mardi 19 août 2014

Autobus : peinture finie !


Saïd pinxit


C’était il y a plusieurs mois déjà, je passe devant mon carrossier, rideaux baissés, il est fermé. Renseignements pris, le motif est grave : il est mort, à près de 90 ans, il souffrait tellement des pieds qu’il marchait en chaussons. Il n’avait jamais pu se résoudre à prendre sa retraite, sa vie, c’était son entreprise ! Je suis triste, je l’aimais bien, et il m’avait dépanné, me peignant trois voitures. Je trouve le téléphone privé du fils qui travaillait dans l’entreprise, et que je croyais le successeur : non seulement, fâché avec son frère, il ne reprend pas la suite, mais il a licencié tout le personnel, dont Saïd, le peintre. Je l’appelais docteur, car il régnait tel un chirurgien dans son laboratoire. Il savait apprêter les pièces en laiton avant de les peindre, domaine où j’ai de graves lacunes, ignorant où trouver les produits adéquats. Où habite Saïd, quel est son nom ? son téléphone ? Le fils n’en a aucune idée ! Drôle de solidarité dans l’entreprise ! Elle est fermée pour de bon ! Comment faire ?

Je demande à l’un ; je demande à l’autre : sur un sujet pareil, je ne me fais pas confiance, et souhaite faire appel aux professionnels : je ne les intéresse pas le moins du monde, ils n’ont pas le temps, ayant du (sans embaucher) faire face aux clients du défunt ! J’apprends que Saïd habite Labarthe Inard ! Je me rends au secrétariat de Mairie : bingo ! il s’est marié l’année dernière, et figure sur les listes électorales ! J’obtiens son adresse, m’y rends, glisse une carte dans la boite à lettres…et finis par le joindre au téléphone !



J’avais une intuition : je vois de loin la maison d’habitation. Une grande cour. Un camion. Un hangar. Un professionnel pareil a du recréer un atelier quasi pro, et reproduire à titre privé son ancienne activité ? Il peut peindre mes pièces me confirme-t-il. Il peut repeindre une voiture entière si nécessaire. OK !

Je lui donne mes pièces détachées le 8 juillet. Le boulot est ingrat : il faut tout dérouiller, mastiquer, nettoyer. Passer un apprêt. Faire fabriquer les teintes, car il n'a quand-même pas pu reconstituer le laboratoire entier. Peindre en deux couleurs, pas aisé de piger précisément que le pare-brise est vert en bas ; beige tropique en haut, du moins pour la face avant et les épaisseurs latérales : en effet, l’intérieur est beige de bas en haut ! Il faut rénover les côtés du toit dont l’araldite n’a pas pris. J’ai conscience de l’ampleur de la tâche, et du temps nécessaire.



Pas de nouvelles pendant juillet. Pas de nouvelles en août : je sais qu’il ne faut jamais brusquer un artiste, que Saïd est très pris, qu’il prend quelques jours de vacances, (pour calmer l'épouse) ; qu’il participe à un baptême…(tiens ?)...doit s’occuper de son beau-frère…et la communication n’est pas son fort ! Je reçois hier un coup de téléphone : il a (presque) terminé, rendez-vous ce matin à onze heures !

Je rentre avec les pièces, dont voici les premières photos, en vrac, pré-remontage. Je vais pouvoir m’y remettre, après tout ce temps. J’ai conscience que le projet a démarré…en mai 2013 ! Quinze mois…je n’ai jamais mis tant de temps… !

enfin, je reprends…!

J’en ai bien conscience, ma compétivité

n’est pas au top niveau, 

...d'autant que je suis exclu du Pacte de solidarité

qui va nous sauver… !

P.S : les fois précédentes :
je vous ai parlé de Saïd dans : http://babone5go2.blogspot.fr/2013/06/peinture-pro.html