j'ai trouvé une rare photo de Carine et Giuseppe |
Nous avons donc sollicité de la
Princesse (et du Prince ?) une invitation à visiter, qui sera suivie d’un repas d’honneur (entre
amis), dans la grande salle à manger, avant de danser au grand salon des miroirs, en souvenir de Claudia Cardinale. Les dames ont
revêtu l’une de leurs ,nombreuses robes de soirée, les messieurs sont en smoking.
Le Palazzo n’a rien d’un hôtel, mais, en échange j’imagine d’émoluments négociés
par l’intermédiaire de l’Agence, (puisque Agence il y a), la Princesse s’efforcera de subvenir au gouffre
des factures diverses auxquelles l’entretien de sa maison l’oblige (malheureusement)
à faire face.
ça ne se fait plus d'arriver en carrosse : on est cependant prié de laisser sa Ferrari au parking municipal proche |
Je ne puis que me mettre dans la peau de Domenico Biscardi quand, le 16 juillet 2017, il écrit ces lignes dans Altriataliani.net
« Quand une femme
extraordinaire vous accompagne à la découverte d’un palais sublime et exclusif,
le temps s’arrête et l’enchantement s’installe. Reçu par la princesse Carine
Vanni Mantegna, j’ai visité le Palais Valguarnera Gangi de Palerme, l’une des
rares demeures aristocratiques d’Europe, construite entre 1750 et 1780, et
restée complètement dans son jus. 8 000 mètres carrés situés au cœur de la
ville et l’un des plus authentiques témoignages du baroque sicilien. Ici,
Visconti a tourné des scènes inoubliables du “Guépard” en 1963 avec Alain
Delon, Burt Lancaster et Claudia Cardinale. Une visite qui allie la beauté et
l’éclat, les commentaires de Xavier Salmon du Musée du Louvre, les suggestions
littéraires de Roberto Alajmo et les délices de la pâtisserie sicilienne de
Salvatore Cappello » (1).
« Une main sournoise allume
à l'improviste les lumières de la galerie des glaces. Splendeur saisissante des
ors qui jaillissent alors de la pénombre. Corniches, chambranles, boiseries à
motif floral, miroirs oxydés par le temps : tout n'est qu'or. Mais un or usé,
passé, pâle, doux, presque argenté. « Un or, écrit Giuseppe Tomasi di
Lampedusa, cachant soigneusement son prix, avec la pudeur d'une matière
précieuse qui fait oublier sa valeur. » Le plafond à double voûte s'envole dans
une telle orgie de stucs baroques que l'on en oublierait la fresque peinte par
le maestro Gaspare Fumagalli et éclairée par un lustre de Murano à cent
branches du verrier Briatti. Il n'en existe que trois exemplaires de cette
dimension dans le monde. Sur le sol, les céramiques de Vietri racontent les
travaux d'Hercule. Au pied d'un des poufs immortalisés par Luchino Visconti
dans la scène du grand bal... la silhouette d'un guépard.
on a surpris une femme (de chambre) égarée dans la chambre, mieux vaut passer au salon des miroirs |
« Le guépard » : le livre de
Tomasi di Lampedusa, puis le film de Visconti, tourné en grande partie au
palais Gangi, ont fait de cette demeure palermitaine le symbole de
l'aristocratie sicilienne. Une noblesse oisive, raffinée, extravagante et
formidablement riche jusqu'au début du XIXe siècle. Une noblesse capable de
vivre sa lente décadence sans se départir de ses singularités et de son
identité. Quand, au cours des siècles, on a été envahi par les Grecs, les
Romains, les Barbares, les Normands, les Angevins, les Espagnols, les Bourbons
de Naples puis les Italiens, on garde une certaine distance face aux menues
péripéties de la vie. Ce que le prince Salina résume dans la géniale formule :
« Tout changer pour que rien ne change. »
La famille Valguarnera Gangi fut
une de ces grandes lignées aristocratiques. C'est une femme, la princesse
Marianna Valguarnera, qui commença la construction du palais, en 1749 (ce
n'était alors que l'une des dix résidences de la famille !), à Palerme, dans le
quartier aujourd'hui appelé la Kalsa, détruit par les bombes pendant la
dernière guerre. Une maison destinée à donner des bals somptueux et construite
en une succession de grands salons : salle d'armes réputée pour son acoustique,
salle des costumes que Visconti fit retapisser pour les besoins du « Guépard »,
salon vert décoré par les scènes de tous les grands suicides de la mythologie,
salle à manger blanche extraordinairement restaurée avec ses dorures
pompéiennes, salon rouge, salon bleu et la salle de bal de 220 mètres carrés où
trône un piano sur lequel Wagner - un ami des Valguarnera Gangi, au même titre
que Rossini ou la famille royale d'Angleterre - aimait à composer. Au bout de
la galerie des glaces, deux invraisemblables boudoirs entièrement décorés de
motifs chinois et d'où part un escalier secret utilisé par les maîtres de
maison pour leurs rendez-vous galants.
ces deux grands ... lits, oui ce sont des lits ... vous intriguent ?
