samedi 3 juillet 2021

Crazy Home vend la maison de Georges Bergès à Anglet

C’est une histoire à rebondissement comme je les aime, une histoire basque, une histoire de peinture, et une histoire d’immobilier, de l’immobilier pour « premier de cordée », vous savez que je les aime particulièrement ces richissimes entreprenants car ils ruissellent (de la tune), comme le dit notre Président toujours prêt à faire ruisseler l’argent du contribuable, lui aussi.

Cela commence par un peintre : 

Bergès Georges Prosper Ernest. Dates : 1870-1935 

un peu vache pour Hélène Dufau absente, alors qu'Edmond Rostand lui a fait décorer Arnaga !


Peintre d'histoire, de genre et de portraits. Sociétaire des artistes français . Né le 28 novembre 1870 à Bayonne, 6 rue d'Espagne. Décédé à Bayonne. Elève d' Achille Zo, de Bonnat, et de Maignan. Il expose au Salon des artistes Français entre 1894 et 1913. Il obtint une médaille d'argent en 1900 et devient sociétaire. Promu chevalier de la légion d'honneur en 1924. Le 31 août 1920 il est nommé conservateur du Musée Bonnat en remplacement d'Eugène Pascau démissionnaire.

Eugène Pascau, je vous en ai parlé en visitant Arnaga, il a peint Jean Rostand à dix ans tenant un vulcain. Et Georges Bergès, lui aussi, car il figure sur le célèbre triptyque du musée Bonnat que l’on ne peut pas voir car le musée n’est pas fermé à cause du covid, il est fermé pour cause de travaux ! Pas grave, je vous montre quelques toiles, sachez que l'inspiration mauresque est constante :


Comme Rostand, Georges adore les jardins mauresques


jardin sur la montagne


sinon, il aime les maisons basques, avec pont sur la rivière (basque) Bidarray

sinon il peint plein de sujets comme ce "départ pour la Roméria" 1910

La Romería del Rocío est un pèlerinage très populaire en Andalousie. 50 jours après Pâques, des milliers de personnes viennent de toute l’Andalousie se rendent au sanctuaire Blanca Paloma, dans le village d'El Rocío, plus au sud de Séville. Le pèlerinage a pour point de départ l'église del Savador.

tout ce contexte amène aujourd'hui les nombreux fans à privilégier lors des journées du patrimoine les excursions savantes des "villas et jardins"

Ensuite, il y a un architecte, François-Joseph Cazalis. j'ai trouvé sa biographie toute écrite, merci, 

la voici :

Matricule de l'Ecole des Beaux-Arts : 4452. François Joseph Cazalis, né à Tarnos, nous sommes dans les Landes le 19 septembre 1872, fils de Pierre Cazalis 34 ans entrepreneur, et de Victorine Batz 27 ans ménagère, élève de Louis Bernier (à l'atelier le 22 février 1892), admis en 2è classe le 28 mars 1893, obtient un total de 20 valeurs, 1è classe le 4 août 1898, obtient un total de 13 valeurs, diplômé le 21 juin 1901 (55è promotion, Un Hôtel des Postes pour un chef-lieu d'arrondissement) (architecte à Biarritz, Pyrénées-Atlantiques, à partir de 1902 ; travaux particuliers, hôtels de voyageurs à Biarritz (hôtel Carlton en 1910, ce projet naturellement fonde sa notoriété) et Saint-Jean de Luz, hôtel des postes et pavillon de tuberculeux à Bayonne, maisons basques, immeubles de rapport et villas à Biarritz (villas Mirasol en 1900, Quo Vadis, La Roseraie, villa Titania en 1911, la voilà celle qui nous intéresse), Bayonne, travaux particuliers; agréé M.R.U. pour les Basses-Pyrénées; membre de la S.A.D.G. le 1er janvier 1902, figure encore dans l'annuaire 1951; président du Conseil régional de l'Ordre des architectes ; mort le 12 décembre 1952 ; Archives nationales de France, AJ/52/402, dossier d'élève; Delaire)

son style : je vous ai parlé de "mauresque", c'est le genre architectural "hispanisant"

la ZPPAUP et l'AVAP de Biarritz se sont associés pour rédiger une note très bien écrite, expliquant "le genre hispanisant" mais elle n'est pas recopiable car protégée (bien légitimement) par un copyright. Au risque de poursuites judiciaires (bien légitimes), j'ai donc fait une capture d'écran (autorisée j'imagine) que voici :

