vendredi 22 juin 2018

Patrimoine et Rococo


Je reprends un article « Cher patrimoine » d'Anthony Palou dans sa rubrique « bien vu » du Figaro publié au début du mois : il plaisante un peu, tout en s’en félicitant, de l’initiative du Président confiant à Stéphane Bern le lancement d’un financement supplémentaire (du moins on l’espère ?) du Patrimoine grâce à un loto spécial. Les heureux gagnants recevront 1,5 millions d’Euros, pour un chiffre d’affaire estimé à 15 millions ! On voit que ce ne sont pas ces gagnants qui gagnent le plus : le billet coûtera 15 Euros, sur lesquels seuls 10% reviendront au Patrimoine : que de prélèvements publics …et privés puisque les buralistes préposés à la vente des billets toucheront leur part… ainsi que ceux qui toucheront les billets gagnants (on s’y perd dans tous ces gagnants mais c’est le principe même du loto). Bizarre d’avoir confié aux Américains l’impression des billets, on ne pouvait pas savoir à l’époque que Trump allait créer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, et qu’on allait rétorquer en taxant les Harley Davidson.


Voici la carte des 18 plus grosses opérations, sympathiquement réparties sur l’hexagone continental, les îles lointaines dont la Corse incluses. J’y trouve l’aqueduc romain du Gier qui alimentait Lyon, et qui ressemble un peu aux aqueducs parcourant la ville de Tarragone. Ouf, on n’oublie ni nos ascendances gallo-romaines, ni nos racines  chrétiennes avec le couvent de St-François à Pino, et tout le monde sera content. Nous, on a l’hôtel de Polignac à Condom.

Tarragonne : carrer de l'escultor Verderol

Ici il est question de patrimoine immobilier, d'architecture. Un autre domaine des Arts est bien plus simple à préserver, la peinture. La chaîne "Histoire" évoque la période baroque, par l’intermédiaire de Waldemar Januszczak : plein XVIIIè. Je voudrais vous montrer quelques exemples de Rococo, avec des noms aussi illustres que Watteau ; Boucher ; Fragonard ; Tiepolo et Gainsborough.

Voici le tableau de ce dernier, où il a peint ses deux filles : Mary et Margaret. Mary a été baptisée le 3 février 1750, et Margaret a été baptisée le 22 août 1751. Elles chassent les papillons, à la main, la sœur prête à assommer sa prise avec son foulard. Je zoome naturellement, et le grossissement permet d'identifier une piéride du chou, Pieris brassicae. Les taches noires désignent une femelle ! Le titre : « Gainsborough’s Daughters chasing a Butterfly ».




Second exemple : « Les Hasards heureux de l'escarpolette » est une scène galante peinte par Jean Honoré Fragonard entre 1767 et 1769.


La toile a été commandée d'abord à Gabriel-François Doyen par François-David Bollioud de Saint-Julien (1713-1788), baron d'Argental et receveur général du Clergé, en ces termes : « Je désirerais que vous peignissiez madame [en montrant sa maîtresse] sur une escarpolette qu'un évêque mettrait en branle ». J’imagine que chaque mot a été choisi avec soin pour faire mouche ? Choqué qu'on s'adresse à lui pour un tel sujet, Doyen orienta le commanditaire vers Fragonard. Ce côté anticlérical fit hésiter ce dernier, qui craignit d'éventuelles conséquences pour sa carrière et convainquit son client de remplacer l'évêque par un mari (cocu). « Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et mieux même si vous voulez égayer davantage votre tableau. ». Il faut tout regarder en détail, y compris le baron qui s’est placé pile dans l’axe (de la balançoire) et est donc le seul à pouvoir voir « mieux »  (ce qui ne saurait être vu par les profanes et deviendra plus tard le centre du monde).



Troisième tableau, celui de Boucher : comme la dame a ôté sa toilette XVIIIè, impossible de repérer l’époque rococo à ses vêtements d’époque : par contre, l’anatomie de cette personne me semble tout à fait contemporaine, ou plutôt elle est ... intemporelle !



je vous laisse vous faire votre propre opinion…

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ils valaient bien un Loto !