejas



L'église paroissiale de Santa María la Blanca à Canillejas à Madrid est un exemple simple d'architecture religieuse rurale des XVe et XVIe siècles. Pourquoi je vous en parle ? A cause de l’existence de deux toits en bois de tradition mudéjar, datant du milieu du XVIe siècle, qui étaient invisibles, cachés par un enduit blanc, justifiant le qualificatif « iglesia blanca » aussi bien de l’église que des petites vierges qu’elle abrite. Le plâtre enlevé, on découvre un travail de charpente étonnant, qui laisse à penser que c’est ici qu’il faut trouver les artisans susceptibles de faire la même chose à Notre Dame de Paris ?





L'enduit a sans doute été posé à l'époque pour présenter une surface lisse, pendant une épidémie de peste : en cas de pandémie, de nombreux malades étaient rassemblés dans les églises. En couvrant les bâtiments de chaux ou plâtre du sol au plafond, on pensait que l’infection ne pourrait pas se répandre. Les paroissiens actuellement protégés par leur masque me font une drôle d'impression vu l'ambiance actuelle, compliquée par un covid toujours présent .





 Mais le must, c'est la charpente elle-même
 
j'espère qu'ils vont reposer la vierge blanche ?




Bien entendu les travaux ont été spectaculaires, au fur et à mesure de la découverte sous le plâtre; Une vidéo raconte tout cela :


avant


Les madriers en bois du plafond à caissons, sculptés en surface d’un motif d’écailles couvrant, forment en alternance des polygones et des étoiles.







Dissimulé sous le stuc durant plusieurs centaines d'années, ce spectaculaire plafond à caissons en bois de style mudéjar a donc refait aujourd'hui surface dans l'église Santa María la Blanca à Madrid.

Je lis la presse, dont je vous retranscris les propos : "Voilà plus de 20 ans que ce bijou hispano-mauresque attendait de revoir le jour. Mercredi 19 février, Marta Rivera de la Cruz, conseillère municipale en charge de la Culture et du Tourisme, mettait officiellement fin à un chantier de restauration de 9 mois sur le plafond de l’église Santa María la Blanca, petite église paroissiale du quartier de Canillejas au nord-est de Madrid. Réalisée au milieu du XVIe siècle au-dessus du chevet du sanctuaire, cette spectaculaire structure à caissons en bois était restée dissimulée depuis plusieurs centaines d’années sous un faux plafond couvert de stuc blanc avant d’être redécouverte par hasard au début des années 2000. Mais, faute de moyens, les travaux de mise au jour et de restauration n’ont pu être entamés que l’année dernière après que la Ville de Madrid ait finalement investi 375 000 euros dans le projet".

"La couverture en bois, présentant un état de conservation exceptionnel, a été intégralement dégagée et consolidée, tandis qu’une ancienne ouverture laissant entrer la lumière du jour a été restituée. L’intervention a également révélé la présence, à la base du plafond, d’une frise de décors à la chaux, ornée de motifs floraux et de boucliers franciscains. L’église Sainte Maria La Blanca, datée pour ses parties les plus anciennes du milieu du XVe siècle, renoue ainsi avec son histoire, alors que Canillejas n’était qu’une ville étape sur l’ancienne route royale d’Aragon. De l’avis de certains spécialistes, sainte Thérèse d’Avila aurait d’ailleurs fait étape dans le sanctuaire.

Ce décor et cette technique sont caractéristiques de l’architecture mudéjar qui se développe dans la péninsule ibérique du XIIe au XVIe siècle en alliant les grands principes de l’art islamique et les différentes tendances européennes, en particulier le gothique. Cette architecture se caractérise par un usage extrêmement raffiné et inventif de la brique et des céramiques vernies mais également par la création de spectaculaires plafonds à caissons en bois sculptés et polychromes, pour les plus sophistiqués. Parmi les exemples le plus remarquables de ce type de décor, citons notamment le plafond de la salle du trône de l’Aljafería de Saragosse ou la Salle de Justice de l’Alcazar à Séville. Par sa simplicité, le plafond de Sainte Maria La Blanca évoque également celui de la Synagogue de la Transition de Tolède".


Classée Bien d’intérêt culturel par la Communauté de Madrid en novembre dernier, l’église Santa María la Blanca conserve encore d’autres secrets : un autre plafond en bois sculpté, bien que plus simple, situé au-dessus de la nef, est toujours dissimulé sous le stuc.


Une fois encore, je retrouve des photos qui me font penser à Notre Dame


Vous vous rendez-compte si, maintenant que les Sommités ont décidé de reconstruire à l'identique, on sculptait à la main la future forêt ? Je sais, elle serait cachée au public, mais on pourrait inventer un petit métro (électrique) pour transporter les visiteurs sous les toits, pour admirer ce qui serait la merveille (mudejar) de Paris ?

on peut bien plaisanter, non ?