Arrivés sur la Costa daurada
étonnant : température de l’air 32°, il suffira d’entrer dans la mer à 27°
pour entrer dedans, s’enfoncer dans le trou du ressac ; continuer ; nettoyer
la buée du masque, souffler dans le tuba, mouiller le slip, mettre la tête
après le bas, je suis dans la Méditerranée, chaude et accueillante, je flotte,
ça s’est fait tout seul, sans pré-refroidissement préalable, je vois le sable
du fond, je vois les premiers poissons, il y en a encore ! Ensuite, la
douche fraiche est merveilleuse, le sable envahit le bac, et file on ne sait où
par des égoûts invisibles, j’imagine qu’il repart à la mer, rien ne se perd
disait Lavoisier. Ensuite, il fait bon se faire sécher au soleil chaud, sur le
balcon, face à l’Ouest, face à la mer, le
balcon sur la mer : pile trois étages dessous.
un feu d'artifice sur le château pour notre arrivée ! |
Il faut bien consommer, c’est
notre rôle civique, consommer, dans notre société de la consommation. Je n’ai
pas mis les pieds au Mercadona depuis un an ! Tout est vide, tout est
transformé : les congélateurs au sol ont disparu, remplacés par des
armoires verticales, dans lesquelles on ne voit pas ce qui est à vendre. Les
étals aux conserves ont diminué de moitié, c’est la galère pour trouver les
traditionnelles boites d’olives farcies aux anchois. Quand on les ouvre, on
retrouve le goût, mais pas un seul anchois, il faut dire que depuis le temps il
ne doit plus y en avoir beaucoup dans la Méditerranée. J’achète de l’eau, de l’eau
vive des montagnes c’est écrit sur
l’étiquette, les montagnes c’est les Pyrénées, les mêmes que les nôtres de
l’autre côté au sud.
L’eau du robinet est fortement déconseillée, aussi on se
précipite sur l’eau vive des montagnes, on a l’impression ainsi d’être protégés,
des bêtes minuscules que l’on imagine ramper dans l’eau du robinet. Alors que
l’eau des montagnes est certifiée transparente, exempte de toute bête aussi
petite qu’elle soit, on appelle ça des microbes, je n’aime pas les microbes, il
parait qu’il y en a d’autant plus virulents voire méchants qu’ils sont
minuscules et qu’ils mutent pour embêter les laboratoires pharmaceutiques qui
fabriquent des anti-microbes pour nous soigner, ça s’appelle des vaccins, je me
méfie des vaccins, il parait que dedans il y a des tas de machins minuscules
qui insidieusement attaquent nos organes de défense naturels dont nous sommes
normalement dotés quand notre maman a eu la générosité de nous donner son sein
bébés, car le lait maternel contient des tas de trucs bons pour la santé.
Difficile de s’alimenter, les
étals remplis de poisson ont disparu, les poissons restants élevés en cages en
Grèce sont présentés en couples, deux par deux, deux daurades royales ;
deux loups royaux, on dirait les derniers poissons existants ce qui n’est sans
doute pas faux. J’ai l’impression que les gambas, les grandes gambas que je
faisais flamber sur le barbecue ont disparu avec d’autres espèces menacées,
impossible de s’en procurer. On dirait le début de la fin d’un monde ???
Eureka, je viens de prendre conscience de ce qui se passe :
nous sommes au début
de la fin du monde !
Ah oui, j’oubliais de signaler ce
détail : j’ignore pourquoi, tout le monde porte un masque. L’air pourtant
parait respirable, il est agréable, sans odeur nauséabonde, un peu chaud, mais
quand on a trop chaud on se déshabille et on va dans la mer. Non, il doit y
avoir autre chose ? Quelque chose dans l’air ? Dont il faut se méfier
en respirant ? D’ailleurs à bien les regarder, les gens ont un
comportement bizarre : bien que les biens de consommation aient été
réduits disons de moitié, ils remplissent leurs caddies par-dessus bord, et font
des provisions davantage que nécessaire. Ils ont l’air préoccupés, et s’évitent
manifestement en ayant l’air de craindre le contact.
Mais qu’est-ce qui se
passe sur Terre
dans ce coin
méditerranéen privilégié
où un demi de bière
ne coûte qu’un Euro 75
Et où l’on peut
encore déjeuner d’un bocadillio de jamon serano pour quatre Euros cinquante
Il y aurait un virus
dans l’air qu’ils n’auraient pas l’air plus préoccupés ?
C’est ça qui leur
fait faire cette tête ?
Ils ont compris que
le temps qui nous reste
est compté ?
Il est vingt heures,
le soleil se couche, ils sont encore dans la mer, elle est si chaude et si
douce
alors ils photographient
le soleil, guettant le rayon vert
ils se font des
selfies,
s’embrassent
tendrement, ou se font insistants
et sourient à la Vie
c’est ça : Souris à la Vie
que du bonheur ! |