Les Hospices de
Beaune, comment ça marche ?
L’histoire des Hospices Civils de Beaune a commencé en 1443 par la volonté de Nicolas Rolin et Guigone de Salins de construire un hôpital : l’Hôtel-Dieu. Les fondateurs ont fait œuvre de charité et acte de mécénat, instituant ainsi une tradition qui a permis aux Hospices de Beaune de traverser l’histoire dans des conditions exceptionnelles.
Aujourd’hui, les Hospices Civils de Beaune regroupent les centres hospitaliers de Beaune, Arnay-le-Duc, Seurre et Nuits-Saint-Georges. Le centre hospitalier Philippe Le Bon à Beaune est l’établissement support du Groupement Hospitalier de Territoire du Sud Côte-d’Or. L’originalité de cette institution se situe dans la nature de son patrimoine constitué d’une part d’un monument historique, l’Hôtel-Dieu du XVe siècle, qui n’accueille plus de patients ni de résidents depuis le début des années 1980 ; d’autre part d’un prestigieux domaine viticole à Beaune de 60 hectares. Toutes ces vignes morcelées du Mâconnais au Chablisien proviennent de legs et de donations.
Leur production est
commercialisée chaque année aux enchères le 3è dimanche de novembre, dans le
cadre de la vente de charité sous les halles de Beaune. C’est la plus célèbre
et la plus ancienne vente de charité viticole au monde (1859). Fidèles à leurs
valeurs fondatrices, les Hospices de Beaune soutiennent chaque année une (ou
plusieurs) œuvre caritative en lui versant les profits de la vente d’une pièce
de vin, dite « Pièce des Présidents ». Le produit de la vente, quant à lui, est
réservé à l’entretien du patrimoine ainsi qu’à la modernisation des équipements
et bâtiments hospitaliers.
cette année, la maison de vente est ... Sotheby's : vous vous souvenez de ma maxime ?
"notre patrimoine passe par les maisons d'enchères" !
quand je classe les lots par valeur décroissante, le lot 115 arrive en tête |
Mario Tavella, le directeur France de Sotheby’s, est naturellement ravi d’être lié à l’événement beaunois pour les cinq prochaines années au moins. Et l’Italien l’a dit en conférence de presse, dans son accent chantant : -« Il n’y a pas de plus grand honneur pour notre équipe internationale de contribuer à cette vente. Nous allons attirer l’attention sur le rôle fondamental des Hospices et sur la très grande qualité de leurs vins. »
L’équipe de Sotheby’s Wine fait valoir son savoir-faire avec modestie. « On en a appris et on en apprendra encore sur le sujet. Tout le monde connaît la Vente et les Hospices de Beaune sans vraiment les connaître. À ce titre, nous voulons amener de la transparence », résume le boss opérationnel, qui peut compter sur 5 personnes entièrement dédiées aux préparatifs de l’événement beaunois, dont son président Jamie Ritchie et son bras droit Amayès Aouli. Le maire Alain Suguenot n’a pas manqué de glisser aux organisateurs son espoir d’enregistrer « le même chiffre d’affaires que l’an dernier » (14,3 millions d’euros frais de vente compris en 2020, soit le deuxième score historique). Vœu pieux, tant le petit volume de 2021 (349 pièces) n’a rien de comparable aux autres années.
Une récolte historiquement rare
« Les cieux ont mis un peu de piment sur la Vente des Vins », résume dans une pirouette le maire Alain Suguenot, à l’évocation des conditions de récolte. Et Ludivine Griveau, la régisseuse du domaine des Hospices, de délivrer son habituelle pédagogie, implacable, limpide : « Comprendre un millésime, c’est comprendre son point de départ. On a beaucoup résumé 2021 au fameux épisode de gel. Je nuancerais cette tendance : en réalité, tout part de l’explosion de la végétation entre le 25 et le 30 mars, avec des températures avoisinant les 30 degrés. L’anomalie climatique réelle majeure, c’est ce pic de chaleur. Puis le gel s’est installé, la végétation a été bloquée durant un mois. Les vignes étaient chétives. C’était le début de la guerre des nerfs. Mi-mai, on a pu avoir un réel aperçu de la vendange future. Le mildiou et oïdium ayant été vaincus, nous pouvons nous satisfaire d’une très belle qualité malgré un rendement historiquement rare. »
Ludivine Griveau et François Poher. L’une ne va pas sans l’autre, et réciproquement. La régisseuse du domaine des Hospices de Beaune et le directeur des Hospices civils forment un tandem uni pour le bien de l’institution hospitalière.
Ludivine Griveau veille sur les vins des Hospices depuis 2015. C’est la première fois qu’elle doit à ce point composer avec trois éléments pour décider de sa date de vendange : la maturité des baies, l’état sanitaire et la météo ont pesé à égalité dans la balance. Là où les conditions étaient « très confortables auparavant », il a donc fallu évoluer sur un fil cette année. Le domaine des Hospices a un grand point fort, unique à ce niveau : 23 employés viticoles sont équipés de leur propre enjambeur et peuvent intervenir simultanément sur un domaine allant de Pouilly-Fuissé à Chablis.
