lundi 6 avril 2020

Payrau cherchait pavoniella !

Miracle du confinement... et de l'heuristique 2.0 : je suis confiné, donc je pense, et les idées me viennent... comme cela ! C'est le raisonnement qui prévaut, voyez ce qui m'arrive, trois ans après, pas du tout fier de moi, ma vitesse de raisonnement n'est pas terrible...mais mieux vaut tard que jamais !

Il y a donc deux ans et demie, précisément le 30 novembre 2017, tout le monde courait dehors alors, je me rends au muséum 45 rue de Buffon, sur rendez-vous, dûment programmé, j'ai raconté tout le racontable alors dans : http://babone5go2.blogspot.com/2017/12/jai-retrouve-la-collection-payrau-5.html




l'accumulation de noms prestigieux nécessite du temps pour apprécier le contenu des boites même fermées !

voici le meuble dédié à la collection Payrau, dont j'ai regardé à l'époque les boites une à une





J'ai ressorti de mes archives photo la totalité des vues prises, et vous déroule mon raisonnement :

1-la collection Payrau est énorme, ce qui fait son intérêt. Si les boites d'origine sont nombreuses, l'absence de carnets rend impossible une compréhension immédiate, ce qui explique (sans l'excuser) que je reste coi devant certaines boites : beaucoup sont pleines de la même espèce, pourquoi ? On sait que les entomologistes classiques sont attirés par les aberrations, même s'il ne s'agit que de quelques variations dans les dessins et couleurs, et que cherchant à mettre leur nom sur une nouveauté, ils accumulent (ils accumulaient) les prises.

Exemple avec atropos, il est toujours spectaculaire de les ajouter les uns aux autres. Ce qui est amusant pour Louis Payrau, c'est de conserver des formes inhabituelles : il a capturé flavescens aux ailes postérieures claires, c'est lui qui l'écrit de sa main, même si ma photo est malheureusement floue, car prise au travers de la vitre, bonjour la mise au point automatique :



Autre exemple avec quadripunctaria : ce qui l'intéresse n'est pas la forme habituelle aux postérieures rouges, mais celle (bretonne par exemple) aux ailes jaunes



2- Il élève certaines espèces, ce qui lui permet de disposer de beaucoup d'exemplaires frais d'abord, et statistiquement susceptibles d'être variables : exemple avec ces livornica issus d'élevage comme le montrent les chrysalides conservées vides :


3-Il chasse de nuit évidemment, ce dont se souviennent des témoins oculaires (âgés) racontant que des lumières de lampes à vapeur de mercure brûlaient toutes les nuits en haut du mont du bout du Puy coiffé par une chapelle dont je vous ai bien évidemment parlé.
http://babone5go2.blogspot.com/2015/04/notre-dame-du-puy.html


4-Et logiquement (je me mets dans sa tête) il va rassembler tous les saturnidae du coin, pour les avoir tous avec leurs variantes, les voici : Aglia tau ; Saturnia pyri ; manque évidemment Graellsia isabellae espagnole, (mais on aurait pu rêver qu'il l'ait vue et ramenée). Reste Eudia pavonia... et ... ?



Reste donc pavonia, et j'en arrive au bout rassurez-vous !

pourquoi tant d'exemplaires (à l'époque je suis loin d'avoir photographié toutes les boites) ?

et pourquoi tant de femelles que d'habitude on épargne pour les générations futures ?





vous voyez l'annotation des lignes parallèles sur les postérieures ?


c'est en réfléchissant à mon billet de l'autre jour que cela m'a sauté à la figure


je n'ai mis que trois jours à comprendre !


Louis Payrau connaissait la (subtile) différence : il cherchait pavoniella !




l'a-t-il trouvé ?

je ne le saurai jamais ? ?


PS (1) : il existe des hybrides :

rien n'est jamais vraiment fini en entomologie, car il existe l'hybride (stérile) entre pyri et pavonia dont le nom n'a rien à voir avec "cocotte" mais Saturnia daubi

daubi : Monsieur a retrouvé la taille de Madame

PS  (2) : pour développer :