vendredi 13 juillet 2018

Le Lutétia réouvert


Le palace parisien flambant neuf a réouvert. Jean-Michel Wilmotte a mené tambour battant quatre années de travaux pour mettre aux normes ce mythique hôtel.

Comment doit-on rénover un palace? Voilà une question qui divise toujours autant l'opinion. Faut-il faire un pastiche en lui insufflant un goût contemporain ou opter pour un parti totalement nouveau? Difficile de séduire à la fois les nostalgiques de la Rive Gauche et ceux qui veulent vivre pleinement dans l'architecture du futur.

À 70 ans, Jean-Michel Wilmotte est de cette génération qui compose avec les deux. Sa formation à l'école Camondo lui a donné l'amour des belles choses. Sa vie de globe-trotteur a ouvert son œil sur les savoir-faire les plus en pointe. Et la multiplication des commandes aussi diverses que la Halle Freyssinet ou le Centre spirituel orthodoxe russe lui a appris à se renouveler sans cesse. Même si l'on reconnaît la patte Wilmotte par son sens du détail et sa finition parfaite. Si certains disent que «sa marque de fabrique, trop souvent répétitive, finit par lasser», d'autres voient en Wilmotte «un travail bien fait, élégant, sobre, jamais clinquant, toujours dans les règles de l'art». Au Lutetia, il a particulièrement soigné les motifs. L'écaille est déclinée sur les sols ou les portes comme la cannelure ou le losange, élément qui n'existait pas à l'époque. Les luminaires contemporains, avec une touche d'Art déco, ont été fabriqués pour la plupart à Murano.


En rénovant ce fleuron du style Art Nouveau et Art Déco en plein Saint-Germain-des-Prés, Wilmotte allait forcément susciter la critique. «Le bâtiment était très vétuste et il a subi des restaurations cache-misère, explique l'architecte. Il a donc fallu repenser entièrement l'acoustique, l'électricité, la climatisation, les ascenseurs vitrés, en les adaptant aux normes et aux exigences de luxe d'un palace». Inutile de dire que son propriétaire, le groupe israélien Alrov, a mis le paquet. Il a voulu faire de ce quatre-étoiles, classé monument historique, le premier palace de la rive gauche en usant de toutes les nouvelles technologies de luxe et de confort.


les deux lampes Le Verrier à droite

Jusque-là, l'hôtel avait traversé tant bien que mal les années. C'est Mme Boucicaut, propriétaire du Bon Marché, qui avait fait construire cet hôtel en 1910 afin que ses importants clients fussent logés dans un établissement tout proche. Dès 1940, l'état-major allemand y avait établi son quartier général et, à la Libération, il devint un lieu d'accueil pour les déportés de retour des camps de concentration nazis. Sous l'ère Taittinger, de 1955 à 2005, puis de Starwood Capital Group, il y eut quelques travaux mais pas assez. «Ils se sont plus attaqués à des effets de mode qu'à un bon basique technique» note Christian Oudart de l'équipe Wilmotte. Il a donc fallu tout mettre à plat. La structure a été dénudée et reprise en sous-sol sans apporter de nouvelles charges, puis habillée de béton pour parer les incendies. Mais l'hôtel a été entièrement désossé, le sous-sol creusé pour y faire un spa de 700 m2 et certaines parties enlevées.




Pour Wilmotte, les objectifs étaient clairs. Redonner avant tout de la lumière dans ce Lutetia plongé jadis dans une mystérieuse pénombre. Dans les salons, l'atmosphère était un peu glauque. En cela, c'est une réussite. Le Lutetia d'avant n'a plus rien à voir. Il s'ouvre sur Paris, à tous les étages, jusque dans les chambres. Leur nombre a été réduit de 234 à 184 pour les doter de grandes salles de bains en marbre massif. Et la cour intérieure qui n'existait pas (à la place du salon Récamier) est un vrai plus, avec son écrin de carreaux blancs (ceux en pointe ont été refaits à l'ancienne pour se fondre avec ceux existants) et ses mosaïques Art Déco enfin visibles.






Sur le fronton trône un navire qui figure dans les armoiries de la ville de Paris. Le motif a été repris dans le spa. Affublée d'une verrière, l'Orangerie est elle aussi envahie de lumière naturelle. Cela contraste avec le petit salon de lecture aux boiseries sombres dont les rayonnages seront bientôt remplis de livres de Gallimard. Aux étages, les couloirs sont eux aussi en eucalyptus teinté donnant un effet paquebot Art Déco que viennent égayer des photos lumineuses. On aurait pu s'en passer...

Wilmotte avait aussi dans la tête de ressusciter les beaux décors d'antan comme ceux en stucs et en ferronnerie ou les fresques du rez-de-Chaussée, dans l'ancien salon du petit-déjeuner devenu le bar, beaucoup plus agréable et vivant, car il donne sur la ville. Il a fallu 17.000 heures de travail pour que les restaurateurs de l'atelier de Ricou dégagent la laine de verre et les couches successives de peintures qui recouvraient l'ensemble du plafond depuis 1940. «Nous avons opté pour un minimum de restauration à part la structure en treillis», explique Stéphanie de Ricou, en sortant de son étui en carton le rouleau de photo de la fresque à l'origine. Dans de délicates couleurs pastel, le décor relate des scènes de campagne, donnant un côté très rafraîchissant à la pièce.






Wilmotte souhaitait aussi apporter de la lumière dans le grand salon, tout en lui donnant une touche contemporaine. C'est lui qui est venu chercher l'artiste français Fabrice Hybert qui a aussi réalisé le plafond du restaurant Guy Savoy à la Monnaie de Paris. Cette nouvelle verrière est comme une sorte de grande flaque d'eau colorée (verre fondu sur du verre avant d'être cuit par plaques) qui projette ses couleurs sur les murs. Qui sont les drôles de bonshommes qui courent dans tous les sens ?

 «Ce sont des autoportraits à différents moments de ma vie, de l'extraterrestre, au bibendum, en passant par le pantin, l'ours vert ou le père Noël, explique le plasticien défendu par la galerie Obadia qui a reçu un Lion d'or à la biennale de Venise en 1997. J'ai imaginé que les gens venant ici seraient des voyageurs de l'espace. D'où ce cosmonaute qui est un homme cellulaire, côtoyant des extraterrestres et pouvant ensuite se transformer en poulpe».

c'était avant : que sont-elles devenues ?

Naturellement je regrette les statues « Clarté » de Leverrier, si particulières. Par contre, les vitraux de Barillet ont été conservés, ils étaient classés.

référence n° 100 chez Max Le verrier, hauteur 1,7m poids 65 Kg

Je m’aperçois en cela que je suis un homme du passé. Quand je séjourne à Paris, je vais avenue du Maine : 

Il y a la chambre du 7è d’où l’on voit la tour Eiffel.




Je crains bien de ne jamais coucher au Lutétia ?


le Figaro a comme une touche de nostalgie aussi ?




Indispensable quand on séjourne à Paris


(avec le réchauffement climatique) : 

la piscine