mercredi 15 avril 2020

J'ai relu Mendras, "au Pays de l'Utopie Rustique"

Manger trois fois par jour-confiné amène à réfléchir au rôle de l'agriculteur dans la société !  J'ai donc relu avec attention un livre qui m'a changé la vie, oui, celui de Mendras, le célèbre auteur de la "fin des Paysans". 

Ecrit sur un ton badin, référant à Montesquieu, Mendras à la première personne invente une utopie rustique, qui voudrait nous éclairer sur le choix de vivre dans la société du XXIè siècle : habiter une mégapole mondiale comme le prône le libéralisme ? La campagne, risquant la mise à l'écart de la croissance du monde comme le craignent les gilets-jaunes ? Pratiquer une croissance zéro pour ceux qui craignent l'effondrement de la biodiversité d'une planète aux ressources surexploitées ?


non ! le Sud-Ouest ; le Gers autour d'Auch ; l'Auvergne autour de Florac

inventent le Pays de l'Utopie Rustique, le P.U.R

... et nous sommes concernés

à Saint-Bertrand de Comminges !





Vous lisez bien ? c'est vrai ! Saint Bertrand : il y a tout : paysage magnifique. Economie pastorale datant des Romains. Forêt. Ressources minières anciennes. Et grâce à deux outils extraordinaires : le congélateur d'une part ; internet d'autre part, on peut vivre d'une économie familiale luxueuse (les délices du foie gras) tout en étant en contact avec la Ville (Toulouse) en échangeant des aménités avec le monde marchand, et en élevant les gosses dans la nature : une utopie rustique !

Il faut certainement que je re commence depuis le début !


le camarade Alexis est envoyé en mission chez nous, par son parti ouvrier du Khoragstan


Il rencontre au cours de son voyage les personnalités locales qui ont bâti cette utopie, en terminant bien entendu par le Préfet, ce qui me rappelle cinq ans de tournées en Auvergne et Rhône-Alpes. C'était à ce propos la confrontation de l'Ingénieur du Génie Rural (corps disparu au demeurant, et sortant pour un tiers de Lixe) et du Haut-Fonctionnaire à la tête du Département issu de Léna !



Mais la gloire locale est le propriétaire foncier qui a réussi, et qui comme Patriarche est à la tête d'une lignée familiale comme celle des Astruc, capable de vivre avec raffinement dans une nature respectée composée de champs et de forêts, et de composer pour l'étranger en visite, des menus traditionnels basés sur le foie gras et le cassoulet !


Les gosses vivent au PUR dans l'apprentissage de la nature, au contact des chevaux, et on leur apprend les métiers de la forêt, notamment la construction de maisons écolo en bois, un peu comme on le pratique aujourd'hui en Alaska.



Nous avons un ami JMR qui vit ainsi entouré de sa basse-cour sous l'ombre de la Cathédrale de Saint-Bertrand, et son plus précieux présent quand nous le quittons est de nous faire cadeau des oeufs de ses poules, sous l'égide de son coq bien évidemment nommé : Maurice plastronnant comme le Prince qu'il est au milieu de son harem.


Forcément, l'utopie rustique se doit aborder le sens de notre vie, et la recherche intellectuelle voire philosophique des habitants des campagnes du PUR qui nous concerne au premier plan, nous qui avons choisi de résider dans ce sud-ouest rural, intercalé entre les grandes villes.


Tout cela nécessite du détachement, de l'humour, voire du second degré, et jamais ne se prendre 

au sérieux... !



épilogue :


J'ai tout fait pour vous le faire lire vous-même évidemment !

Plus sérieux, quelques avis autorisés :

https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2013-2-page-339.htm#






Le corona et le confinement viennent de réaliser un miracle, du moins d'objectivité : quels sont les métiers essentiels sur Terre aujourd'hui ? Attali répond : les métiers du vivant ! En première ligne, les soignants, médecins, juste après, les infirmières... payées 1400 €  après trois ans d'études, et qui peu à peu autorisées à prescrire des actes médicaux, justifient qu'elles soient enfin promues. Première ligne aussi, les paysans "restants", chargés de notre alimentation. De la fourche à la fourchette, la vieille expression inventée par l'INRA ? Les transporteurs ! Les caissières de magasins, sans qui impossible de manger. Et tous les métiers chargés de l'intendance, inclus les agents d'entretien des hôpitaux jusqu'aux éboueurs. Les industriels bien sûr. Au milieu, les enseignants. Impossible de classer les métiers essentiels : ils le sont tous !

Pourtant, ce ne sont pas les métiers essentiels, les premiers de "corvée"

qui sont les mieux récompensés de leur utilité !

Va-t-on toujours, le confinement terminé, considérer que les premiers de cordée devront continuer d'être décorés de la légion d'honneur, en plus des pactoles exorbitants déversés sur certains ?

la nation a une sorte de rendez-vous le 11 mai 2020

va-t-on oublier... ?