mardi 15 octobre 2019

Je retourne à Ganties (2)





la frise à dents d'engrenage


Oui, l’église de Ganties mérite elle aussi le détour : son clocher est du type clocher-mur, son plafond est peint, et elle est consacrée à Saint-Sébastien. Je retrouve la publication de Christiane B qui va suivre,  mais rien n'explicite le nom : B... j’en suis désolé pour elle, et je cite : « L’église Saint-Sébastien à Ganties (Haute-Garonne) » par ChristianeB — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

« Deux perspectives intéressantes s’ouvrent au promeneur qui aborde l’église Saint-Sébastien de Ganties. D’un côté un mur-clocher construit au XV° siècle, traditionnel dans la région, mais ici particulièrement imposant de proportions et de dimensions, maintenu par de puissants contreforts, et qui abrite trois cloches dont deux dans des baies géminées. (La plus haute proviendrait de la chapelle démolie à la révolution dont il sera mention ci-dessous ndla). De l’autre un rare chevet des XI° ou XII° siècles possédant une frise en dents d’engrenage, autour duquel est disposé le petit cimetière. L’appareillage des deux éléments est remarquable et donne un charme à l’église malgré les modifications apportées au XIX° siècle. Un beau portail, à pilier central, a été placé latéralement au XVI° siècle, comportant une fenêtre-vitrail en tympan.

le Président majestueusement encadré

J’ai rendez-vous avec Madame la Maire qui a la gentillesse de m’ouvrir les lourdes portes armées d’impressionnantes serrures, et découvre l’intérieur, le balcon qui fait penser aux églises basques, le plancher de larges planches intactes et si inhabituelles, et les signes de Saint-Sébastien : les ornements, une statue émouvante par les blessures du martyr, et la voûte en quart de sphère du chœur : on comprend pourquoi le trou à l’Est n’est pas orné d’un vitrail : il débouche sur les combles et pourrait être rebouché sans modifier la lumière : l’Orient est marqué par deux mignons vitraux latéraux décorant deux baies verticales, à l’image de la meurtrière qui a fait penser que l’église était fortifiée. Le plafond du chœur représente le Christ, entouré de deux Anges ailés, bénissant un soldat romain dont le casque repose à terre : j’imagine qu’il s’agit de Sébastien monté au Paradis après son martyre à Rome en 284 ? Officier dans l'armée de Dioclétien, il est chrétien, démasqué, et mis en demeure de reconnaître l'empereur comme son dieu, sauf à être déclaré rebelle : il refuse, est lié nu à un arbre, et sert de cible aux tirs de ses propres soldats, avant d'être tué par bastonnade. Son culte date du IVe siècle.








quel est cet objet au pied droit de Sébastien, son casque, visible dans la peinture du choeur  ?

En plein dans l’axe  derrière l’autel, une grille épaisse fermée d'un cadenas antique : après de nombreux essais, le verrou céde aux morsures de la clé, et s’ouvre. Mais c’est sans compter un second verrou, que la clé idoine ne peut forcer. Enfin, un troisième verrou protège le reliquaire en argent de Saint-Sébastien, avant que se déclenche l'alarme. Par le carreau poussiéreux, je saisis le regard émouvant du Saint emprisonné. On se promet que l’on ira plus loin la prochaine fois ?





A l’origine, le culte s’opérait dans une chapelle, ruinée ici comme ailleurs à la Révolution. Chapelle dédiée à Sainte-Radegonde. C’est elle que je voulais voir, l’imaginant petite, cachée dans une boite, de proportions identiques aux Vierges du Comminges, dont je vous ai montré quelques exemples dans les églises romanes alentour dont Saint-Bertrand de Comminges. A côté de cette chapelle, une fontaine, donc une source : la répétition de Latoue ! ! Vous devinez que je vais vous y mener un de ces prochains jours ?  

Cette statue a été classée monument historique par arrêté du 27 avril 1926, avec la description suivante : "Ganties. Oratoire de Sainte Radegonde (annexe de l'église) Sainte Radegonde, statue, bois peint et doré, XVIe siècle.

En 1942, l'abbé Pourrech, curé de Ganties répondait à une enquête : "Le plafond de cette église annexe s'étant effondré dernièrement, je crains, si les réparations ne sont pas faites au plus tôt, que cette statue ne se détériore".

La statue sera finalement transportée à l'église paroissiale, où la voilà. Pour manifester son statut de Reine, les autres statues de notre Sainte lui mettent un sceptre couronné d’une fleur de lys dans la main droite. Apparemment, si le sceptre a disparu, la main droite est conçue pour bien tenir une hampe. De la gauche, elle lit la Bible j’imagine ? Elle n'a pas sa couronne, remplacée par une coquille Saint-Jacques qui lui protège le chef du soleil.




voici le sceptre royal des représentations habituelles comme Reine de France (VIèS)

le tombeau dans la crypte de Poitiers : la hampe y est, et la couronne !

le tabernacle sans flash, le doré a disparu, mais il y est bien, avec encore Sébastien juste avant son supplice !



Cette visite est émouvante, car l’église est totalement authentique, détails compris comme ce grand évangile ouvert, quelques vêtements sacerdotaux, le mobilier complet, des accessoires du culte, le confessionnal daté... 1729 et Jeanne d'Arc, perdue dans son coin !

Il faudrait pour une prochaine Saint-Sébastien, normalement le 20 janvier 2020, célébrer une messe ici : je vais solliciter mon intercesseur habituel : Saint-Gaudens lui-même, pour qu’il contacte Saint-Sébastien d’une part, et Radegonde de l’autre, trio indispensable pour présenter une requête (par songe) au père Florent, qui a tant de paroisses à satisfaire…et n'y parvient pas...!

...mais peut-on refuser quoi que ce soit

à la Reine Radegonde ?







PS : la dernière fois à Ganties :