Il y a longtemps que
je ne vous avais pas parlé de vitraux … art disparu … !
Ceci ressemble aux histoires de
temples égyptiens … enfin, en toute petite proportion : Padiomenopé n’était
ni un prince ni Vizir, mais le plus grand érudit de son temps. -700 avant Jésus
Christ. Isabelle Régen, de l’Université
de Montpellier, est une des épigraphistes qui recopie les hiéroglyphes de ce
temple souterrain. Ce n’est pas un temple, mais une bibliothèque : elle
contient tous les livres égyptiens, dont
le livre des morts. Ce Padiomenopé m’inspire, c’était un théologien ;
« celui qui est initié ».
Il était écouté, la différence entre nous étant que lui était riche, assez pour
rémunérer des milliers d’ouvriers pour construire son temple-bibliothèque. Mon score
perso, 6 mètres carrés de vitraux… déjà pas mal pour un particulier !
Quel rapport me direz-vous ?
Ici pas de désert. Pas de fouilles…quoique. Je fouille autour des anciens
abattoirs, nous sommes dans l’enceinte privée de la Ville, et c’est dans ce
lieu privé donc que les employés municipaux déposent (ils ne stockent pas, ils
jettent) des résidus qu’ils n’osent déverser au rayon « encombrants » de la déchetterie. Ils ont raison :
peut-être pensent-ils que « ça peut
servir un jour » ? Peut-être que des bouts de marbre sculptés
présenteront un jour de l’intérêt ?
Bref sans comparer à l’Egypte, le
curieux peut rêver qu’en fouillant, il va tomber sur quelque chose qui vaut le
coup.
C’est là que j’ai trouvé les
candélabres Montmartre démontés dont je vous ai déjà parlé pour en remonter un
sur ce qui est devenu l’Esplanade de la Légion d’Honneur. Il en reste pas mal !
Pourquoi vais-je voir sous ces
tas de feuilles alors que j’étais déjà passé par là ? Pourquoi suis-je
attiré par ce tas de ferraille rouillée ?
Presque bien rangé si l’on
considère l’empilement de douze (comme les apôtres) gros morceaux de grosse
ferronnerie rouillée : vous savez en regardant de près, comme les portails
de châteaux !
Les portes, on dirait des portes,
sont disposées en quinconce : on pourrait rêver que la partie supérieure
coiffe et protège ce qu’il y a dessous : la porte supérieure est
recouverte de feuilles mortes, branches, tout ce qui a pu être accumulé par les
intempéries pendant trente ans.
Non ! Le dessous dépasse, on devine la
lisière encrassée. La pluie a enlevé un peu de dépôt de la terre accumulée
par le vent sur un morceau. Je n’en crois pas mes yeux : on dirait du
verre. Je tombe sur un cercle plat, un peu ondulé, on dirait une cive : du verre cathédrale : c’est
une cive découpée dans du verre
cathédrale plat et blanchâtre.
Je suis tombé sur un "tas de vitraux" !
J’en frissonne encore !
Comme les chercheurs découvrant les
merveilles de la tombe de Padiomenopé, 322 m de couloirs ornés, ici ce n’est
pas aussi extraordinaire, mais quand-même !
Il est important de ne pas en
parler (à n’importe qui). Il faut quand-même savoir ce que c’est. Je ne tarde
pas à trouver en l'un des amis de la Collégiale, un connaisseur de l’Histoire
locale, j’ai mis un grand H.
Ma découverte ne l’étonne pas,
même il serait au courant : comme dans beaucoup d’immeubles dans les
années soixante, faire moderne a consisté à virer les vieux trucs pour
moderniser : je vous ai déjà parlé de la Caisse d’Epargne de Toulouse :
imaginez les mêmes pratiques ici : on enlève les ferronneries, on met des
fermetures plus classiques, des passages pour les clients mieux adaptés à leur
taille, pas besoin de 2 mètres de large, et surtout, pas besoin de 4 mètres
cinquante de hauteur, pour des clients qui mesurent rarement deux mètres !
Je vais voir : l’emplacement
est toujours là, mais en effet l’architecture est plus contemporaine. L’entreprise
qui a été chargée du chantier a du se demander que faire des vieilles portes :
la Ville a proposé sa décharge : -« ça
servira peut-être à quelqu’un un jour » ? Et l’affaire a été
faite.
J’ai simplifié car il parait qu’il
y avait aussi des vitraux à l’intérieur. Ils n’intéressaient personne. Ils
auraient été donnés, aux employés municipaux, en guise d’étrennes ? Rien n’est
sûr, les rumeurs, vous savez ! Comme ils n’avaient qu’en faire, les
vitraux auraient été vendus, à un antiquaire (à moins que ce soit un
brocanteur). Vendus et rachetés par quelqu’un donc ? Il parait qu’un
morceau représentait l’agriculture ! C’était les plus beaux évidemment à l’intérieur.
Disparus à jamais. Comme ceux que je retrouve mais qui, vous allez voir,
réapparaissent !
Aujourd’hui, on se moque des
djihadistes qui cassent à coup de masse les copies de plâtre du musée de
Mossoul en Irak. Le Figaro Magazine énumère page 32 du numéro du 6 mars 2015 « Ces trésors qu’on assassine »
au Mali ; en Lybie ; Alep et Homs. Syrie, j’en passe et des
meilleurs.
Pour moi, un vitrail est déjà
sacré. Dire que c’est un trésor est très exagéré. Mais 18 m2 de
vitraux, abandonnés, avec une prescription trentenaire, c’est quand-même une
sacrée trouvaille !
Le Roi Louis devenu Saint a fait construire la Sainte-Chapelle pour
imaginer le Paradis
Je veux voir un tout petit bout du Paradis (des épargnants)
Aidez moi à recréer ces vitraux !
façade actuelle |
reconstitution des 3 portes, malheureusement à l'envers |
l'une des 6 portes |
sauvemévitro.com
j'ai quelques références anciennes en vitrail :
http://babo-gazettedesarts.blogspot.fr/2010/12/les-vitraux-oublies-de-gruber.html
http://babo-gazettedesarts.blogspot.fr/2010/12/les-vitraux-oublies-de-gruber.html