L’explication est à
Sienne !
Germain Monfort a fait fort hier
soir, à la fin de sa conférence sur le Monument aux morts de Saint-Gaudens.
Déjà dans la revue du Comminges il avait expliqué ce monument, difficile à interpréter
faute de documents sur le parti pris de l’artiste. La tentation de chacun étant
de voir (de croire voir) sous le poilu victorieux juché sur le monument, un
autre combattant… fusillé.
Jamais le Maréchal Foch présent
le 28 octobre 1923, jour de l’inauguration, et connu comme un croyant convaincu, n’aurait pu
tolérer une telle représentation ! Le poilu que soutient dans ses bras la France
voilée, en deuil, après l’avoir détaché
de l’arbre où il a été ligoté, est habillé de son manteau. Les brisques (les chevrons) qui définissent
les années passées sous l’uniforme de ce « briscard »
sont présentes (un fusillé aurait été dégradé). Il est coiffé de son casque. Sa
gourde est au sol. Non, ce n’est pas la tenue d’un fusillé : ce n’est pas
l’explication !
Paul Ducuing est un artiste. Il a
fait ses classes à Rome comme il se doit pour un artiste classique. Il connait la
Villa Médicis, mais il connait aussi Sienne. Il connaissait Duccio di
Buoninsegna. Il a compris qu’un des millions de poilus morts pour la France,
morts pour la liberté, avait incarné ce don de soi inouï : mourir pour donner
la liberté à son pays.
Comme le Christ en croix
cherchait à expier les péchés des hommes, le poilu emporté par la folie de la
guerre, privé par elle de sa propre liberté, ligoté symboliquement, a donné sa
vie.
Comme Marie l’a fait pour le
Christ, la France (voilée de la même manière) descend le corps du poilu de la
croix (symbolique) sur laquelle il était attaché. La partie basse du monument,
c’est « une descente de croix » !
Duccio, Sienne, les mêmes liens aux pieds ! |
Paolo di Rimini (Louvre) |
A elles seules, les visions rapprochées
des œuvres, peinture pour Duccio di
Buoninsegna, sculpture pour Ducuing, convainquent de l’explication. Quand on a
vu, puis compris, c’est lumineux !
Bravo Germain Monfort, comme quoi la connaissance des arts
supplée bien souvent la culture historique pure
Le mieux étant de faire appel aux deux…
…naturellement !
PS : les billets précédents sur ce sujet s'avèrent...dépassés...!
on peut les consulter quand-même...!