la belle petite maitresse
Les papillons dans la
peinture
C’est la saison : vous voyez
au bord de la route des eupatoires. Vous tapez dessus avec un bâton : vous
sort devant le nez (vous reculez) un éclair rouge : une écaille chinée :
je vous ai déjà parlé de cette merveille qui fait des flashes dans : http://mesamispapillons.blogspot.fr/2011/01/lecaille-chinee-de-rhodes.html.
J’y reviens car je me suis décidé
à faire une recherche sur les papillons
dans la peinture, vous avez vu que j’ai bien commencé, et le tableau de
Cosimo est un cas d’espèce amusant, que je n’avais pas assez développé :
nous sommes en 1505, et la mode est encore à représenter les Dieux antiques :
il y a Mars à droite, il a enlevé son armure, ouf, dévêtu, il vient de s’endormir du sommeil du Juste. (sans
doute fatigué de ce qui vient de se passer ?). A gauche, Vénus, dévêtue, (il fait chaud, c’est l’été), tient dans sa hanche l’Amour. Son fils !
Cupidon !
Les yeux au ciel, elle pense
(vraisemblablement à ce qui vient de se passer ?). Elle n’a pas l’air très
exaltée, peut-être Mars n’a-t-il pas été à la hauteur ? (une panne d’oreiller
chez un Dieu peut fort bien arriver ?). En réalité, elle stresse car elle
a fauté, en l’absence de son mari Vulcain, qui sait s’il ne va pas débouler ?
D’ailleurs, l’Amour regarde le ciel, et désigne de sa main gauche pointée le
coupable : c’est Mars l’amant, il a fauté, il va falloir le punir un jour,
Vulcain va s’y employer.
Finalement, l’amour (une fois de plus) a triomphé ...
...du Dieu de la Guerre, crevé.
...du Dieu de la Guerre, crevé.
Là où le tableau se corse, en
effet, c’est que Piero a placé sur la cuisse droite de Vénus une « écaille
chinée ».
La voici en gros, elle est bien
reconnaissable, avec sa position en V quand elle est posée, les ailes rouges
postérieures quasiment cachées.
Une digression : Linné n’a
pas été encore inventé : il est né en 1707 le 23 mai, et n’a forcément pas publié sa nomenclature, binomiale, nom et prénom, Systema naturae, la première édition
datant de 1735. Plus de 230 ans après. Il nomme ainsi Callimorpha dominula en 1758. Je vous ai expliqué que Linné avait
sur son bureau deux bouquins racontant la mythologie grecque, et qu’il puisait
dedans, après réflexion, pour trouver des noms adaptés : Kallos en grec, c’est la beauté. Morpha, c’est la morphologie : Callimorpha, c’est l’expression de la
beauté. Linné trouve les « Ecailles » jolies, et les nomme ainsi.
Vous remarquez que la traduction française a ôté tout sens au nom de Linné :
écaille signifie un papillon dont les
ailes sont recouvertes d’écailles, plus rien à voir avec la beauté ! En anglais
c’est pire : tiger moth :
un papillon de nuit tigré (on dirait zébré, camouflé avec des rayures dorées
sur fonds noir). En allemand c’est pire encore : schönbär : joli nounours ! L’explication tient à la
chenille : nos écailles ont leurs chenilles poilues (comme une peluche d’ours)
caractère qui ne transparait plus sur l’adulte volant !).
Là où c’est amusant, c’est le « prénom »
donné par Linné : dominula. Vous
devinez domina : la maitresse,
dominatrice, la Chef d’entreprise, qui va harceler ses employés mâles. Je n’ose
évoquer le latex et le fouet ! On pourrait croire Vénus : domina ? Non, elle est dominula, petite maitresse !
Quand Linné, dans sa 10è version de Systema naturae, nomme les Phalènes, il ne retient que 200 papillons, omet quadripunctaria, (qui ne vit pas en Suède), et ne retient que : Callimorpha dominula, celle là :
Alors qu’est bien peinte Callimorpha (elle est bien plus jolie) quadripunctaria : l’écaille chinée !
(elle a quatre points noirs dans le rouge des postérieures) !
Linné s'est donc trompé !
Linné s'est donc trompé !
la Grèce est bien le berceau de ce joli papillon : la farfalle valley à Rhodes en est remplie l'été |
PS : j’ai emprunté ses
belles photos de noces de l’écaille chinée à : http://voirdit.blog.lemonde.fr/2013/08/04/avec-piero-di-cosimo-les-amours-sont-dans-le-pre-allons-voir/
Avec ses trois mots : voir,
raconter, comment ? il reprend mes pistes de réflexion sur le sens de la
Création. Merci à lui dont j’ignore le nom !
Exemple son billet sur la
chenille du sphinx de la vigne, bravo !
Voici deux de ses photos du mariage de l'écaille chinée : Mars et Vénus enchainés !
Nicolas Poussin a traité du même thème : mais la scène se passe avant...l'acte final...! : Mars porte encore son armure. Vénus se pare en se mirant dans le miroir. Les amours sont en pleine action. Et il n'y a pas...
...de papillon !
il y en a même un second : Mars vient de se déshabiller, et les Amours jouent avec ses flèches Vénus parait en condition...pour passer à l'action... ...toujours aucun papillon...! |
Boticelli peint quasiment le même thème... mais sans papillon..... |
il nous montre cependant le cunnus de Vénus en dessinant un pli dans ses vêtements ! |
ces peintres étaient de grands enfants ! |