Nous retrouvons James Tissot, mais je ne vous parle plus de la Bible ! Le musée d'Orsay le qualifie "d'ambigu" vous allez comprendre pourquoi ! Comme pour beaucoup de peintres, ce sont les femmes que Tissot met en
scène dans les bals et autres festivités du Paris du Second Empire, mais aussi
dans leur solitude, faisant preuve pour l’époque d’un étonnant intérêt pour la
condition féminine (La demoiselle de magasin, Art Gallery of Ontario, Toronto,
Canada, actuellement exposée au Musée d’Orsay dans le cadre de Splendeurs et
misères. Images de la prostitution). Véritable dandy, le peintre fréquente des
artistes comme Degas, Whistler ou Manet et se fait construire un hôtel
particulier avenue Foch, où il fait admirer sa collection d’objets japonais
(Jeunes femmes regardant des objets japonais, 1869).
La guerre franco-prussienne et la
Commune vont avoir une influence décisive sur sa carrière. Comme d’autres
artistes, peut-être pour ses sympathies politiques, Tissot choisit de
s’installer à Londres en 1871. Disposant d’un réseau déjà établi sur place, il
connaît un succès rapide avec des sujets sur la vie contemporaine londonienne,
notamment avec une série de peintures autour de la Tamise (Le Pont du HMS
Calcutta, vers 1876, Londres, Tate ou Portsmouth Dockyard, 1877, Londres,
Tate). Il n’hésite pas à représenter les rapports de classes et de genres dans
ses peintures et décrit les comportements sociaux des Britanniques lors de
fêtes, bals et concerts, sur le modèle de ses amis impressionnistes. Ses
eaux-fortes, comme une série autour du roman des Goncourt Renée Mauperin,
permettent une large diffusion de son travail en Angleterre.
Je viens de le citer, voici le célèbre : "La Galerie du HMS Calcutta
(Portsmouth)" un tableau réalisé par le peintre vers
1876. Je vous rappelle que HMS signifie Her Majesty Ship ! Cette huile sur toile représente deux femmes et un jeune gradé sur la
galerie d'un bateau-école de la Royal Navy amarré à Portsmouth, le HMS
Calcutta. Elle est conservée à la Tate, à Londres.
On voit bien à l'époque la fascination qu'exercent sur les femmes les uniformes ! On comprend que de nos jours, les pompiers ont été parmi les seuls à hériter de ce pouvoir lors des bals du 14 juillet ! James trouve aussi outre-Manche sa
principale source d’inspiration, celle qui sera sa compagne (et son modèle) pendant sept années d’intense création, l’Irlandaise Kathleen Newton, jeune
divorcée et mère de deux enfants. A la mort de cette dernière, des suites d’une
tuberculose, en 1882, James Tissot retourne vivre à Paris où il entame une
série de peintures sur les femmes (La plus belle femme de Paris, 1883-1885,
Huile sur toile, Genève, Musée d’art et d’histoire, cat. 60), mais n’obtient
pas le succès espéré. Traversant une grave crise, il retourne à des sujets
religieux, comme la Parabole du Fils prodige (Nantes, Musée des Beaux-Arts) et
c'est là qu'il effectue un pèlerinage en Palestine où il trouvera l'inspiration pour les scènes bibliques que je vous ai présentées hier. C’est dans le château familial de
Buillon dans le Doubs où il s’était retiré qu’il meurt en 1902. Je vous le montrerai demain.
Un peintre d’une grande sensibilité, au style unique qui voulait être :
« le fils prodigue par excellence,
le peintre des amours perdues
et des
histoires impossibles ».
demain un troisième billet ...!
... nous terminerons par Buillon !
... nous terminerons par Buillon !