facile de se repérer avec San sébastian à gauche : Pasaia c'est le fjord à droite |
Je reprends le récit de Xavier Mevel qui cite Victor Hugo, grand voyageur :
"Cet endroit magnifique et
charmant comme tout ce qui a le double caractère de la joie et de la grandeur,
ce lieu inédit qui est un des plus beaux que j’aie vus et qu’aucun “tourist” ne
visite, cet humble coin de terre et d’eau qui serait admiré s’il était en
Suisse et célèbre s’il était en Italie, et qui est inconnu parce qu’il est en
Guipuzcoa, ce petit éden rayonnant où j’arrivais par hasard, et sans savoir où
j’allais, et sans savoir où j’étais, s’appelle en espagnol Pasajes et en
français Le Passage.»
"Les Basques ne tiendront pas rigueur à Victor Hugo d’avoir omis
de préciser que dans leur langue on dit Pasaia : ils ont fait un musée de la
maison où séjourna le poète au cours de l’été 1843. Les habitants de Pasaia
n’ont pas oublié non plus que La Fayette appareilla d’ici le 27 mars 1777,
«para luchar por la independencia norteamericana», comme le rappelle une
plaque.
il appareille sur la Victoire, et non sur l'Hermione, qui a cependant rendu visite à Pasaia ce printemps |
Située 5 kilomètres à l’Est de
Donostia (San Sebastián), Pasaia doit son nom à sa position sur le goulet d’une
ria. L’agglomération réunit San Juan, sur la rive droite, et San Pedro, de
l’autre côté, deux villages traditionnellement antagonistes malgré les navettes
incessantes qui les relient, dont Hugo s’étonnait qu’elles soient toujours
assurées par des femmes… À l’époque, tous les hommes étaient en mer. Encaissé
entre deux montagnes, le fjord est suffisamment profond pour que les cargos
puissent l’embouquer et rallier un vaste plan d’eau intérieur aux quais
hérissés de grues. C’est un spectacle étonnant que celui de ces mastodontes
slalomant au ras des balcons sur ce bras de mer dont la passe d’entrée est
quasiment invisible du large.
Ici, pas de plages comme à
Hendaye ou à Ondárroa. Nous sommes dans la Lorraine espagnole, une région
industrielle qui s’est développée grâce à ses forêts, à la richesse en métaux
de son sous-sol, à ses cours d’eau et à son accessibilité par la terre et par
la mer. Ces atouts ont favorisé le développement industriel lié aux aciéries,
mais également la construction navale. C’est ici que, du XVIe au XVIIIe siècle,
les rois d’Espagne construisaient leurs vaisseaux. En témoignent encore les
silhouettes contraintes de certains arbres destinés à produire des bois tors
selon une technique appelée ipinabarra (littéralement « donner de la
branche »).
« Les arbres étaient taillés tous les dix ans de telle sorte que les branches sélectionnées soient dénuées de nœuds et poussent selon la forme désirée, précise Mikel Leoz, le graphiste de l’association Albaola. Les arsenaux avaient standardisé la construction des navires au point que sur un galion tous les genoux peuvent avoir le même angle et presque toutes les membrures la même courbe. Les archéologues ont montré qu’avec la même forme de membrure, en faisant varier seulement les varangues, on pouvait construire des coques allant de 180 à 300 tonneaux. »
« Les arbres étaient taillés tous les dix ans de telle sorte que les branches sélectionnées soient dénuées de nœuds et poussent selon la forme désirée, précise Mikel Leoz, le graphiste de l’association Albaola. Les arsenaux avaient standardisé la construction des navires au point que sur un galion tous les genoux peuvent avoir le même angle et presque toutes les membrures la même courbe. Les archéologues ont montré qu’avec la même forme de membrure, en faisant varier seulement les varangues, on pouvait construire des coques allant de 180 à 300 tonneaux. »
Cette grande époque des arsenaux
s’est achevée après la défaite de Trafalgar. Au XIXe siècle, les chantiers
basques travaillent pour la pêche et le commerce. Parfois aussi pour la
plaisance : le grand Fife en personne s’est rendu à deux reprises à Pasaia pour
y superviser la construction d’Hispania, le 15 m JI commandé par Alphonse XIII
au chantier Astilleros Karpard.
Pasaia a été le plus grand port baleinier du monde : Protégé de la houle et de
l’ensablement grâce à son kanala en chicane, la baie de Pasaia est l’un des
meilleurs abris du golfe de Gascogne. De là sa vocation maritime. « Pasaia a
été le plus grand port baleinier du monde », assène Xabi Agote, le
charismatique fondateur d’Albaola. Un document atteste qu’en 1525, on y
accueillait quarante et un navires baleiniers, armés par mille quatre cent
soixante-quinze hommes. C’est pour rappeler ce passé que l’association a
construit quatre fours à huile au bord d’une crique, à l’entrée de la ria.
Malheureusement ils ont été pulvérisés par un éboulement de la falaise. Xabi
(prononcer Chabi) nous montre les gravats qu’il en reste. « Tout laisse
supposer qu’on a dû échouer ici des baleines pour les dépecer et en fondre la
graisse, précise-t-il. Pourquoi les pêcheurs les auraient-ils remorquées au
fond du port pour empuantir tout le monde ? »
Toute cette histoire me donne faim. Plus question de manger des baleines, trop gras, mauvais pour le cholestérol. Facile de trouver des restaurants de poissons ici. La seule difficulté : choisir !
et puis après... une ballade en trainière ?
c'est comme avec l'aviron : le plus gros boulot est de sortir puis rentrer le matériel |
un extrait de Thalassa :
https://www.france.tv/france-3/thalassa/41135-pays-basque-pasaia-le-port-symbole-des-basques.html
j'ai retrouvé dans l'estuaire du Saint-Laurent, à l'est de Tadoussac,
l'île aux Basques :
Il y a en ce moment même une dizaine de baleines bleues sur place, du jamais vu :
elles sont protégées !
demain : the right whales
la baleine des Basques !