jeudi 13 mai 2021

Notre cuivré commun Lycenaea phlaeas



La publication du guide des papillons des Pyrénées m’a re-donné envie d’évoquer toutes ces merveilles de la Nature, en commençant par le plus commun d’entre eux, le cuivré commun soit dit en langage commun, mais comme chez Natura Pyrénaica nous parlons Latin, j’ai voulu une fois encore comprendre pourquoi notre précurseur et Grand Maitre Carolus Linné avait nommé ce petit papillon : Lycaena phlaeas ?

Une fois encore, mais cela faisait longtemps, je trouve l’explication chez le seul d’entre nous qui domine vraiment le sujet nommé la Zoonymie : l’origine du nom des papillons, Jean-Yves Cordier dont je cite l’article in fine (1), publié le 10 juillet 2013.

Voici un extrait, je l’ai repris à cause du latin !

 n° 1078 Papilio phlaeas      Linnaeus, C. 1761. Fauna Svecica sistens animalia Sveciæ Regni : mammalia, aves, amphibia, pisces, insecta, vermes. Distributa per classes & ordines, genera & species, cum differentiis specierum, synonymis auctorum, nominibus incolarum, locis natalium, descriptionibus insectorum. Editio altera, auctior.. Stockholmiæ. (L. Salvii). 578 pp. page 285.

 

l'avantage des anciennes gravures est de montrer la plante-hôte, ses feuilles et ses fleurs

"Habitat in pratis Westmanniae" : Localité-type : Västmanland, Suède. Mais l'espèce est observée dans toute la France. Les chenilles se nourrissent sur diverses espèces d’Oseille.

C’est une autre remarque importante pour ceux qui croient que le Buddleia importé de Chine et si invasif, est "l’arbre aux papillons" : quelques uns en effet une fois adultes viennent sur les grappes de fleurs s’abreuver du nectar, mais aucun papillon de France n’a jamais pondu d’œufs sur le buddleia pour y faire grandir ses chenilles ! L’ortie pour les vanesses ; et différentes oseilles, pour les cuivrés, sont bien plus importantes ! ¨

Préserver orties et oseilles est donc un préalable !

J’en reviens à phlaeas et à Jean-Yves Cordier :

       Origine du nom selon A.M.Emmet 1991,  page 149.

" Écrit par Linné avec une diphtongue qui peut être lue soit comme -æ, soit comme  -œ, phleo, phloïo,"j'attelle", "je déborde", "je fleuris", différents adjectifs ayant été construits sur cette racine comme épithètes de déesses comme Proserpine, Aphrodite et Bacchus ; en latin, le verbe floreo, "je fleuris", est dérivé de la même racine : de la couleur cuivrée brillante, suggérant la splendeur des fleurs. Tout ceci est assez compliqué, et Spuler préfère faire dériver le nom de phlego, "flamber", qui se réfère à la couleur fondamentale du papillon."



les oeufs sur l'oseille




 Hans-Arnold Hürter cite différentes pistes, pour n'en retenir aucune:

Phlégias ou Phlégyas (en grec ancien Φλεγύας / Phlegúas) est roi des Lapithes en Thessalie.

Phleia surnom d'Aphrodite et de Déméter.

Phleius, ville du nord-est du Péloponèse.

Phleon, Φλεων  surnom de Dionysos "le Luxuriant (feuillage)".

Phlias, fils de Dyonisos,

Phloia, désignant Coré (Perséphone).

le verbe grec phleo, phleien fleurir, épanouir sa floraison, abonder, couler en abondance.

Quoiqu'en dise Emmet, le mot écrit par Linné semble être Phlæas, la diphtongue -æ se retrouvant plusieurs fois dans le texte, par exemple dans "habitat in pratis Westmanniæ" où elle ne peut pas prêter à discussion.

 Je peux évoquer aussi les plantes nommée Phléon et Phleos par Théophraste, citée dans les Grenouilles d'Aristophane comme vivant dans les marais, par Pline (H.N. LIV,22)d'où viennent le Phleum pratense, nom donné par Linné en 1753 à une graminée ( Fléole des prés). Linné ne mentionne pas la plante hôte, identifiée actuellement comme le Rumex, mais dit seulement que le papillon vit dans les prés.

 c'est toujours Jean-Yves Cordier qui parle :

 "J'ai aussi recherché sans succès l'étymologie de la plante Rytiphlaea tinctoria, de la pentatomide du Brésil phlaea paradoxa, des hémiptères nommés phlaea ou phloea, de lejophlaea...

