Je commence par une ville peu connue, sauf localement, Lion sur mer, avec la villa Louis.
La villa Louis, située à
Lion-sur-Mer, 4 rue Joseph-Pasquet, dans le département du Calvados, est donc une
œuvre de Jean-Alexandre Navarre et
constitue un témoignage du style balnéaire de la côte de Nacre.
À l'origine, c’est un
établissement de jeux et de musique qui ne comprend qu'un rez-de-chaussée et un
étage mansardé construit en 1864, puis modifié en 1903 par l'ajout du premier
étage qui en fait une villa d'habitation.
cette carte postale montre le balcon intact. On devine les pilastres et la rampe en céramique, ainsi que la rangée de coquilles St Jacques dessous |
le quartier est constitué d'adorables villas de la même époque |
Pierre-Joseph Pasquet, le
commanditaire, est à l'origine de la première construction puis de sa
transformation en villa où il s'installe avec son épouse Élisa Auber, fille du
compositeur Daniel-François-Esprit Auber. L'architecte Jean-Alexandre
Navarre réalise le premier étage de style art nouveau qui se démarque par
l'emploi de briques apparentes et par une loggia côté mer. Les deux façades
sont ornées d'importants ensembles du céramiste Alexandre Bigot, un
artiste incontournable de l’Art nouveau, dont je vous ai montré les réalisations dans la villa Majorelle. D’autres existent toujours à Paris, et présentent des
décors des façades largement inspirés de la faune et de la flore marine :
il y a des coquilles St Jacques ; des tourteaux (que sur la côte normande,
on dévore comme nous les homards) ; puis des pieuvres, des poissons du coin, pour
tout dire, c’est cette déco qui fait l’attrait de la villa.
Les extérieurs et certaines parties des aménagements
intérieurs (escalier en pitch-pin, cheminées) sont inscrits depuis 1998 à
l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Après la Seconde Guerre mondiale,
la villa est exploitée comme pension de famille sous le nom de Castel Louis.
Aujourd’hui, les jeunes propriétaires ont disposé à l’intérieur le résultat de
leurs chines, et louent quatre chambres marquées par leurs couleurs
différentes, qui ravissent les estivants, notamment Américains, venant
villégiaturer en visitant les plages du débarquement : toutes ces trouvailles dans les vide-greniers alentour les fascinent, nous Français qui sommes accoutumés relativisons, il y a plus prestigieux à la villa Majorelle !
Le must de la déco était le
balcon sur mer, dont la rampe cuite par Alexandre Bigot ressemblait à celle de la villa
Majorelle. Malheureusement, le balcon est aujourd’hui en triste état, fermé
seulement par des poutres en bois, et mérite de gros travaux de restauration.
Où de nos jours trouver un artisan capable de reprendre les créations de Bigot,
à part Cazaux à Biarritz, je ne vois pas ? Bigot était chimiste, cela ne s'invente pas aisément ! Je me permets de signaler le lien au propriétaire :
j'ai compté : il faut 27 pilastres en grès comme ceux-là |
par-dessus vient la rambarde à reconstituer |
couleurs sable, algues, mer, une composition magnifique |
la façade côté rue avec sa rangée de St Jacques |
C'est là que l'on prend conscience de la difficulté d'être l'heureux propriétaire d'un patrimoine ancien, soumis aux embruns, quand il faut de sa poche financer de lourds travaux contrôlés par l'Architecte des Bâtiments de France ! Je lui souhaite bonne chance, et l'appui de notre aimé Stéphane Bern !
demain je vous emmène à Hermenville-sur-mer
voir la villa Bluette de Guimard
merci à "des racines et des ailes"
je vous conseille de vous changer les idées en louant l'une des quatre chambres
dès que ce soir, Edouard Philippe libère l'acte 2 du déconfinement !
dès que ce soir, Edouard Philippe libère l'acte 2 du déconfinement !