jeudi 24 septembre 2020

Souris à la vie


Arrivés sur la Costa daurada étonnant : température de l’air 32°, il suffira d’entrer dans la mer à 27° pour entrer dedans, s’enfoncer dans le trou du ressac ; continuer ; nettoyer la buée du masque, souffler dans le tuba, mouiller le slip, mettre la tête après le bas, je suis dans la Méditerranée, chaude et accueillante, je flotte, ça s’est fait tout seul, sans pré-refroidissement préalable, je vois le sable du fond, je vois les premiers poissons, il y en a encore ! Ensuite, la douche fraiche est merveilleuse, le sable envahit le bac, et file on ne sait où par des égoûts invisibles, j’imagine qu’il repart à la mer, rien ne se perd disait Lavoisier. Ensuite, il fait bon se faire sécher au soleil chaud, sur le balcon, face à l’Ouest, face à la mer, le balcon sur la mer : pile trois étages dessous.

un feu d'artifice sur le château pour notre arrivée !





Il faut bien consommer, c’est notre rôle civique, consommer, dans notre société de la consommation. Je n’ai pas mis les pieds au Mercadona depuis un an ! Tout est vide, tout est transformé : les congélateurs au sol ont disparu, remplacés par des armoires verticales, dans lesquelles on ne voit pas ce qui est à vendre. Les étals aux conserves ont diminué de moitié, c’est la galère pour trouver les traditionnelles boites d’olives farcies aux anchois. Quand on les ouvre, on retrouve le goût, mais pas un seul anchois, il faut dire que depuis le temps il ne doit plus y en avoir beaucoup dans la Méditerranée. J’achète de l’eau, de l’eau vive des montagnes  c’est écrit sur l’étiquette, les montagnes c’est les Pyrénées, les mêmes que les nôtres de l’autre côté au sud. 



L’eau du robinet est fortement déconseillée, aussi on se précipite sur l’eau vive des montagnes, on a l’impression ainsi d’être protégés, des bêtes minuscules que l’on imagine ramper dans l’eau du robinet. Alors que l’eau des montagnes est certifiée transparente, exempte de toute bête aussi petite qu’elle soit, on appelle ça des microbes, je n’aime pas les microbes, il parait qu’il y en a d’autant plus virulents voire méchants qu’ils sont minuscules et qu’ils mutent pour embêter les laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent des anti-microbes pour nous soigner, ça s’appelle des vaccins, je me méfie des vaccins, il parait que dedans il y a des tas de machins minuscules qui insidieusement attaquent nos organes de défense naturels dont nous sommes normalement dotés quand notre maman a eu la générosité de nous donner son sein bébés, car le lait maternel contient des tas de trucs bons pour la santé.  

Difficile de s’alimenter, les étals remplis de poisson ont disparu, les poissons restants élevés en cages en Grèce sont présentés en couples, deux par deux, deux daurades royales ; deux loups royaux, on dirait les derniers poissons existants ce qui n’est sans doute pas faux. J’ai l’impression que les gambas, les grandes gambas que je faisais flamber sur le barbecue ont disparu avec d’autres espèces menacées, impossible de s’en procurer. On dirait le début de la fin d’un monde ??? Eureka, je viens de prendre conscience de ce qui se passe :

nous sommes au début de la fin du monde !


Ah oui, j’oubliais de signaler ce détail : j’ignore pourquoi, tout le monde porte un masque. L’air pourtant parait respirable, il est agréable, sans odeur nauséabonde, un peu chaud, mais quand on a trop chaud on se déshabille et on va dans la mer. Non, il doit y avoir autre chose ? Quelque chose dans l’air ? Dont il faut se méfier en respirant ? D’ailleurs à bien les regarder, les gens ont un comportement bizarre : bien que les biens de consommation aient été réduits disons de moitié, ils remplissent leurs caddies par-dessus bord, et font des provisions davantage que nécessaire. Ils ont l’air préoccupés, et s’évitent manifestement en ayant l’air de craindre le contact.

Mais qu’est-ce qui se passe sur Terre

dans ce coin méditerranéen privilégié

où un demi de bière ne coûte qu’un Euro 75



Et où l’on peut encore déjeuner d’un bocadillio de jamon serano pour quatre Euros cinquante

Il y aurait un virus dans l’air qu’ils n’auraient pas l’air plus préoccupés ?

C’est ça qui leur fait faire cette tête ?

Ils ont compris que le temps qui nous reste

est compté ?




Il est vingt heures, le soleil se couche, ils sont encore dans la mer, elle est si chaude et si douce
alors ils photographient le soleil, guettant le rayon vert

ils se font des selfies,

s’embrassent tendrement, ou se font insistants

et sourient à la Vie

c’est ça : Souris à la Vie




que du bonheur !