C'est le cinquième jour, d'une semaine bien remplie. J'ai pris rendez-vous officiellement au MNHN section entomologie, il faut remplir un formulaire internet, pour "motiver sa motivation". Je suis très motivé, soucieux de découvrir les 650 boites de Louis Payrau, l'ancien Maire de Saint-Gaudens, l'initiateur du mémorial d'Augustus Saint-Gaudens en 1932. Je ne dispose que de l'article de Jacques Pierre dans la revue du Comminges, un article un peu frustrant car il donne une description quantitative, mais pas qualitative : qu'avait donc trouvé Louis il y a cent ans, en constituant une collection si prolifique qu'il ait amassé tant de boites ? http://babone5go2.blogspot.fr/2017/03/vous-avez-dit-augustus.html
arrivée Métro Jussieu, traversée du Jardin, jusqu'à la rue de Buffon, retour final par le 89 |
-"voilà la collection Payrau" ! en réalité 1/6°, le reste est un peu partout |
Rodolphe Rougerie ouvre une boite...pas terrible ! |
les boites sont notées GEOM, géométridae |
un peu plus tard, le secteur des Apollo |
J'ai depuis un an rendez-vous avec le docteur Rodolphe Rougerie, le responsable de la troisième collection d'insectes du monde. La situation n'est pas facile pour lui : le secteur entomologique du Muséum est sis 45 rue de Buffon, en dehors du jardin qui abrite la Grande Galerie stricto sensu. Les bâtiments XIXè sont en travaux, et les collections anciennes un peu chahutées : il a fallu vider des pièces, empiler des boites pour faire de la place. De ce fait, les salles traditionnelles, illustres par leurs meubles inscrits à l'inventaire du Patrimoine, sont envahies de boites issues de diverses collections. Peu à peu, les meilleurs spécimens en sont extraits pour remplir la Collection Générale, qui va remplir des casiers métalliques neufs. Entre-temps, la collection Payrau est dispersée parmi ces colonnes, tellement impressionnantes qu'elles ne permettent pas de voir ce qu'il y a dedans !
Rodolphe me guide dans les couloirs étroits, qui serpentent dans les rayons pleins à ras bord. -"la collection Payrau est dans cette armoire, partie supérieure" m'annonce-t-il dans un premier temps. Il me procure une échelle, et une table roulante. L'exercice consiste à escalader l'échelle, prélever une boite (quand elle est dessous vous devinez qu'il faut mettre de côté celles dessus). Descendre (sans se casser la figure ce qui serait dommage pour les boites). Poser sur la table. Photographier. Remonter, ranger, recommencer : je compte 4 colonnes et au total 106 boites. Elles ont cent ans, les vitres sont ternies, l'intérieur pas très frais...
Mes photos sont ...passables....
Mes photos sont ...passables....
...mais où sont les 550 autres boites ?
sphinx ligustri : étiquetage minimal, pas de dates ni de lieu de capture |
des traces manifestes d'élevages |
Catocala nupta |
les mêmes fraxini que chez Gil au col d'Aspet : http://babone5go2.blogspot.fr/2017/08/insectes-du-monde-chez-gil-winnnie.html |
des petits-paons de nuits dans les boites SATU |
Louis note les différences, et aberrations, de manière minutieuse |
une femelle albinos : il y en a des boites pleines classées SATU |
les fameuses écailles chinées aux postérieures jaunes, communes en Bretagne...et en Comminges ? |
C'est Jérôme Barbut qui m'explique : nombre de ces boites sont déjà classées par familles. Avec les mêmes familles issues d'autres collections elles aussi données au Musée. Quand les exemplaires le méritent, il prélève ceux qui en valent la peine pour les étiqueter avec un code barre lisible par un appareil numérique, et les rassemble dans la Collection Générale. Les collections d'origine ont donc vocation à disparaitre, pour être "digérées" dans la Collection Générale ! Il me donne l'exemple des Zygènes, où en effet quelques boites Payrau sont juxtaposées en attendant l'intégration.
Il doit y avoir quelque part des papillons plus prestigieux : je cherche les Apollo des Pyrénées, et tombe sur ces classements dont voici quelques extraits :
Le temps est long à ces manipulations, une promenade s'impose dans ce labyrinthe : je monte à la bibliothèque, elle aussi remplie à ras bord, masquant de peu les bustes des Illustres, Latreille couronnant le tout, et des titres prestigieux : la Bibliothécaire veut bien mener une recherche sur le Carabe de Bepmale : elle m'imprime le résultat : la publication est à Toulouse !
Entre-temps, hasard (mais il n'y a pas de hasard) ... les quelques visiteurs ont l'autorisation de poser leurs affaires dans la salle ... des visiteurs. Ces derniers se côtoient donc à l'insu de leur plein gré...ce qui est d'une efficacité redoutable, puisque je tombe face à face avec Jacques Pierre !
Jacques Pierre existe :
je l'ai rencontré
accompagné de Marguerite :
il n'y a pas de hasard
uniquement des rendez-vous !
Post scriptum : sur la collection L.Payrau :
on s'habillait à l'époque, j'imagine que nous sommes dans les années 30 ? |
11 septembre 1991 |
daté 1992 |
les tiroirs (vides) du Musée de St-Gaudens |
occitanica |
les tiroirs du Muséum, en cours de transfert dans les nouveaux casiers métalliques |
une salle en cours de réaménagement : le résultat final : |
merci R.Rougerie & J.Barbut pour votre accueil
vous conservez pour nous un univers de beauté et de diversité
en lien étroit avec les amateurs bénévoles
au sens d'ama, qui aiment...!
demain je le confirme, je vous montre Jacques Pierre et Marguerite