mardi 21 juillet 2020

La si jolie église XVIIIè d'Encausse







C'est la classe ! Profitant de l'exposition Rixens au musée des Arts et Figures des Pyrénées Centrales, j'ai demandé à Mme la Conservatrice du musée de st Gaudens si elle pouvait nous accueillir à l'église d'Encausse, dont elle est la nouvelle Maire : je distingue deux catégories de Maires : les maires-masculins d'autrefois que j'ai si longtemps cotoyés aux débuts de ma vie professionnelle, rassurez-vous ils existent toujours ; et les Maires-féminines, de plus en plus majoritaires dans nos campagnes : si elles ont été élues, c'est qu'elles sont encore davantage garantes des valeurs familiales, du patrimoine, de la continuité, de ce qu'il faut défendre pour poursuivre tout simplement ce qui fait l'intime de notre civilisation. Le Maire et plus encore la Maire gardent ainsi l'église, patrimoine immobilier et culturel, que ce soit la Maire de Nantes dont nous apprendrons le même jour que la cathédrale a subi un grave incendie (détruisant l'orgue créé par Jacques Girardet en 1620 il y a pile quatre cents ans ainsi que la verrière derrière), et Madame la Maire d'Encausse les Thermes, soucieuse d'entretenir la si jolie église de sa célèbre cité, célèbre par ses thermes et son histoire.... !

Le soleil est revenu, la curiosité nous habite, nous sommes à la recherche de la beauté, nous sommes à quelques pas de Soueich, où nous avons rencontré Eulalie de Mérida, nous allons terminer par une femme là encore, la Vierge de l'Assomption d'Encausse, vous allez voir, elle est très impressionnante !


Mais le baptistère nous accueille, avec tous les personnages locaux : Bertrand (de Comminges) préside comme à l'accoutumée, c'est la valeur sûre d'ici, avec Germaine de Pibrac qui garde l'extérieur. En majesté, Jean le B. notre ami fidèle (si j'ose dire) de St Bertrand de Comminges baptise Jésus : facile, avec l'eau minérale des sources locales ! Le peintre, on reconnait le style à nul autre pareil, est notre estimé Nicolaï Greschny, (1912-1985), religion-orthodoxe, venu de son Estonie natale, peindre les sources que je vous faisais visiter en 2012 (1) et qui signe de la croix avec au centre (la place du coeur du Christ, le sacré-coeur) une rose à cinq pétales. Avec le baptistère en marbre, nous sommes bien dans les Pyrénées centrales.(2)





Je ne vous ai pas encore parlé de l'église : en plan un simple rectangle, avec des chapelles latérales ; magnifique rétable peint à l'Orient, avec dessus la raison-sociale (si je puis dire) la Vierge de l'Assomption, vous avez de la chance, j'ai zoomé un max depuis le balcon à l'Ouest, et cela a fonctionné :







Dessous, le Christ en croix, entouré de deux anges. Autel en marbre, griotte et brèche, c'est très beau, magnifiques candélabres en laiton brillant comme de l'or. Toutes les parois sont en lambris peints très XVIIIè, avec des médaillons : on dirait le bleu-Majorelle qu'aimait tant Yves St Laurent dans sa villa bleue de Marrackech.


Il n'y a qu'un vitrail, tout simple et du coup superbe, d'autres menuiseries ont été conçues pour de belles verrières, il ne reste plus qu'à les poser... sans doute on verra cela plus tard...!




J'adore les statues, encore une fois Joseph avec son fils, merci pour les papas séparés si rarement chargés de la garde de leur enfant. Bernadette, Jeanne d'Arc, un Saint-Pierre calé dans sont trône tient ses deux clés. 
 



J'ai oublié : une autre célébrité partagée avec Luchon : les peintures de Lasseran & cie, notamment du choeur : les quatre évangélistes, complètent les tableaux de la nef, où mon Roi David joue comme à l'accoutumée de sa harpe, (en répétant le Miserere), du moins je l'imagine ...!



Mathieu
Luc
Jean l'Evangéliste... mais où donc ai-je mis Marc ? ?




ouf ! je l'ai retrouvé !

après les trois clous de la Passion qui sont à Notre Dame de Paris, c'est presque l'agneau mystique de Van Eyck, les 7 signets n'ayant rien du au hasard.

Vous voyez : une fois encore une église est une église : un lieu pour partager la religion chrétienne, illustrée par le cortège des saints, et placée sous l'autorité de la Vierge, en pleine assomption, une fois encore dans son rôle de "Porte du ciel"

Mais c'est à Encausse particulièrement, un musée, des oeuvres sacrées, un patrimoine.

Dans ces petits villages existaient des artisans d'art, des fondeurs de cloches, des sculpteurs, ils savaient dorer à la feuille, argenter les nuages, poser des moulures, peindre les étoiles du firmament. Les charpentiers créaient des escaliers tournants, des balustrades, des confessionnaux, tout était beau, empreint du souci du travail bien fait, fini, durable, capable de durer des centaines d'années. 



Je suis rassuré que l'église soit fermée, et que la Vierge d'Encausse soit ainsi protégée. Sous ses pieds, elle écrase le serpent, cette (sale) bête qui a encore dans sa gueule la pomme, la fichue pomme qui a fichu le bazar dans l'humanité. Nicolaï lui aussi a peint dans le baptistère un ange écrasant le même serpent... on n'est jamais assez prudent ... avec les serpents ...!

Je re-pense à Nantes après Notre Dame : quelle tristesse !

j'aime toutes nos églises fermées du Comminges

elles abritent nos trésors

le trésor c'est la Vierge grandeur nature, au zoom depuis le balcon




























PS (1) : c'était en 2011 :
http://babone5go2.blogspot.com/2012/10/encausse-les-thermes.html

cela amusera sans doute quelques lecteurs de se rendre à Tortosa, revoir la Virgen de la cinta ?
https://babone5go2.blogspot.com/2016/10/virgen-de-la-cinta.html

Quand on confessait ses péchés (autrefois) on s'agenouillait dans cet endroit

le prêtre, au centre pouvait confesser deux paroissiens à la fois ! 


PS (2)
signature Encausse 1949
St Pierre d'Oléron, chapelle de la Vierge 1962, cette fois la rose
est la "rosa candida" de la Divine Comédie















Addendum : 
Si vous aimez Greschny, vous pourriez en cette période de vacances occitanes vous rendre dans le Tarn, à Alban, dans l’église de l’Assomption justement : il suffit de pousser la porte d'entrée style Louis XV pour accéder à cette étonnante église avec son architecture résolument moderne pour découvrir les fresques grandioses de Nicolas Greschny.

Entièrement orné, du sol jusqu'au sommet de la voûte, par des peintures d'icônes interprétant des passages de la Bible, des personnages récitant la prière à la Vierge dans 21 langues et dialectes ornent la belle voûte de l'église.

Nicolaï Greschny n'hésite pas parfois, à mettre en scène dans ses fresques bibliques, certains paroissiens de son entourage en tenues contemporaines.

Un travail de 10 ans, une véritable oeuvre d'art. Elle abrite également une croix romane classée, une Vierge en bois doré du XVe siècle, un très beau portail finement sculpté.

À l'intérieur, une grande fresque représentant un immense Christ en majesté qui domine l'autel en bois doré.


demain on reste dans le Patrimoine local :

j'ai retrouvé l'aqueduc romain 
alimentant Saint-Bertrand !