dimanche 12 juillet 2020

La plus grande sauterelle du monde dans une ile de Nouvelle Zélande

Ephippigère des vignes, chez nous !

Nous avons des sauterelles en Europe. Certaines n’ont pas d’ailes, découvrant ainsi leur corps segmenté : on dit : "aptères". Du coup, elles n’attirent pas forcément le regard, et les prendre dans la main est toute une aventure, le contact des insectes ! A ce propos, la différence avec les criquets est simple : s'ils appartiennent tous deux aux orthoptères, les sauterelles ont des antennes plus longues que leur corps alors que celles des criquets sont courtes. Les criquets sont végétariens, et les sauterelles omnivores, par exemple, on va voir que si les Weta mangent des carottes, elles ne dédaignent pas les autres insectes !

Saga pedo est ainsi une Sauterelle, l’une des plus grandes sauterelles d’Europe occidentale. Son corps mesure de 5 à 7,5 cm de longueur et 17 cm du bout des antennes à la pointe du sabre (ovipositeur). Détail : 60-70 mm de corps + 35-45 mm d’oviscapte + 50-65 mm d’antennes. Nous l'avions trouvée dans le Lot avec Robert Blanchard. C'était... avant !


Nom commun : « La magicienne dentelée » ou "la langouste de Provence" : elle est aptère (a- privatif –ptère = aîle ; dépourvue d’aile) comme ses cousines les Dectinae, une autre sous-famille de la famille des Tettigoniidae ; famille à laquelle notre pedo appartient. D’un beau vert, orné d’une bande latérale d’un blanc rosé, mais parfois gris, rehaussé d’une bande jaune pâle, ce curieux insecte se reconnaît aisément à son corps remarquablement long et grêle, son pronotum (premier article du thorax) cylindrique et allongé. Le corps et les pattes sont élancées. 


Pour assurer son régime carnivore, elle possède de puissantes mandibules, capables de broyer la plus solide des pièces sclérotisées des proies. Saga pedo est de plus pourvue de pattes longues et robustes ; les fémurs antérieurs et médians étant armés, sur leur face inférieure, de longues épines ; les tibias antérieurs sont également pourvus de très fortes épines. Ses pattes ont la faculté de se replier, complètement, fémurs contre tibias, à la façon d’une pince dentelée. Les fémurs postérieurs, longs et grêles, portent en dessous des épines moins développées que celles des deux premières paires de pattes. D’autre part, la poitrine, fortement cuirassée, porte le complément des appareils de contention sous forme de six épines robustes.


L’oviscapte (organe de ponte en forme de sabre) est allongé, doucement incurvé vers le haut, denticulé dans son tiers apical formant globalement un sabre. En homochromie avec la végétation dans laquelle elle passe le plus souvent inaperçue, cette Sauterelle a une démarche qui rappelle un peu les Phasmes.

 L’Ephippigère des vignes – Ephippiger diurnus – est une sauterelle facilement reconnaissable. Sa couleur varie du jaunâtre au vert olive, et son abdomen est imposant. Sa grande taille (jusqu’à 30 mm) et ses ailes jaunes très courtes se remarquent aisément, de même que son pronotum (la « carapace » située entre l’arrière de sa tête et son abdomen) en forme de selle de cheval. Ce dernier critère justifie un second nom pour l’Ephippigère des vignes : le Porte-selle.


Outre son physique caractéristique, l’Ephippigère des vignes a un chant très rapidement identifiable. Court et strident, son chant en deux temps s’entend de jour comme de nuit lors de la période estivale. Une observation de quelques minutes permettra au curieux de voir comment la sauterelle produit ce son, en frottant ses courtes ailes l’une contre l’autre. Contrairement à d’autres espèces, la femelle est capable de chanter pour répondre au mâle.


Dans nos régions, l’Ephippigère des vignes s’observe à l’état adulte à partir de juillet jusqu’en octobre. L’espèce occupe des milieux ouverts et légèrement arbustifs (friches, prairies sèches avec buissons...) jusqu’à plus de 2 000 m. Vous en croiserez aisément sur les talus ensoleillés au bord des sentiers et des pistes.

