Encore une platja au bord de la
mar : c’est un quartier d’el Vendrell, à Sant Salvador, encore un lieu où
les pêcheurs retiraient leurs barques catalanes sur la plage. Pau Casals y fait
construire sa maison en 1909, il avait 33 ans. Une maison pas si grande, mais
entourée d’un jardin à la romaine, d’une grande galerie de sculptures,
surmontée d’un belvédère. J’imagine que le café-restaurant n’est pas d’époque,
ni la réception-boutique. Blanche, rehaussée de motifs bleus, un goût discret
et parfait.
Une seule chambre ; une
seule salle de bains ; une salle à manger, on dirait la maison conçue pour
une seule personne, pourtant à l’époque, celle des cinq années des premières
tournées internationales (1901-1905), le maestro vivait avec la violoncelliste
Guilherma Suggia ? Je me régale des peintures de paysages et les
signatures se suivent : Père Creixams Pico ; Domingo ; Joaquim
Mir ; Eliseu Meifren ; Ramon Casas ; Santiago Rusinol …
Deux pièces détonnent par leur
grandeur : le salon de musique, avec violoncelle et piano ; et la
salle de la Vigatà qui la jouxte : dans les années 30, Pau en achètera les
peintures, réalisées par Francesc Plà dit « El Vigatà », un peintre
catalan du XVIIèS Je retrouve Léda et son cygne, mais les autres allégories
sont moins lisibles, du moins pour moi.
Il conservera cette demeure comme
son point d’attache catalan, tout en vivant à Paris ; à New Rochelle dans Nova York où il épouse la soprano Susan
Metcalfe. En 1939, il part en exil à Prades de Confluent où il s’installe dans
la villa Colette avec Francesca Capdevila et la famille Alavedra. Je cite le
bouquin sur le festival de Prades : « Pourquoi
pas à New York, à Londres, à Paris, à Genève ? Rappelons de suite que
souvent, les impressions les plus fortes, les plus profondes, ont été reçues
dans certaines retraites. Or Prades est précisément l’un de ces coins de terre
retiré et béni. Cette région rappelle la Thessalie, et la chaine du Canigou
fait penser au Pinde, le séjour des Muses. Ce pays, d’un aspect si classique et
si doux, convient à Casals. Il s’y est réfugié, nous (ses amis) y sommes
venus ». Il y créera le
festival en 1950. En 1957, il rejoint Porto Rico, terre natale de sa mère, un
pays dont la beauté lui rappelle la Catalogne, y crée là encore un festival, et
se marie avec Marta Monsanez.
En 1961 il donne un concert à la
Maison Blanche, invité par le Président Kennedy, qui lui décerne la médaille de
la liberté, pour son action en faveur de la paix, au travers de son oratorio « el Pessèbre », (la crèche),
sur un poème de Joan Alavedra, toujours lui. Il compose l’hymne pour les
Nations Unies, et un auditorium permet de l’entendre et de voir le chœur en
1971.
« Je ne conçois pas la vie sans la musique », « no es pot separar la mùsica de la
vida » et la musique accompagne la visite. La musique est un langage
universel, qui transcende les frontières de la langue, de la politique et des
nations. Il ajoute : « Bach,
com la naturalesa, ès un miracle ! »
très émouvant d’être reçu chez Pau Casals !
Un autre discours prémonitoire
quand il affirme que la nation catalane dispose d’une constitution bien plus
ancienne que celle de l’Angleterre.
Comment conclure ? Nous
attendons sagement au restaurant voisin treize heures, en sirotant 3 copas de vino blanco. Frais, sec, le Sorbet Garnatxa Blanca est une petite
merveille. Nous poursuivrons de quelques plats typiques avec le même vin :
personne sur la platja ; personne sur la route, retour dans la paix,
l’harmonie et la beauté.
discours aux Nations Unies |
j'aime bien quand il s'adresse aux "dear lovers of beauty, dear lovers of peace" |
PS : cinq ans déjà !
https://babone5go2.blogspot.com/2015/08/vuelvo-ser-catalan-2.html
https://babone5go2.blogspot.com/2015/08/vuelvo-ser-catalan-2.html
écoutes le chant des oiseaux :
https://www.dailymotion.com/video/x1bfek
el Pessèbre :https://www.youtube.com/watch?v=hro8tXF4frs
je vous ai déjà raconté comment la visite se termine :