samedi 12 juin 2021

Ferronerie d'art en Comminges

Il me faut installer la lanterna moresco : avec un mètre de haut sans compter les attaches, impossible de la pendre dedans, il faudrait la hauteur de plafond d'un Palais barcelonais ou encore vénitien ! Non, il la faut dehors ! ... mais si elle va dehors, il faut l'accrocher à quelque chose : cela s'appelle "une potence en fer forgé". Alors ? Où trouver une potence ? chez un ferronnier... qui aurait ça en stock ? 

L'avantage de la campagne, comparé à la ville où les commerces meurent et les artisans disparaissent, est qu'il reste une population susceptible de continuer à vivre à cause de charges moindres : les impôts locaux peuvent rester faibles, si les dépenses communales le sont aussi. Les dépenses du ménage sont amoindries, on peut disposer d'un potager, vivre d'échanges, et continuer une vie sociale forte, grâce au café Dupont dont je vous ai déjà parlé : on s'y réunit périodiquement, chacun joue de son instrument de musique. On y boit des cocktails de rhums, on raconte des histoires, la vie sociale reste dense.

Et si l'on a besoin d'un ferronnier, il n'est pas forcément dans l'annuaire !

C'est donc par le "bouche à oreille" que je trouve André, plutôt c'est lui qui vient me chercher perdu sur les départementales du Comminges, parfait pour Natura 2000, mais le GPS moderne n'ayant pas l'adresse, ne risque pas de trouver. Et se faire guider par le téléphone serait facile... s'il existait un réseau téléphonique !



L'atelier est immense. Des machines comme avant, un tour, des perceuses, un marteau-pilon pilonne les pointes de fer destinées aux grilles d'un voisin qui refuse qu'un quidam passe par dessus ! Et quand je lui explique qu'il me faut une potence, André va en chercher une toute rouillée (le pied car il y a une patine) parmi les cinq ou six qui sont rangées contre un mur.

Quand je lui explique que c'est pour une lanterne vénitienne décorée de feuilles, il va me chercher une feuille parmi le tas de feuilles qui attendent de décorer une potence, ou toute autre grille classique, qui imiterait les grilles dorées de Versailles. Et quand je lui demande si on peut installer une feuille sur la potence, André me dit qu'il va la riveter, mais qu'il va la dorer avant si cela me ferait plaisir.

évidemment que ça me fait plaisir !



Alors en rentrant ma peintre préférée me demande si l'on doit peindre la potence rouillée, car le noir s'accorderait mieux avec le noir de la lampe. Bien sûr que ce sera assorti, tellement que la potence aura un air d'origine, comme si elle arrivait de Venise... d'ailleurs elle en vient !

Reste à l'accrocher à 3 mètres de haut, pour qu'un Grand visiteur qui serait grand passe dessous sans accrocher les pampilles. Il va falloir sortir la grande échelle, et percer huit trous sans tomber de l'échelle. La vie est à ce point dangereuse en campagne : habitants des métropoles, restez chez vous !






En attendant, André m'a fait lire la revue FEVRES, 

la revue d'art des ferronniers

ce sont tous des pros dans leur domaine

comme ceux qui restaurent les saints de cuivre démontés du toit de Notre Dame

et les derniers à me rajouter une feuille d'or sur ma potence vieillie