Pour les plus curieux, l’observation de l’extrémité de l’abdomen permettra de distinguer mâles et femelles. Tandis que l’abdomen du mâle se termine par deux cerques courts (deux fines pointes), la femelle possède une longue « tige » lui permettant de pondre ses œufs dans le sol : il s’agit de l’oviscape. Ce n’est en aucun cas un dard risquant de vous piquer, les criquets, grillons et sauterelles étant totalement inoffensifs !


Chez nous, à l’opposé des Pyrénées françaises, nous recherchons Antaxius hispanicus, C’est une sauterelle de taille moyenne - 15 mm pour les mâles à 25 mm pour les femelles - dont les ailes sont très réduites (microptères). Les couleurs principales du mâle sont le noir et le brun (voire parfois rougeâtre) avec les flancs plus clairs. Les ailes sont majoritairement blanches à jaunâtres, seule la base peut être brune. Les cerques du mâle sont bifides, assez larges et clairs (caractéristiques des Antaxies). Chez la femelle, la couleur verte vient se mélanger au brun et au noir. L’oviscapte est droit et aussi long que le corps. Chez les 2 sexes, le pronotum est lisse, large et recouvre partiellement les ailes. Un liseré blanchâtre souligne la bordure inférieure du pronotum. La face inférieure de la tête est blanche. Sa stridulation ne dure que quelques secondes et se répète toutes les 3-4 secondes.

Cette sauterelle ne se laisse pas admirer facilement. Farouche, elle cherche toujours à se cacher derrière les végétaux ou se réfugie avec vivacité.

Cette espèce se rencontre uniquement dans les Pyrénées à une altitude comprise entre 1300 et 2400 m d’altitude. C’est une espèce qui occupe principalement les pelouses et les landes xériques, pourvues ou non d’affleurements rocheux, ainsi que les éboulis.

Franchissons la planète... vers la Nouvelle Zélande :






La plus grande des sauterelles aptères, est bien loin, sur une seule ile au monde, l’ile de la petite barrière, en Nouvelle Zélande.

Il s'agit d'un weta géant (Deinacrida spp.). C'est comme le covid19 au masculin, mais la maladie est au féminin : on dit "il" : Il appartient au sous-ordre des ensifères, qui contient également les sauterelles et les grillons. Le spécimen découvert par les scientifiques autorisés à débarquer est une femelle de 71 g, soit le poids de 3 souris grises ! Les chercheurs, (accompagnés des chercheuses au féminin) après lui avoir fait manger un bout de carotte, l'ont relâchée à l'endroit où ils l'avaient trouvée. (c'était une femelle au féminin).


sacrées mandibules



Après une longue traque, trois naturalistes sont parvenus à capturer cette femelle qui s'était perchée dans un arbre de l'île Little Barrier, au nord de la Nouvelle-Zélande. Ces wetas géants ne sont présents que sur cette île bien qu'il existe environ 70 espèces de wetas dans le pays. Ceux qui avaient colonisé le reste de la Nouvelle-Zélande ont été exterminés par les rats importés d'Europe. L'espèce présentant les individus les plus gros est le Little Barrier Island giant weta, également connu sous le nom de wetapunga. En 2011, un weta géant femelle de cette espèce et ayant une masse d'environ 70 g a été capturé, ce qui en fait l'un des insectes le plus lourd recensé au monde


Les wetas géants doivent leur taille à un phénomène biologique qu'on appelle le gigantisme insulaire. En l'absence de prédateur - ce qui est souvent le cas sur les petites îles - les herbivores (le weta se nourrit également de petits insectes) subissent moins de pression de sélection et ont tendance à grandir rapidement, en quelques générations. Pareil pour le dragon de Komodo. Vous me direz qu'on explique de la même manière le nanisme insulaire, par exemple la petite taille de l'éléphant nain disparu de Crète, dont la petite taille permettait de s'adapter à la pauvreté de l'alimentation locale.

Prions pour que Little Barrier Island reste une zone protégée

interdite aux humains, et aux rats, 

(sauf les biologistes-autorisés naturellement) !