Splendeur de l'Art nouveau
splendeur de Guimard !
Comme promis, nous restons à Lille, et poursuivons la découverte des trésors de l’architecture de cette belle ville par la maison Coilliot. Un magnifique exemple d’Art nouveau, signé Hector Guimard, l’architecte des emblématiques bouches de métro parisiennes. Tout comme l’Huîtrière dans le Vieux-Lille, elle est conçue pour être une véritable façade publicitaire. Car le 14 de la rue Fleurus est alors le siège de l’entreprise Coilliot. L’entreprise de céramique dirigée alors par Louis Coilliot qui souhaite promouvoir un tout nouveau procédé de lave émaillée. Il rencontre le jeune architecte lors de l’exposition de 1897. L’année suivante, le projet commence : au rez-de-chaussée la boutique, aux étages la partie habitation et en arrière-cour les entrepôts. Les travaux prennent fin deux ans plus tard, nous sommes alors au tournant du siècle, en 1900.
Lorsqu’il rencontre l’entrepreneur lillois, Hector Guimard, 30 ans seulement, a déjà un beau palmarès en région parisienne et surtout à Paris. Il est sur le point d’achever le très contesté – et pourtant magnifique Castel Béranger (1895-1898), au 14 de la rue de la Fontaine, dans le 16e arrondissement.
La villa Coilliot annonce déjà les formes et le style des fameuses entrées de métro parisien. Une signature fantasmagorique à tous égards, réalisée entre 1900 et 1903. Des « évanescences » comme l’écrira Louis Hautecoeur, qui forgent un style bien à lui. Il fait courber les lignes, brise la symétrie, crée des torsions magnifiques, des lianes qui s’entremêlent jusqu’à l’inextricable.
Là où l’Art déco va s’appuyer sur des lignes droites, symétriques, rigides pour certains, l’Art nouveau est tout en courbes, en vagues, en nervures, en dénoués. Des lignes qui s’entremêlent pour dessiner des arabesques aux courbes amples. Un stylisme inspiré directement des tiges, feuilles, boutons, corolles de l’univers végétal. Les façades, ferronneries, décors, mobiliers deviennent un immense album de botaniste comme le souligne Hector Guimard lui-même.
Comme pour
toutes les réalisations de Guimard, la villa Coilliot n’est pas pensée qu’en
termes d’espace, mais comme un tout. De l’élancé général du projet au plus
infime détail comme les poignées de portes. Architecture extérieure et
intérieure se répondent. Les meubles, les objets et jusqu’à la lampe posée sur
la cheminée ne sont plus seulement des objets décoratifs. Ils amplifient
l’espace, ils dessinent une résonance, un univers fantasmagorique, échevelé… reconnaissable
entre tous.
Mais la singularité de la villa Coilliot ne tient pas seulement dans l’inspiration de son architecte. C’est aussi la prouesse technique d’ériger une telle maison sur une parcelle aussi étroite et surtout en biais. Hector Guimard va avoir recours à une astuce pour compenser l’asymétrie de la construction. Regardez bien : si le rez-de-chaussée est parfaitement aligné sur les autres habitations de la rue, le 1er et le second sont précédés d’une loggia et d’un balcon qui compensent visuellement la position en biais de la partie intérieure.
Découvrez l’intérieur grâce à ce reportage de l’Ina
https://nord-decouverte.fr/maison-coilliot-art-nouveau/