(je reviens de
Tractomania)
Evidemment, je conserve le
souvenir de Sylvie Vartan, quand elle chante : « 2 minutes 35 de bonheur ». Hier soir nous avons quitté
(provisoirement) le Comminges, direction plein Nord. Deux heures plus tard nous
étions à Caussade, Tarn et Garonne, dont la Régie municipale est si brocardée
par les Chevaliers du Fiel. Coucher
chez nos amis dans la Terre des Merveilles, et ses collines ondulées.
Je vous
reparlerai de la façon dont on passe un week-end (béni) dans le tiers monde de
la France d’en bas, à sécher le maïs et boire du vin de Loire. Samedi matin
réveil pas si tôt que cela, car il y a du brouillard, et à 8 heures trente le
soleil rasant (d’Austerlitz) est : plein dans la figure. J’ai du stopper
dix fois risquant d’entrer dans le bas-côté, ébloui par les plein-phares de l’astre
du jour, malgré mes lunettes polaroid à monture Carglass (je vous en ai déjà
vanté les mérites éminents).
impossible de visiter l'estomac vide |
toute cette vapeur donne soif ! |
on achèterait bien un phare...rien que pour une oeillade...! |
Après cela, le défi est de se garer : Caussade comme toutes les Villes de France possède plus de voitures que de places de parking, mais là, toute l’Europe ayant envoyé ses fous de mécanique, le défi est pire à relever qu’à l’accoutumée. J’ai du tourner en rond dix minutes, pour trouver une place trop petite que des conducteurs précédents n’avaient pas osé attaquer. J’y suis parvenu (c’est pour cette raison que j’ai conservé le crochet arrière, sinon inutile). Départ à pied. Grand bol d’air, je croise les premiers visiteurs du matin ramenant leurs trouvailles. La foule est déjà là : il faut se lever tôt, pour rencontrer le bonheur !
J’ai déclenché le chrono, pour lancer les trois heures trente. D’abord un café avec un croissant-croustillant payé (le café) 1 Euro 20 ; le croissant 86 centimes. Puis retirer de l’argent : bonheur incroyable, je n’ai rien dépensé. Voilà que je change (le changement c’est maintenant), puisque François me force à être heureux d’économiser, pour lui reverser à lui seul ce qui me permettait autrefois d’acheter des babioles inutiles. Puis au lieu d’affronter la multitude du marché du bas, je vais immédiatement Place du Haut (celle du monument aux morts et de la Marianne dont je vous ai également parlé, mon problème est de ne pas me répéter).
C’est là que commence
mon reportage !
La foule, les gens. Des gens ordinaires ? Pas tout à fait : il y a plus d’hommes que de femmes. Plus d’hommes d’un certain âge que de jeunes. Des barbus, des barbes de toute sorte. Des moustaches. Il y a un look très spécifique de ces gens là, qui cultivent l’intelligence de la main. Ils se préoccupent apparemment de leur phénotype (vous savez qu’on l’oppose au génotype qui leur est manifestement également spécifique). Ils cherchent dans la ferraille rouillée. Ils tressautent devant la fumée d’un tracteur au ralenti. Ils jubilent devant les engins des années 20, quand la vapeur vive s’éteignait, pour laisser la place aux premiers moteurs à explosion, les Duvant ; les Ballot ; les Japy.
Des re-constructeurs improbables règlent le point d’allumage. Peaufinent les gaz. Fignolent le point de ralenti juste avant que le moteur cale. Huilent les points névralgiques. Observent les boules (du régulateur à boules). Remettent (avec des astuces géniales) la courroie défaite. Savonnent la courroie reposée pour qu’elle colle sans coller, pour simplement améliorer l’adhérence. Conseillent l’aide (cela peut être leur chère moitié, officiellement montée en grade, à qui l’époux retombé en amour enlève les tâches domestiques, pour confier à l’âme sœur retrouvée le soin de soigner la machine à vapeur). On se sent en phase : pas besoin de maitresse (avec ses inconvénients) quand avec l’accord de la légitime, on peut caresser une machine qui fera ensuite tout ce que vous lui commanderez de faire, mais après quelles précautions !
quelle preuve d'amour : il laisse sa meuf régler (au mm) les gaz de la Merlin ! |
comment on savonne la courroie |
comment on remet la courroie de transmission en place, avec une ficelle ! |
La mode cette année est aux chenilles, il y en a partout. Y compris militaires, puisqu’il y a un char Sherman refait à neuf. Des chenillettes ; un half-track, et une moto Kettenrad, ce qui en bon allemand veut dire « chenilles-roue ». Une dame (encore une) avec le brassard de la Croix Rouge, habillée en kaki, vous accueille pour vous requinquer, comme pendant les guerres. Sous sa tente camouflée et , on se croirait redevenu fœtus, ça vous apaise, après ce stress !
Je vous reparlerai de « la Guêpe », un autocar Citroën fascinant car petit à petit, des passionnés le reconstruisent à neuf, ils en sont à la carrosserie finale après avoir réalisé des prouesses de menuiserie. La guêpe, c’est évidemment une astuce, encore une, puisqu’elle faisait le trajet depuis la Ville éminemment célèbre de Laguépie !
Parci-par là, se glisse une
maquette, les plus fidèles étant celles d’un enseignant à la retraite, qui a
appris seul à tourner et fraiser, et construit à l’échelle 1/3 des moteurs
à explosion qui pétaradent comme les
vrais. Claude (car il s’agit de Monsieur Claude) habite Cadours, le pays de l’ail (de Cadours)
et j’irai le visiter cet hiver car je m’intéresse autant à son atelier qu’aux
modèles qui en sortent.
Trois heures et demie de bonheur debout sont épuisantes. A midi pile, bien que sachant parfaitement que l’on ne prendra l’apéritif qu’à treize heures (nos amis sont un peu-beaucoup Espagnols), je rentre … pour sécher le maïs : nous sommes à la campagne, et ici, on bosse le week-end : on sèche !
A tout à l’heure :