lundi 11 mars 2019

Verrière au bouillon Julien


Aller manger dans une des grandes brasseries parisiennes, c'est bien : si elle possède un décor Art-Nouveau, et que l'on dîne sous une verrière immense, c'est mieux : je vous ai montré celle de Saint-Quentin, voici celles du "Bouillon Julien", avant que je vous montre le Vagenenge :



Deux ans avant qu'éclate la Révolution française, le Sieur Jean-François Gauthier fonde un estaminet (on dirait aujourd'hui un café) à l'enseigne du Cheval blanc au 16 de la rue du Faubourg Saint-Denis. Le citoyen Gauthier deviendra, peu de temps après, un de ses intransigeants révolutionnaires siégeant au tribunal.

Sous l'ombrage des acacias, les habitués aiment à s'y attabler dans le grand jardin ou sous l'élégante rotonde. Dans les années 1830, un peintre en réaction contre l'académisme, Alexandre-Gabriel Decamps, y défend ses idées et y expose ses sentiments. Autour de lui, on trouve d'autres artistes romantiques ou de l'école de Barbizon qui annoncent l'impressionnisme, ce sont Paul Huet ou Théodore Rousseau, mais aussi leur ami... Alexandre Dumas.

Il devient l'un des premiers cafés-concerts du quartier, lançant même la mode. En 1857, on peut y écouter chanter Mlle Agar qui sera l'une des plus grandes actrices de la Comédie Française.

Le propriétaire, Edouard Fournier, décide en 1901 de construire un nouveau bâtiment, ce sera un «bouillon». C'est-à-dire un restaurant où l'on peut déguster un bouillon de viandes et de légumes.






Fournier en demande la décoration à ces artistes imaginatifs et poètes que sont les tenants de l'Art nouveau. L'établissement va se parer de fleurs, de paons et de nymphes apparaissant et disparaissant au gré des reflets dans les grands miroirs.

Le neveu de Fournier, Julien Barbarin, en hérite dans les années 1920. Il veut y faire entrer la lumière zénithale afin d'éclairer délicatement les fleurs et les nymphes. Pour cela, il va commander trois grandes verrières aux motifs floraux. Ces dernières vont être dessinées par Charles Buffet qui n'est autre que le père du peintre Bernard Buffet.







  
En 1938, Julien Barbarin lègue son prénom à l'établissement et c'est depuis que nous allons « Chez Julien »... La Môme Piaf y amène ses amis, non loin de la salle d'entraînement de son grand amour, Marcel Cerdan.

Jean-Paul Bucher acquiert, en 1975, l'enseigne qui devient une brasserie, avec le succès que l'on sait. Dans son extraordinaire décor Art Nouveau, préservé par le temps, on y croise au hasard des jours des personnalités aussi différentes que Jean-Paul Gaultier, FabriceLuchini, Lorànt Deutsch ou Angelina Jolie en voyage à Paris.

on peut ne pas choisir de bouillon !


sur demande, on peut avoir la carte en Français
mais ça fait moins class !