Ne croyez pas qu'être agriculteur est si facile : une fois que l'on a récolté son maïs, avec des moissonneuses certes puissantes, et qu'on l'a mis en tas chez soi sur une aire en béton, il n'y a plus qu'à... ?
Ou bien on l'emmène à la coopérative, et on laisse à cette organisation le soin de faire la suite : vendre, ce qui amène à se faire hara-kiri des prélèvements qui vont vous être imposés pour frais divers comme le fait déjà votre propre banque. Ou bien on décide de commercialiser soi-même, pour se garder pour soi le bénéfice de la plus-value que l'on va tenter de faire sur les cours mondiaux, en vendant pile quand les cours sont au plus haut.
C'est ce que va tenter mon ami, qui Ingénieur agronome, est prêt à faire des calculs savants dont je voudrais vous faire découvrir la complexité, visant à vous démontrer que n'importe qui ne peut s'installer agriculteur.
Parce que voyez vous le maïs contient de l'eau à la récolte, due à l'humidité de l'air. Disons 25 ; 35%. On ne saurait commercialiser le maïs qu'une fois séché de manière réglementaire. Disons 15%. Séché, on va le stocker ce qui suppose ce que l'on nomme des silos. Pour déplacer le maïs il a fallu un (très gros) tracteur. Pour le sécher on jette le maïs dans une fosse, un gros trou lisse et étanche au fond duquel un élévateur va l'élever (comme son nom l'indique) dans une trémie.
On va propulser dans la dite trémie de l'air chaud. Ce qui suppose chauffer : il faut des bonbonnes de gaz liquide d'une part. Un brûleur, comme dans votre chaudière à gaz, mais plus gros. Un ventilateur pour souffler au travers du grain (un gros ventilateur). Et de l'électricité pour faire tourner.
EdF va vous facturer l'abonnement annuel de ce bazar 2000 Euros. Un agriculteur qui calcule, et qui fréquente Tractomania va faire le raisonnement suivant : "je vais bien trouver un groupe électrogène d'occasion" ? YES, il le trouve. Il le paie rendu Caussade 2000 Euros. Voilà facturé EdF, pour au moins 15 ans, économie terrible : 2000 contre 30000. Vous allez rétorquer, vous qui habitez la Ville : -"certes, mais si c'est pour mettre dedans du fuel domestique, bonjour l'économie !".
le groupe électrogène : impossible à caser dans un appartement en Ville ! |
C'est là que vous avez tort : le fuel utilisé est du fuel agricole, il est de couleur verte of course pour le distinguer de celui que vous achetez à Michel-Edouard Leclerc qui ne fait aucune marge dessus (il fait ses marges ailleurs). Et il est moins cher car l'Etat a réduit les taxes (légitimes) qu'il prend sur votre fuel à vous. Qu'il va augmenter de 4 centimes pour le hausser progressivement au coût de l'essence pour vous apprendre à écouter les consignes anciennes de Sarko qui privilégiait le diesel pour les voitures ce qui est une exception française, alors qu'aujourd'hui, il faut en revenir à l'essence (plus chère) pour vous conduire à acquérir une voiture électrique...branchée à EdF ! La boucle est bouclée.
Donc mon ami est autonome en électricité d'autant qu'il ne sèche le maïs qu'une fois par an, et que son groupe ne tourne pas tant que cela.
Il sèche avec du gaz propre, et fabrique ainsi du maïs sec et odorant (il ne sent pas le fuel) et peut même en vendre (du maïs sec) aux éleveurs de canards qui cherchent une viande d'odeur neutre pour faire du confit. Pas mal, hein ?
Mon ami stocke enfin son maïs dans des silos qu'il a achetés à Tractomania (on vend de tout ici), et suit sur son ordinateur (car il utilise son ordi pour suivre la bourse de Chicago) le cours du maïs mondial.
le séchoir plein, on va souffler de l'air chaud |
Quand c'est bon, c'est bon, il vend, et comme Michel-Edouard Leclerc herself, il optimise ses marges.(vous avez compris que Jean-Michel est un exemple pour nous tous)
Je ne vous dis pas les calculs savants pour maîtriser ces process, mais on est Ingénieur justement pour savoir faire tout ça, ce qui justifie le niveau d'études des Ingénieurs Agronomes rue Claude Bernard à Paris. Tout ça d'habitude on vous le cache, mais moi je vous le dis aujourd'hui.
les hommes à la cuisine, ces dames papotent |
Quand ensuite on "apéritive" au vin frais de Loire, vieilli en fûts de chêne, qui est presque du Sancerre, mais deux fois moins cher. Puis qu'on se régale des lasagnes de la Maitresse de maison, (en entendant le groupe électrogène, mais on s'y habitue), on se croirait en ville ce qui dissipe le fossé (qui se creuse entre la Ville et la Campagne).
voici la cuisine de Ben, comme à Giverny ! |
On se prépare, ici, à nourrir une planète de 9 milliards de bonshommes et de meufs
on ne rigole pas avec l'agro alimentaire
encore moins avec l'énergie fossile
on est : durable !