je constate que la couleur rose dans notre cas nuance l'ocre rouge





le Carlton hall de Biarritz

Ensuite, il y a une villa, habitée par notre peintre Georges. Je ne disserte par sur son nom, Titania, (les meufs des Titans) on devine une certaine grandiloquence du propriétaire, et l'erreur de la transformation contemporaine en Triana. Il a du y en avoir des péripéties depuis 1911, je trouve ce morceau d'article : "Il y a 20 ans, le 29 mars 1998, deux voisines de la rue de Louillot contactaient Jocelyne Larcebal, l’actuelle présidente d’Anglet Patrimoine, à la vue d’un panneau d’avis de démolition affichée sur la clôture de la Villa Triana, côté avenue de Biarritz et mitoyenne du domaine de Baroja. L’habitation avait été cédée par les héritiers du juge…", mais il faut être abonné à Bayonne sud-Ouest pour être autorisé à lire la suite ! Ensuite, je trouve une annonce de Rustmann Immobilier Prestige avec quelques photos anciennes que voici, où le caractère Art déco ressort mieux que celles fournies par Crazy Home (qui m'a autorisé à les recopier), comme si depuis des travaux d'embellissement (présumé) avaient un peu gommé le style d'origine ?

voilà, la rénovation se trouve confirmée !



on devine l'entrée de l'escalier, l'une des verrières, et un immense tableau (de Bergès ? ?) au mur 
le parquet parait d'origine...on verra pourquoi cette précision...!

On voit bien l'influence de Cazalis, les grands volumes, la lumière et les grandes verrières de peintre, le style Art déco, particulièrement dans la salle de bains : s'il n'y a pas la double vasque chère à Stéphane Plazza, il existe deux lavabos côte à côte, avec des carreaux de céramiques intéressants, les paniers affreux pour recevoir les papiers maculés étant bien entendu proscrits.


j'ai bien peur que tout ce décor ait été (comment dit Stéphane Plazza "home-stagigné" ? ?) par les  derniers occupants, avec cette substitution "Ikéa-esque" qui donne cet effet "contemporain"...!


Nous en arrivons au dernier stade, celui de la vendeuse contemporaine, son prénom est Mini, et elle est fortement engagée dans la vie : elle vous fera visiter et peut-être ...davantage qui sait, ...vu son impétuosité affichée ? -"écrivez-lui", elle ne demande que cela, "elle place l'humain (le premier de cordée) au coeur de ses projets" , et son Agence de la Chambre d'Amour crée une équivoque... équivoque d'autant qu'elle se dit ... crazy !

 ?


Il est temps que je vous montre :




la grande peinture dans l'escalier a disparu !
le parquet a été massacré pour retrouver un aspect neuf plus propre et ostentatoire

sept mètres de haut, comme le Carlton



les carreaux d'origine massacrés eux aussi



le plafonnier dans l'escalier serait-il d'époque ?

Pour une fois, je fais faux bond à mon ami Patrice Besse qui n’a pas eu l’exclusivité de la vente de Titania. En particulier, me manque "ce que nous en pensons" même si ce n'est que du bien, bien sûr ! Grave, on achète une page d'histoire du pays basque, et lors des journées du Patrimoine, on se doit de recevoir les visiteurs intéressés, et de leur offrir quelques tapas (de jambon de Bayonne) arrosés de sangria. Et puis, il faut remeubler, patiner ce fichu parquet, et accrocher quelques toiles de Georges Bergès, dont la grande dans l'escalier... pour autant qu'elles n'aient pas été toutes vendues !

Maintenant, le plus dur (pour moi) reste à faire : 

...trouver les 2 millions six auxquels s'ajoutent les frais de notaire, pour enfin m’installer dans une maison de peintre, qui offre toutes commodités pour reprendre la palette et créer les chefs d’œuvre indispensables pour rembourser le banquier !

tout un programme !

je fais une prière à sainte Cécile !



j'aurais préféré un dicton plus approprié, je cherche !

peut-être celui-ci ?

moi j'applique celui-là :



PS : Pascau à Arnaga ; Bonnat ; feria al jamon !

http://babone5go2.blogspot.com/2021/05/jean-rostand-arnaga.html

https://babone5go2.blogspot.com/2020/07/jean-rostand-peint-par-eugene-pascau.html

https://babone5go2.blogspot.com/2019/04/foire-au-jambon-bayonne-23.html