"J'en arrive à la sage conclusion de H.A. Hürter et de Ochsenheimer qui constatant qu'aucune étymologie n'est obtenue sans faire violence au terme linnéen, acceptent l'idée que seul Linné sait ce qu'il a voulu signifier. Et Hürter ajoute : "Auch hier gilt : Namen sind zum Nennen da !", "Encore une fois, les Noms sont là pour Nommer !" Autrement dit, ils ont pour fonction principale de poser sur une espèce une étiquette qui fasse consensus, et non pas de nous faire réviser notre mythologie. C'est "l'arbitraire du signe". Ce qui ne nous interdit nullement de laisser le nom déployer la roue de paon de toutes ses évocations, lesquelles s'enrichissent de toutes les recherches effectuées.

Dans le guide de nos amis de Natura, figure le cuivré illustre (puisque disparu d’Angleterre sans retour) du plus célèbre d’entre eux, du moins dans les plaines humides car d’autres vivent encore dans les montagnes : Heodes dispar

J'ai été amoureux fou de Dispar dans les années 1970, au point de l'observer pendant des années dans le Lot, et de l'élever sur mon balcon à Montauban. Il vole chez nous à Soueich où il voisine l’hôtel Du Barry, à qui j’ai commenté la chance d’être implanté dans ce paradis préservé grâce aux mesures de Natura 2000.


Il ne vole pas dans mon jardin. Trop fier de ses oseilles spéciales, et de sa botanique complexe réservée aux milieux humides où l’on trouve ses œufs à proximité des mares où pondent encore les grenouilles.

http://mesamispapillons.blogspot.com/2010/12/dispar-large-copper.html


Par contre, le cuivré commun vole un peu partout, 

et si on le regarde attentivement, il a les mêmes reflets que dispar !

phlaeas te regarde !




PS (1) : l'article de Jean-Yves Cordier in extenso :

https://www.lavieb-aile.com/article-zoonymie-du-papillon-le-cuivre-commun-lycaena-phlaeas-121249306.html

c'est l'actualité de ce jour de l'Ascension : Machaon se prépare à éclore...puis, à monter au ciel... !

une naissance est toujours un heureux évènement !


J'ai consulté Wiki pour retrouver la mémoire de cette fête révolue : l’Ascension est une fête chrétienne célébrée le quarantième jour à partir de Pâques. Elle marque la dernière rencontre de Jésus avec ses disciples après sa résurrection et son élévation au ciel. Elle exprime un nouveau mode de présence du Christ, qui n'est plus visible dans le monde terrestre, mais demeure présent dans les sacrements. Elle annonce également la venue du Saint-Esprit dix jours plus tard et la formation de l'Église à l'occasion de la fête de la Pentecôte. Elle préfigure enfin pour les chrétiens la vie éternelle. 

L'Ascension est un élément essentiel de la foi chrétienne : elle est mentionnée explicitement, tant dans le Symbole des apôtres que dans le Symbole de Nicée-Constantinople et donc partagée par les catholiques, les orthodoxes (l'Ascension du Seigneur est une des Douze Grandes Fêtes), les protestants et les fidèles des Églises antéchalcédoniennes. 

Le jeudi de l’Ascension est jour férié dans plusieurs pays et célébré chaque année entre le 30 avril et le 3 juin pour le calendrier grégorien. Pour les catholiques et les protestants, en 2021, l’Ascension est le jeudi 13 mai et en 2022 elle aura lieu le 26 mai. Pour les orthodoxes, c'est respectivement le 28 mai et le 10 juin.

Je suis admiratif de la façon dont notre civilisation en marche considère désormais cet évènement

Par TGV entiers, nos édiles Parisiens se sont jetés dans les TGV

pour "profiter", bien légitimement, des bienfaits d'une fête devenue week-end

pendant ce temps, les premièr(e)s de corvée encaissent les consommateurs dans les super-marchés ouverts

de toute façon, elles ne vont plus à la messe !

c'est mon cas... je file faire les courses que j'aurais pu faire hier

mais que je pourrais faire aussi demain !