mardi 5 avril 2016

Champion d'Europe de planeur (1)

neuvième année  consécutive

c’est la fête à Robert

Nous avons ici un atout unique : les Pyrénées. Versant nord : la France ; versant Sud, l’Espagne plus chaude, normal, elle prend le soleil en plein toute la journée quand nous sommes à l’ombre : des courants d’air invisibles surfent comme des rouleaux au-dessus des cimes, formant comme des vagues. L’air dans ces conditions est agité de courants, ascensionnels ils montent vers le ciel. Au contraire, ils peuvent descendre brutalement comme un ascenseur dont le câble aurait cassé. Comme dans les vagues, l’eau peut fort bien déraper longitudinalement d’Est en Ouest. Pareil pour l’air. Savoir observer tout cela, alors que le commun des mortels n’y voit rien, est un art.

les Pyrénées depuis la station spatiale

Comme Hugo, mais il n’y a pas de rapport, Robert se nomme Prat. Piloter les gros avions à moteur  ne l’intéresse plus. Ce qui le passionne, c’est de partir le matin par beau temps, en planeur, vous ne risquez pas de l’inviter le midi : il est en l’air. Cela s'appelle : "le vol d'onde". Il repère les courants invisibles. Surfe dessus, avec le projet délibéré de ne pas descendre à terre où il faudrait aller le dépanner Dieu sait où dans les rocailles. Il décide de rejoindre mettons l’Atlantique. Plein Ouest. Coucou Biarritz. Demi-tour. Là il a toute la France à traverser. Direction (il n’a pas le choix) la Méditerranée. Au-dessus de Collioure, demi-tour inverse. Et quand il sera revenu au centre du Massif qu’il aura parcouru deux fois en douze heures…il reviendra à son point de départ, Saint-Gaudens, capitale des Pyrénées centrales.

L’exploit est d’autant plus étonnant, que Robert est suivi à la trace, par des radars, qui le pistent en permanence, et enregistrent son vol dans la coupe.net. Etonnant, tout est "tracé", heures, altitude, chemin suivi. Tous les planeurs suivent cette règle, et il est aisé de comparer les performances….revenu au sol.


Il arrive que Robert s’ennuie, de ces vols Est-Ouest. Alors il décide de filer à Madrid. Comme son planeur dispose de deux places, il emmène Hélène, à moins si l’on veut être précis qu’Hélène ne l’emmène, car elle pilote aussi ! Hélène vous avez deviné est sa femme, et ils sont tous deux fous de pilotage. Comme ils sont précautionneux, et qu’il arrive que le terrain où ils vont atterrir ne dispose pas d’avion-tracteur, susceptible de les remettre en l’air, ils se sont achetés à deux un fantastique engin (allemand), équipé d’un moteur escamotable. 





















Au décollage, le moteur se déplie de 90°, contact, montée à 1000 mètres, le moteur est replié dans la coque pour ne créer aucun frein intempestif, et vole la galère, zéro énergie, ils ont tout le temps devant eux, on verra bien quand ce sera…le retour à la maison. Quand cela les prend, ils peuvent aussi bien décider de filer plus loin encore, à Marrakech, où leur autonomie est encore plus précieuse, car s’ils atterrissent un dimanche, ils ne risquent pas là non plus de trouver sur place une infrastructure d’accueil et de remorquage.


Je leur ai demandé souvent (au début on n’ose pas évidemment) comment ils restent ainsi des dizaines d’heures, enfermés l’un derrière l’autre dans un cockpit finalement très petit : on est engoncé là-dedans, soit il fait chaud, car on prend le soleil directement sur le crâne dans la serre que forme la bulle. Soit à 10.000 mètres, on se gèle littéralement et il fait -10° dans le planeur. On s’habille comment : tenue d’été ? ou bien d’hiver ?


classement partiel le 3 nov 2015, il reste deux mois de vol
Michel Belaygue n'est pas mal non plus !


…et puis…

Je veux bien qu’on parte à jeûn, ni manger, surtout ni boire. Je veux bien qu’on ait emmené une bouteille d’eau, il faut bien se désaltérer ! Mais après, mettons deux heures (au sol il faudrait s’arrêter sur une aire d’autoroute, se détendre…enfin…vous voyez ce que je veux dire ?). Il y a des conséquences…collatérales…des contraintes... physiologiques…d’élimination…enfin, vous le voyez ce que je veux dire ?

Ils sourient. Ils ont leur truc. Ca fonctionne puisqu’ils restent des plombes en l’air !

Ils vivent leur passion merveilleusement

Champion d'Europe

niveau mondial

C’est la fête à Robert


Salle des mariages de Saint-Gau


la suite demain !


on reverra avec plaisir Robert et Hélène dans les précédents épisodes :