l’Etat démocrate
Cela fait deux billets que je
consacre à Sivens. Je trouve ce sujet illustrant de deux problèmes dont l’absence
de solution « enfume » la
vie publique de notre cher Pays.
J’en vois au moins deux :
1-l’Etat (qu’il faudra bien réformer coute que coute pour le recentrer
sur ses missions basiques), a plusieurs fonctions essentielles. L’une d’entre
elles, il faudra bien en reparler un jour, est de pouvoir être l’arbitre des
grands choix du Pays. L’affaire Sivens le montre : constitue-t-on des
projets d’avenir quels qu’ils soient sur de véritables arguments , ou seulement
sur de belles idées, fussent-elles généreuses ? On adore chez nous faire
le bonheur de nos concitoyens sans trop les y associer, avec l’argent public
des mêmes concitoyens. Il faut muscler davantage les projets. Les évaluer.
Promouvoir l’efficience,
qui mène à l’excellence.
L’Etat doit
disposer de ses propres experts
Comme j’ai fait référence à mes
collègues (en activité) du Conseil Général de l’Environnement et du développement
durable (après tout, ils sont les experts de l’Etat) voilà ce qu’ils souhaitent
sur la capacité d’expertise qui guiderait les décisions publiques.
S’agissant d’un domaine
stratégique et en pleine actualité, les Systèmes d’information (que l’on nomme
à tort en simplifiant « informatique », voilà ce qu’ils disent :
l’indépendance d’un Pays tel que le nôtre s’agissant d’internet et tout ce qui
tourne autour, ne peut se faire si on ne dispose pas d’experts-Etat :
2-L’Etat démocrate a chez nous quelques problèmes à résoudre :
ce n’est pas moi qui m’exprime, mais nos amis Suisses, accoutumés à soumettre
au référendum local la plupart de leurs projets intéressant la vie publique.
En caricaturant, ils nous voient
comme un Pays pratiquant des élections permanentes. Sauf que les candidats
promettent, des choses qu’ils ne réaliseront pas. Le citoyen méfiant ne
supporte plus ce système, s’abstient, et se met en retrait. Telle collectivité
va promouvoir un projet agricole passant par un barrage ? D’abord on ne
dit rien : c’est trop compliqué de trouver les arguments pertinents. On s’inquiète
de tel ou tel sujet ? On vous répond par des arguments trop simples du
style : -« faites confiance :
on fait votre bonheur, on sait, on a tout étudié, on est légitime, vous verrez bien ».
On nourrit indirectement une
contestation silencieuse, qui se trouve renforcée aujourd’hui par des cohortes
actives, les ALTER, proposant un autre modèle de société. Ils se trouvent
appuyés de toute façon par tel ou tel mouvement ayant pignon sur rue, les
écologistes, à défaut d’être écologues. Ils s’en font le bras armé, même si on
ne leur a pas demandé. Ils me rappellent nos amis corses qui faisaient exploser
les résidences secondaires (construites sans permis de construire), soutenus par une
majorité silencieuse bien contente que quelqu’un fasse appliquer la Loi.
Et quand un projet pas assez
approfondi, bâti davantage sur une stratégie politique que sur des arguments
objectifs, qui a passé les étapes légales des enquêtes démocratiques, finit par
s’inscrire sur le terrain, en coupant les arbres et en amenant le béton, ne
reste plus aux contestataires (dont le job reste l’unique contestation), que la
violence.
Et quand les CRS deviennent le
seul argument sur le terrain pour promouvoir un projet de société mal étoffé, c’est
violence contre violence.
On ne peut continuer ainsi à mal défendre, auprès des citoyens, les grands projets publics.
Il nous faut associer encore (davantage) les bénéficiaires
des projets conçus pour eux