Le mobilier est d'origine et de style différent selon les pièces : baroque, Louis XVI, Empire ou Liberty. Une infinité d'objets occupent tables, guéridons et vitrines : bois polychromes, bronzes, vaisselle, chinoiseries, statuettes de Capodimonte, potiches de Sèvres, collections d'éventails précieux, collages de feuilles d'or et de soie, verres de Murano et cristaux de Bohême. Plus touchants encore, les portraits et les photos noir et blanc illustrant la vie des guépards, qui ont habité le palais jusqu'en 1970. Une famille d'où se détachent surtout les femmes : Marianna Valguarnera, première maîtresse du palais, mais aussi, plus récemment, la belle Giulia Alliata di Monreale (ci-contre) et sa fille Stefania (ou Stefanella ci-dessus), qui firent du palais Gangi le plus beau et le plus vivant des salons de Palerme, tout au long du siècle dernier. Sans oublier Karine Vanni Calvello Mantegna di Gangi, une jeune Française devenue princesse en épousant le dernier descendant de la famille. C'est elle qui accueille les visiteurs, leur fait partager sa passion pour cette demeure, leur offre un apéritif sur la terrasse.
C’est d’elle que je
vous ai parlé la dernière fois !
Etonnant destin que celui de
cette Lyonnaise d'origine roturière qui se souvient de sa première visite au
palais Gangi. -« Pendant quelques années,
il a été loué pour des mariages. Ce fut une erreur, car il a été saccagé. La
première fois que j'ai vu le palais, il y avait des ouvriers partout. Il était
d'une tristesse incroyable et j'ai eu peur. Mais maintenant, je sais que sa
restauration est devenue l'oeuvre de ma vie et nous pensons revenir vivre au
palais dans quelques années. »
j'ai réussi à piquer le menu d'Adam, avant d'aller digérer sur la terrasse |
l'article de notre journaliste continue :
Notre itinéraire sur les traces
des guépards ne se limite pas au palais Gangi. Si celui-ci est le plus célèbre,
toute la Sicile regorge de somptueuses demeures aristocratiques qui peuvent se
visiter. A Palerme, les palais Aiutamicristo, Tortorici, Termine Alliata di
Pietratagliata, ou les villas Bordonara et Wirz. A Catane, à Syracuse ou dans
la campagne de Piazza Armerina. Pour tout savoir, lire « La Sicile au temps des
Guépards », un ouvrage passionnant de Fanny Gefen et Gérard Fasoli (Chêne).
Autant de maisons pour la plupart
encore habitées par leurs propriétaires, qui reçoivent les visiteurs, non pas
comme dans un musée, mais chez eux, dans leur salon, autour d'un verre ou pour
un dîner auquel sont souvent conviés des amis de la famille. Chaque visite est
donc l'occasion d'une rencontre avec autant de personnages parfois désuets,
mais souvent attachants. Pas question, dans ces conditions, de débarquer à
l'improviste. Les propriétaires veulent savoir qui franchira le seuil de leur
demeure, et, le cas échéant, pouvoir refuser une visite. Les coûts d'entretien
de leur palais ne justifient pas pour eux une nouvelle invasion. Une fois en
confiance, ils se montreront en revanche d'une politesse exquise. Guépard
oblige.
Je découvre des tas de Palais à Palerme, et dans toute la Sicile. Certains sont connus pour leur Cabinet de Curiosités. Les visitent par exemple les Américains amis de Versailles, venant sur place trouver l'inspiration de la décoration baroque sicilienne, comme au Palazzo di Lorenzo di Castelluccio in Noto.
il y a même des collections de papillons ! |
on peut vous prêter une robe du soir |
PS (1) : je ne pouvais pas ne pas vous montrer le Maestro Salvatore Capello :
demain, on change de lieu
on revient à Barcelona ...
... rue de Paris !
vuelvo a casa !