A Arles, on la nomme LA VENUS , tout simplement, puisqu’il n’y en a qu’une, la Vénus (d’Arles). Nous avons voté à 8H00 dimanche 6 mai, et sommes partis à 8H07 pour Arles, pour des raisons … médicales…Bref, l’occasion de faire l’énorme pont du 6 au 8 mai, de revenir le mercredi 9, et pour moi de visiter le musée départemental, qui rassemble désormais tous les vestiges romains de la petite Rome des Gaules (en attendant le chaland sorti du Rhône et qui sèche à Grenoble).
En fait il reste maintenant à Arles trois Vénus : vous savez que Louis XIV dans les années 83 (il s’agit précisément de mille six cent…83) avait jeté son dévolu sur la vraie, en marbre, trouvée le 6 juin 1651 par les frères Brun dans le Théâtre Antique, brisée en trois fragments. Sans les bras qui ne furent jamais retrouvés. C’est comme cela qu’on la reconnaît. Heureusement, le sculpteur Jean Péru réalisa un surmoulage en plâtre, avant d’expédier l’original à Versailles. C’est ce surmoulage que l’on peut voir au Musée, tel quel. On sait que l’original serait déjà une réplique romaine d’une œuvre grecque de Praxitèle, dite l’Aphrodite de Thespies, datant de 360 av J.C. Figurez-vous que le modèle était Phryné dont je vous ai déjà parlé, qui couchait comme bien entendu avec Praxitèle, les sculpteurs (et les peintres) ayant depuis toujours des libertés avec leur (leurs) modèle (s) !
Nous en sommes réduits aux conjectures concernant les bras et leur usage : on pense qu’à la main gauche, Vénus tenait un miroir (se demandant comme d’habitude si elle était la plus belle ?) ; et la main droite devait tenir un peigne, pour s’arranger les cheveux. Ou pas de peigne du tout, puisque ses cheveux sont particulièrement bien coiffés. Avait-elle simplement le bras en l’air à demi-courbé, la main touchant les cheveux comme beaucoup l’ont imaginé ?
Concernant le visage, le Musée d’Arles possède la tête d’une seconde Aphrodite. Déesse de l’amour, elle est identifiée à la romaine Vénus. Vous voyez qu’elle a perdu son nez, ainsi que le reste du corps, même si le musée en possède un autre, mais pas à la même échelle. Elle provient elle aussi du Théâtre antique, et elle était le pendant de la Vénus de l’autre côté de la porte royale. Au-dessus, Auguste assis (3,1m) les dominait toutes deux.
Heureusement tout n’a pas été déménagé. Nous nous rendons à l’Hôtel de Ville, pour retrouver l’obélisque ramené du cirque afin d’orner la place centrale en face de Saint-Trophime. Nous retrouvons la plaque rédigée par Mistral en Provençal en l’honneur de la Ville. Nous relisons le résultat des élections. Conforme, François a gagné. Ici, on lui érigerait un statue. En toge. Comme Auguste. Ouf, l’escalier montant aux étages est toujours flanqué des deux lions qui illustrent la célèbre devise. Et notre troisième Vénus est là, entière !
Cette fois-ci c’est la copie de la reconstruction si j’ose employer ce terme, réalisée par François Girardon, car il n’était pas question de mettre à Versailles une Vénus d’occasion, elle devait être entière et neuve, digne de la galerie des glaces. A y bien regarder, je la trouve plus lisse, plus esthétique, la poitrine n’est manifestement pas la même, plus ample, plus jolie, plus classique.
Pas de chance le miroir à la main gauche a été brisé, n’en reste que la poignée. Et va savoir pourquoi, elle tient à la main droite une pomme. Est-ce la pomme d’Eve ? Ce serait la pomme d’or du jardin de Pâris ? Celle de la discorde ? Une provision pour une petite faim ? Une pub pour un régime ? l’image réduite du monde ? Cela pourrait être une boule de jongleur, ou une balle (de palestre), sujet souvent présenté par les sculpteurs. Mais cela ne colle pas avec le miroir. Sauf si ce n’est pas un miroir, mais le manche d’une batte de baseball ? ? Je vous propose toutes ces hypothèses sans trop de conviction. Il y a là un (petit) mystère…
Ne reste plus qu’à retourner au Louvre pour voir la vraie, transportée le 13 janvier 1798…
Une fois de plus, tout se passe à Paris !
D’ailleurs…
la voici :
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