« En une demi-journée, nous pouvons traiter 60 hectares », insiste la régisseuse, consciente aussi que la constitution parcellaire du domaine, « à 95 % située en coteaux », permet une floraison dans des conditions parfaites. « Nous pouvons donc assumer des choix culturaux : effeuiller peu, éviter de trop travailler des sols déjà bien humides, et tailler un peu plus haut pour bénéficier d’ombre portée. » Les premiers coups de sécateurs ont donc eu lieu le 17 septembre, comme les Hospices de Nuits. En observatrice à qui rien n’échappe, Ludivine offre un détail saisissant : « C’est la première fois que nous vendangeons Pouilly-Fuissé et Volnay Santenots de façon aussi rapprochée. » En cuverie, 2021 rime avec éraflage à 100%. La neige carbonique a été utilisée pour protéger des baies fragiles, « une alternative intéressante au souffre ».
Une vente au soutien des femmes
« Le bien commun est notre but. »
François Poher se fait disciple de la pensée aristotélicienne pour situer
l’ambition des Hospices Civils de Beaune dont il a la direction. L’argent
récolté pour cette vente, comme les autres éditions, servira notamment à «
achever la reconstruction du centre hospitalier, qui représente un
investissement de 70 M€ répartis sur ces six prochaines années ». Sous la
présidence de Jeanne Balibar et Pio Marmaï, la 161e vente portera une attention
toute particulière à la cause des femmes, « que nous soutenons dans toutes ses
dimensions tant les enjeux sociétaux et de santé publique sont importants et
correspondent aussi à notre histoire avec Guigone de Salins ». Sur le plan des
ressources humaines aussi : « Pour les Hospices Civils de Beaune, la personne
la plus importante est la jeune infirmière ou aide-soignante que nous avons
recrutée. Cette jeune femme est l’avenir. »
le fût unique nommé "Vision" |
le lot 115 est commenté par Jasper Morris MW, l'Anglais auteur de livres, inside Burgundy, amoureux des vins de Bourgogne, une sommité mondiale
voici la traduction :
"Une pièce unique de Grand Cru
Corton Renardes sera offerte cette année sous le nom de « La Pièce des
Présidents ». Cette pièce a été spécialement fabriquée par le maître tonnelier
François Frères à partir de chêne bourguignon provenant de la forêt de Cîteaux,
en utilisant du bois du grain le plus fin. Les meilleures grappes de Corton
Renardes ont été sélectionnés, égrappés puis vinifiés dans ce fût où le vin
mûrit maintenant tranquillement.
"Le bouquet sensuel et élégant
indique un vin de la plus haute précision et de la plus grande classe. Ceci est
suivi d’une délicatesse extraordinaire sur l’attaque et de l’intensité en
finale. Le profil aromatique est différent des autres vins de Corton, avec des
notes de roses fraîches, de fraises des bois, et un soupçon de garrigue. En
conclusion, les tannins ont une touche subtile et une acidité rafraichissante.
Il n’existe qu’un tonneau d’Hospices de Beaune 2021 Corton Renardes, et c’est
tout !
Histoire de la Cuvée
Ludivine Griveau a sélectionné
cette exceptionnelle pièce de Corton Renardes Grand Cru comme Pièce des
Présidents. Le vignoble Les Renardes, au coeur de l’appellation Corton Grand
Cru, produit des vins exceptionnels. Pour ce fût, tous les aspects ont été pris
en compte afin d’obtenir le meilleur de ce que la région peut offrir. Ce Corton
Renardes a été vinifié dans un fût innovant appelé “Vision”. Ce fût
a été fabriqué spécifiquement pour ce vin par la très respectée Tonnellerie
Francois Frères, située à Saint Romain. Le chêne provient de la forêt voisine
de Cîteaux, qui est largement reconnue pour la qualité de son chêne. Le bois
spécifique pour ce tonneau a été sélectionné pour son grain extra fin.
Le produit de la vente de cette pièce unique sera reversé à
la Fédération Nationale Solidarité Femmes, pour lutter contre les violences
faites aux femmes, et de l’Institut Curie, pour la recherche médicale contre le
cancer du sein. Ces deux associations sont représentées par Jeanne Balibar et
Pio Marmai.
voici ce qu'en dit notre Jasper Morris :
"Le Bâtard-Montrachet a traversé
le gel avec un peu plus de succès que beaucoup d’autres vignobles de vin blanc.
Chaque année, c’est le vin le plus en retard de sa catégorie, montrant moins de
parfum et de détails de fruits à ce stade précoce, mais offrant la structure et
l’intensité d’un Grand Cru. Les acheteurs ne regretteront pas leur décision
d’enchérir pour ce vin qui a une ligne d’intensité minérale qui traverse le
volume de fruits. Impressionnant de puissance tout en conservant son élégance".
Histoire de la Cuvée
"Le vignoble, planté en 1974, a
été acquis par les Hospices de Beaune en 1989. Il a été nommé Dames de Flandres
en commémoration des origines de la communauté des Sœurs qui s'occupèrent au
fil des siècles des patients de l'Hôtel-Dieu. Les vignes sont plantées sur la
commune de Chassagne-Montrachet. Elles donnent régulièrement un grand vin blanc
qui séduit par sa minéralité, sa longueur en bouche, son aptitude au
vieillissement et sa complexité exceptionnelle".
ce n'est pas du Corton 2014 mais du Santay 2015 je vous laisse réfléchir à cette offre exceptionnelle : pour Noêl 2021 ? ? |